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FECOFA : la participation à la Linafoot (Ligue I et II) conditionnée par l’enregistrement des joueurs à « Fifa Connect »

Dans une correspondance de la Fédération Congolaise de Football Association ( Fecofa) adressée au président de la Ligue Nationale de Football( Linafoot), l’organe faitière du football congolais, fait savoir à cette ligue que la FIFA a lancé un vaste projet d’enregistrement de tous les joueurs, de numérisation des transferts pour fluidifier le trafic des joueurs et Ia gestion digitale des championnats d’élite avec comme point d’achèvement, la constitution d’une base des
données mondiale pour la traçabilité de toutes les opérations liées au transfert des joueurs.
La FECOFA signale que ce projet dénommé « FIFA CONNECT » rentre
dans le cadre du plus grand programme de développement dans le sport moderne, «FIFA FORWARD» qui se base, selon la FIFA, sur 3 éléments essentiels à savoir :
plus d’investissement ; d’impact
et plus de supervision.
En tant qu’Association nationale affiliée à la FIFA, la Fédération Congolaise de Football Association (FECOFA) s’est dit d’être naturellement éligible à ce
programme Forward et a depuis un certain temps tracé les bases de cette mutation en Iançant une plateforme domestique d’enregistrement des joueurs évoluant aux différents
championnats en RDC. Cela, indique-t-on, a renforcé les compétences de la FECOFA en la matière pour enfin mutualiser avec « FIFA Connect ».
Sur ce, une plateforme d’enregistrement en ligne a été créé qui permettra à la Fédération et aux ligues provinciales d’enregistrer les club et officiels au niveau national dans sa première phase.
Et la deuxième phase consistera à la mise en place des modules de gestion des compétitions domestiques et la numérisation des rapports de matches.
La FECOFA signifie à la LINAFOOT que les clubs engagés en Ligue 1 et Ligue 2 puissent enregistrer leurs sociétaires sur cette plateforme afin de se conformer à cette nouvelle orientation de la Fifa. Ainsi, il est dit qu’en sus des conditions requises connues pour la participation aux championnats de la LINAFOOT, cette conditionnalité d’enregistrement à FIFA Connect devient exigible aux joueurs des clubs devant évoluer
en Ligue 1 et Ligue 2.
Rappelons-le au mois de septembre 2019, grâce au nouveau secrétaire général adjoint de la FECOFA, Rainier-Patrice Mangenda Suku Swa, chargé de l’Administration, des réformes et développement, la FECOFA a fait appel à un ingénieur tunisien, Aloui Ouissem, pour enseigner les secrétaires généraux des équipes de la Ligue I et II sur la façon d’enregistrer les joueurs sur le système informatique.
Un échantillon de secrétaires généraux était dans la salle pour apprendre ce système face à l’ancienne pratique qui obligeait les secrétaires de se déplacer jusqu’à la fédération pour enregistrer les joueurs. « Cette pratique va bientôt disparaître », fait-on noter.
Il convient de souligner que quelques clubs, notamment, Mazembe, Lupopo, Vita et DCMP avaient d’ores et déjà enregistré leurs joueurs.
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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À la Une
Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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