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Fayulu indigné des morts « suspectes » devenues monnaies courantes et banales en RDC
Martin Fayulu, candidat malheureux aux élections du décembre 2018, a dans un message écrit ce 30 mai 2020 déploré la manière dont la RDC enregistre des décès suspects qui interviennent presque chaque jours en Ituri, Beni, Sud-Kivu, Tanganyika ainsi que le décès du juge président du dossier dit « 100 jours », Raphaël Yanyi Ovungu.
Martin Fayulu estime que ces décès qui sont devenus monnaies courantes du fait de l’absence de l’État qui, parfois, fait des enquêtes diligentées à la hate et ne parviennent pas à les élucider.
« Je suis indigné des morts suspectes qui sont devenues monnaies courantes et banales dans notre pays et que des semblants d’enquêtes, souvent diligentées à la hate, ne parviennent pas à élucider. Ces décès qui s’ajoutent aux carnages qui interviennent chaque jour en Ituri, à Beni, dans le Sud-Kivu, au Tanganyika et ailleurs dans le pays du fait de l’absence de l’État. La vie humaine est désacralisée, souvent dans l’indifférence la plus totale. Indignons-nous », a-t-il écrit.
Celui qu’on appelle, « l’homme de vérité des urnes » exige des enquêtes les plus transparentes dans tous les dossiers y compris ceux concernant le juge Raphaël Yanyi, président du tribunal de grande instance qui était en charge du procès dit » des 100 jours « , faute de quoi un climat de psychose, sans doute voulu, risque de s’installer dans le pays.
Pour Fayulu, la pandémie de Covid-19 est gérée de manière hasardeuse et les multiples tâtonnements et les couacs communicationnels observés dans la riposte alimentent les rumeurs conspirationnistes les plus dangereuses et créent une atmosphère de laxisme vis-à-vis d’une menace qui devrait pourtant être prise au sérieux.
Devant ce bilan , Martin Fayulu compatit avec la famille de Raphaël Yanyi, de l’armée congolaise et tous ceux qui ont perdu un proche suite au coronavirus.
Pour terminer son message, le président de l’ECIDE salue les actions engagées par les mouvements citoyens et la société civile dans les campagnes des préventions contre la Covid-19. Il réitère également son appel de voir le processus pour l’éclatement de la vérité sur les détournements présumés aboutir sur des sanctions exemplaires et sur la récupération des sommes volets.
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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Guerre du M23/Rwanda : Des milliers de personnes fuient les combats en direction de Goma et au-delà
Les violents affrontements autour de la localité de Sake, dans l’est de la RDC, qui opposent l’armée congolaise, appuyée par ses alliés locaux, et le M23, soutenu par le Rwanda, poussent des milliers d’habitants de la région à fuir les combats. Si la plupart vont chercher refuge à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu situé à seulement une vingtaine de kilomètres de là, d’autres préfèrent aller au-delà et franchir la frontière avec le Rwanda. Reportage.
À Goma, en RDC, l’angoisse est palpable sur la route principale qui relie les quartiers de Ndosho et de Katindo. Des colonnes de déplacés circulent à pied, à moto ou en bus en direction du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Désespérées, Alice et Kanyere racontent leur calvaire. « Il y a de nombreuses détonations et des avions qui bombardent là d’où nous venons. Il y a aussi beaucoup de militaires sur la route. Tout le monde s’enfuit ! », confie la première. « Beaucoup de bombes explosent et les balles sifflent. Nous avons dû quitter les huttes de notre camp, témoigne la seconde, dépitée, avant de poursuivre : je n’ai pas de famille à Goma. Il faut que le gouvernement termine la guerre ! »
Âgé d’une trentaine d’années, Haguma Banga marche, lui, avec un matelas sur la tête. Après avoir fui Sake, il est toujours sans nouvelle de sa famille. « Je ne sais pas où sont ma femme et mes cinq enfants. Ce serait un miracle de les retrouver », se désole-t-il.
A l’hôpital CBCA Ndosho, le personnel soignant s’active pour recevoir les blessés qui affluent également en masse, comme Mariam Kashindi, 22 ans, qui a quitté Sake en urgence après avoir reçu un éclat d’obus dans le bras. « Nous avions commencé à fuir, nous étions devant le marché de Mubambiro quand ma fille a été touchée par une bombe dont les éclats m’ont atteint, raconte-t-elle avant de poursuivre : nous fuyons le M23. J’ai trois enfants. L’un a été blessé, quant à l’autre, je ne sais pas où il est ».
« Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup »
Un peu plus loin, Neema Jeannette pleure allongée sur un lit. Elle a été touchée par une explosion alors qu’elle se trouvait avec un groupe d’amies. « Une bombe est tombée sur nous. Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup. Moi, je suis la seule survivante. Je remercie le CICR de m’avoir prise en charge à l’hôpital », sanglote-t-elle.
Cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Nord-Kivu, Miriam Favier explique que l’établissement a été contraint d’activer ses quatre blocs opératoires en raison de l’afflux de blessés. « Depuis ce matin, plus de 70 patients sont déjà arrivés et ce n’est pas fini. C’est assez inquiétant », déplore-t-elle.
Si, à Goma, les autorités militaires comme la société civile appellent au calme, des écoles et plusieurs boutiques ont toutefois fermé leurs portes, tout comme l’Institut français, qui a décidé de suspendre temporairement ses activités. Les billets de tous les spectacles annulés seront intégralement remboursés, explique la structure dans un communiqué.
« Même ici, on vient d’entendre un obus tomber »
Anticipant une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire, certains habitants ont, quant à eux, décidé de prendre les devants et sont passés au Rwanda voisin, où ils ont trouvé refuge dans la ville frontalière de Rubavu pour la plupart. « Mon mari habite ici, il m’a dit de le rejoindre pour fuir la panique qui s’empare de la ville de Goma », déclare ainsi Amina, une valise à la main et accompagnée de ses deux enfants.
Innocent, lui, a trouvé une chambre dans un hôtel. « Il y avait foule au niveau de la douane, c’était plein à craquer, rapporte-t-il. Alors, quand on a des enfants en bas âge, on ne va pas attendre la dernière minute pour partir, car on ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer, on n’est pas sur la ligne de front. Même ici, on vient d’entendre un obus tomber, alors imaginez : quand on est à Goma, c’est comme si l’explosion avait lieu dans la parcelle d’à côté. Voilà pourquoi on a décidé de partir » poursuit celui-ci.
Comme beaucoup d’autres habitants du chef-lieu du Nord-Kivu, Innocent prévoit de rester à Rubavu, le temps de voir comment évolue la situation, avec l’espoir de pouvoir rentrer chez lui le plus rapidement possible.
RFI
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