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ASBL <<Écrivains Congolais>>: « la RDC a besoin de sa littérature… » Hervé Bia ( écrivain)

C’est ce jeudi 26 novembre qu’a vu le jour une nouvelle association sans but lucratif dénommée « ÉCRIVAINS DU CONGO ». Le musée national de la RDC, dans la commune de Lingwala, a servi de cadre à la cérémonie de sortie officielle.
Selon Hervé Bia, écrivain et président de « Ecrivains du Congo », son but est de mettre en valeur la littérature congolaise. C’est aussi une manière de se prendre en charge. «Nous avons décidé de ne plus nous contenter des plaintes, justifiées ou non, nous avons décidé que ce pays a besoin de sa littérature, pour être racontée à lui-même. Nous avons décidé que ce pays a besoin de nous, de nos plumes graciles, tremblotantes, nous avons décidé, non pas d’écrire, parce que ce pays écrit depuis les temps ancestraux, non pas de raconter, parce que ce pays est un conte infini qui porte avec lui la trame des fils invisibles qui nous relient à ce que nous sommes, ce que nous ne sommes et ce que nous devenons sans rien contrôler, nous avons décidé d’exister, de faire exister la littérature de ce pays, littérature au milieu de la cité, dans le cœur de ce pays, parce que ce pays a besoin de sa littérature... », a-t-il lancé devant plusieurs personnalités culturelles et politiques présentes lors de cette grande cérémonie.
Président pour un mandat de trois ans non renouvelable, Hervé Michel Bia a aussi expliqué à CONGOPROFOND.NET que cette initiative n’est pas à lui seul mais plutôt une œuvre collective. « Nous disons à la société que la littérature du Congo existe et nous voulons ériger notre monument au cœur de cette société pour que plus rien ne se passe ici sans la littérature. Nous allons mettre notre énergie à être présent, à exister et à faire prospérer la littérature ».
Pour son mandat, il a promis que des actions rien que les actions et pas de plaintes.
Julio Badienzila Mulamba, avocat, écrivain et membre de l’administration de cette asbl, présent à la cérémonie, n’a pas caché sa joie. « L’idée était de créer une plateforme fédératrice qui va réunir tout le monde et surtout va exister sur terrain pour récupérer les talents qui disparaissent, faute d’encadrement. Aujourd’hui c’est un motif de joie pour nous », s’est-il réjoui.
Abordant dans le même ordre d’idée, Glodi Bamenga qui, lui aussi, est très jeune écrivain, n’a pas manqué d’afficher sa joie quant à ce. « C’est un soulagement pour moi et pour les autres quand on voit que, dès aujourd’hui, nous serons encadrés professionnellement par cette nouvelle structure. On sait que d’autres ont existé et et existent mais on sent de la particularité dans celle-ci et nous en tant qu’écrivains nous allons jouer notre partition. »
Il est à noter que cette ASBL a un site internet qui permettra aux jeunes écrivains congolais de s’informer sur les contours de leur passion.
Petit Ben Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Kinshasa perd une plume d’or : Sénado alias « Général Bowane » s’en est allé

Kinshasa pleure l’un de ses enfants prodiges. Sénado Mananasi, connu encore sous le nom de « Général Bowane », s’est éteint, emportant avec lui un pan discret mais fondamental de l’histoire musicale congolaise. Auteur, compositeur, parolier de l’ombre, il était pourtant la source lumineuse derrière des tubes devenus cultes dans les années 80 et 90.
Natif de Kingasani, dans le district populaire de la Tshangu, Sénado a été bercé dès l’enfance par l’effervescence musicale de Kinshasa. Vers le milieu des années 1980, il entre dans les orchestres Balafon et Select Musica de Malembe Chant, où sa voix suave et son sens inné de la mélodie le rendent vite incontournable.
Mais c’est surtout par la plume que le Général Bowane se distingue. Il signe en effet « Sai Sai », chanson mythique interprétée par Papa Wemba, devenue un succès planétaire. Un titre qui a traversé les frontières du Congo pour résonner jusqu’en Europe et dans les diasporas africaines. Peu savent que derrière cette pépite, se cachait ce parolier modeste, attaché à sa Tshangu natale.
Sénado a également prêté son talent à de nombreuses formations musicales de Kinshasa. Plusieurs chansons interprétées par le clan Wenge Musica portent sa signature, preuve de son ancrage profond dans la sève artistique qui a nourri une génération entière. Les archives officieuses de la musique congolaise regorgent de ces refrains populaires dont il fut l’architecte discret.
Par ailleurs, il était le grand frère de Chai Ngenge, ancien membre éminent du groupe Wenge BCBG de JB Mpiana. Une fratrie musicale donc, dont l’influence s’étend sur plusieurs décennies de rumba, de ndombolo et de toutes les hybridations qui ont fait la renommée du « son kinois ».
L’annonce de sa mort a suscité une vive émotion parmi les mélomanes, les artistes, et ceux qui, dans l’ombre comme lui, œuvrent à l’immortalité de la culture congolaise. Les hommages affluent, mais nombreux sont ceux qui regrettent que Sénado n’ait jamais reçu de reconnaissance à la mesure de son apport. Comme tant d’autres génies silencieux de la scène congolaise, il s’en va sans disques d’or, mais avec l’or des cœurs.
Son parcours rappelle cruellement combien la mémoire musicale congolaise est souvent injuste avec ses bâtisseurs. Le Général Bowane n’était pas une figure de paille : il était un passeur d’émotion, un faiseur de classiques, un pilier invisible d’une époque d’or.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET