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Bourses Excellentia : La Fondation Lona prime 79 lauréats et recentre son action sur l’éducation
La Fondation Lona, anciennement Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi, a remis officiellement les bourses Excellentia 2024-2025 à 79 lauréats de l’Examen d’État. L’événement, organisé en présence du Chef de l’État et de la Première Dame, a marqué un tournant stratégique : désormais, la Fondation concentrera ses efforts sur un seul axe prioritaire : l’éducation.

La cérémonie s’est tenue à l’amphithéâtre du Centre culturel et artistique pour les pays d’Afrique centrale (CCPAC) à Kinshasa, réunissant autorités politiques, responsables éducatifs et partenaires.
Créé il y a six ans, le programme Excellentia accompagne les meilleurs diplômés de l’Examen d’État dans la poursuite de leurs études universitaires, en RDC ou à l’étranger. Pour y accéder, les candidats doivent obtenir au moins 85 % à l’Exetat et réussir un test de sélection avec un minimum de 70 %.

Cette sixième édition distingue 79 lauréats nationaux, auxquels s’ajoutent 64 bénéficiaires d’Excellentia Lualaba Bora et 63 d’Excellentia Watanshi, issus de partenariats provinciaux. À ce jour, plus de 278 boursiers poursuivent leurs études dans les universités congolaises et 113 à l’international, notamment en France, au Maroc et aux États-Unis.
Un nouveau nom, la même vision

La Fondation a adopté le nom Lona, mot lingala signifiant semer, pour symboliser sa mission : investir dans l’éducation afin de préparer l’élite de demain.
« Osons l’excellence, façonnons l’élite de demain », a déclaré la Première Dame, Denise Nyakeru, présidente de la Fondation, rappelant que ce programme est à la fois un tremplin académique et un soutien concret aux familles.
Témoignages et reconnaissance
Ancienne boursière de la première édition, Cyntiche Mukonka a partagé son expérience : « J’ai appris à me dépasser, à affronter les défis, loin de ma patrie. Aujourd’hui, je reviens avec des compétences et la volonté claire de servir ma nation. »
Deux établissements, le Complexe scolaire Les Loupiots et le Lycée Kabambare, ont également été primés pour le nombre élevé de lauréats qu’ils ont présentés cette année.

En marge de la cérémonie, les nouveaux boursiers ont visité le Mémorial du Genocost à Kinshasa, pour ancrer en eux la mémoire des atrocités passées et renforcer leur sens du patriotisme.
« Le Genocost doit être entendu. Le Genocost doit être enseigné », a insisté le Président Félix Tshisekedi.

Avec cette nouvelle étape, la Fondation Lona réaffirme son ambition : semer les graines de l’excellence au sein de la jeunesse congolaise et former une élite capable de relever les défis du pays.
Dorcas Mwavita/Congoprofond.net
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Kisangani : Quand les victimes de la guerre de 6 jours se rebellent contre la corruption au FRIVAO
Un quart de siècle après le drame, les survivants handicapés refusent le silence et interpellent l’État sur la justice qui leur échappe encore._
Sous le soleil pesant de la Tshopo, ce week-end, ils sont venus, béquilles et cicatrices en avant, porter une même plainte, celle de la dignité bafouée. Les victimes de la guerre de 6 jours, ce conflit sanglant de juin 2000 qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise au cœur de Kisangani, ne demandent plus la pitié. Elles réclament des comptes.

Devant le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, un groupe de survivants a brisé le silence. Ces hommes et femmes, marqués à vie par la guerre, dénoncent aujourd’hui un nouveau fléau : la corruption au sein du Fonds pour la Réparation et l’Indemnisation des Victimes de l’Agression Ougandaise (FRIVAO). « Nous sommes venus voir le ministre pour lui montrer une situation indécente qui se passe ici à la Tshopo », confie Moïse Ndawele, amputé de la jambe droite depuis cette guerre.
« Les agents du FRIVAO nous réclament 500 dollars américains pour être enregistrés sur les listes d’indemnisation. Et si tu n’as pas cet argent, ils te proposent d’y figurer en échange de la moitié de ton indemnité. »
Un témoignage glaçant, partagé par de nombreuses autres victimes.
Ces pratiques présumées ternissent le visage d’un programme censé incarner la justice réparatrice voulue par l’État congolais. Pour ceux qui ont tout perdu, l’attente d’une compensation tourne à la désillusion, voire à l’humiliation.
Face à la gravité des faits rapportés, le ministre Guillaume Ngefa a promis d’agir. Selon les plaignants, il aurait assuré qu’il portera le dossier au Conseil des ministres et qu’il s’engage à « remettre de l’ordre » dans cette affaire. Une promesse saluée avec prudence par les victimes, qui redoutent que le dossier ne s’enlise dans les méandres administratifs, comme tant d’autres avant lui.
Mais à Kisangani, l’heure n’est plus à la résignation.
Les survivants de la guerre de 6 jours, dont beaucoup vivent aujourd’hui dans la pauvreté et l’oubli, veulent croire que leur combat pour la reconnaissance et la justice trouvera enfin un écho réel au sommet de l’État. « Nous ne voulons pas de faveur, seulement la justice. Nous avons assez attendu », lance l’un d’eux, le regard ferme.
À travers leur voix s’exprime toute une génération de Congolais meurtris, témoins d’un passé sanglant mais toujours debout, décidés à ne plus être les oubliés de l’histoire.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
