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Approche et critères de sélection des candidats mandataires de l’Etat par Félix TSHISEKEDI ( Par Jean-Claude Mukanya Cibumba, DEA, MBA , Administrateur Agréé Consultant en planification stratégique)
Il n’est un secret pour personne que les membres du comité de suivi de la coalition politique CACH-FCC ont repris, depuis quelques jours, les négociations autour du partage des responsabilités au sein des entreprises du Portefeuille de l’Etat.
Est-ce qu’une autre heure du partage du gâteau a sonné ? Cette question d’intérêt capital ne peut laisser indifférents, les compatriotes soucieux de voir le changement réel intervenir dans l’approche de désignation des mandataires de l’Etat.
Mise en contexte
Il est bien regrettable de constater que le critère d’appartenance à un parti politique constitue, encore de nos jours, l’élément dominant dans le choix des dirigeants des entreprises, établissements et services publics. Pourtant, les cooptations ainsi pratiquées n’ont jamais rien apporté de positif au secteur public.
Après la mise en place du gouvernement composé des membres issus notamment des plateformes politiques CACH et FCC, le moment arrive à grands pas où l’opinion nationale et internationale pourrait être amenée à observer, la capacité réelle du Chef de l’Etat, Félix TSHISEKEDI, à respecter son engagement pris lors de son discours d’investiture prononcé devant le peuple le 24 janvier 2019, et réitéré lors de son discours sur l’état de la nation devant les deux Chambres du Parlement réunies en congrès le 13 décembre 2019. Pour rappel, il s’agit, en substance, de l’engagement de gouverner autrement pour répondre aux attentes de la population longtemps exaspérée, et ce, en vertu de l’obligation des résultats qui lui incombe depuis son accession à la magistrature suprême.
Jean-Claude Mukanya Cibumba, DEA, MBA , Administrateur Agréé Consultant en planification stratégique
Point n’est besoin de souligner que le partage des responsabilités en République Démocratique du Congo (RDC), soulève toujours des préoccupations qui doivent mériter l’attention particulière de la classe politique, en particulier du Président Félix TSHISEKEDI, porteur d’espoir de cette nouvelle ère de changement en RDC.
Tout compte fait, le Chef de l’Etat se trouve devant un dilemme, quant à la nomination des mandataires de l’Etat. Ce dilemme consiste en ce qui suit :
-d’une part, va-t-il céder à la pression de la politisation de la gouvernance des entreprises publiques tant décriée dans notre pays pour satisfaire les intérêts égoïstes, non patriotiques, d’un petit groupe d’individus au détriment de plus de 80 millions de congolais, pour finir par tomber dans le même piège, de considérer les entreprises, établissements et services publics comme des vaches à lait pour les acteurs politiques ?
Ou d’autre part,
-va-t-il respecter son engagement de gouverner autrement en apportant une innovation dans le mode de désignation des dirigeants des entreprises de l’Etat, par l’instauration d’un style de gouvernance de l’Etat basé sur la transparence et la méritocratie ?
En observant les tractations politiques en cours, et au regard de la récente expérience de la mise en place du Gouvernement de la République, les mêmes méthodes persistent et le désespoir pourrait s’installer dans les cœurs des Congolais.
Qu’à cela ne tienne, il est de notre devoir patriotique de conseiller au Chef de l’Etat, de rectifier le mode de désignation des mandataires de l’Etat en cette année dite de « l’action ». Relever la qualité de gestion et de fonctionnement des entreprises publiques est un défi majeur pour la RDC. Ce défi n’est pas celui du Président Félix TSHISEKEDI seul, il concerne par contre tous les Congolais soucieux d’un avenir radieux pour la RDC.
Le changement politique intervenu en RDC à l’issue de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 a ouvert une excellente fenêtre d’opportunité pour que les Congolais se ressaisissent, et fassent un choix pour engager le pays sur la voie de la transformation socio-économique profitable à tous, peu importe la tribu, la province d’origine, ou l’appartenance politique.
Approche de sélection
Avec l’avènement de Son Excellence Monsieur Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO, la gouvernance des sociétés d’Etat, établissements et services publics, devrait refléter la rupture avec les méthodes et pratiques de cooptations et conciliabules politiques qui ont élu domicile depuis des décennies en RDC. Cette gouvernance passe avant tout par le changement du mode de sélection des candidats, car les entreprises publiques sont des institutions de politique économique qui doivent être pilotées par des personnes dont les profils répondent aux critères de méritocratie et de compétence. Ainsi, pour éviter de répéter les erreurs du passé, le Chef de l’Etat devrait envisager un mécanisme de sélection efficace et sans complaisance de choix des mandataires de l’Etat.
Pour ce faire, le Président Félix TSHISEKEDI peut recourir aux services d’une structure indépendante, chargée de procéder à la présélection des candidats selon les différents secteurs d’activités des entreprises et services publics, et à l’organisation des entrevues formelles de sélection avec les candidats aux postes de Président du Conseil d’Administration, Directeur Général et Directeur Général Adjoint. Le Chef de l’Etat devrait s’assurer que les choix sont opérés sur des personnes qui incarnent sa vision de lutte contre la corruption et qui vont apporter une plus-value aux entreprises en termes de réalisation des performances attendues, plutôt que sur des individus qui viendraient élargir davantage les plages des malheurs de celles-ci. Il est temps de mettre fin à un système de gouvernance basé sur des décisions managériales inappropriées des gestionnaires, qui navigueraient à vue, faute de tableaux de bord de gestion et de plans de développement stratégique des activités sous leurs mandats.
Dans le contexte actuel, il va de soi que le travail du comité de suivi de l’accord de coalition FCC-CACH sur la désignation des mandataires devrait se limiter à la réception pure et simple des candidatures de leurs membres, et à la présentation de la liste des candidats membres retenus de la coalition politique à la structure indépendante de sélection des mandataires de l’Etat, laquelle liste sera accompagnée des dossiers personnels des intéressés (les curriculums vitae), et ce, dans le cadre d’un processus de sélection transparent et compétitif à piloter par ladite structure, sous la coordination de la Présidence de la République.
Dans la même perspective, toute personne non membre du FCC ou CACH qui serait disposée à manifester son intérêt de devenir mandataire de l’Etat, ne devrait pas être d’office exclue du processus de sélection. N’est-ce pas que la RDC appartient à tous les Congolais ? Pourquoi un groupe d’individus sans souci du bien-être collectif et de l’intérêt national, devrait à lui seul piloter ce processus de désignation et nomination des mandataires de l’Etat ?
A proprement parler, la coalition politique CACH-FCC ne devrait pas être l’unique source de présélection des candidats. Le souci patriotique nous oblige à dire que le Chef de l’Etat devrait identifier d’autres compétences, en dehors de ladite coalition, pour l’accompagner efficacement dans la réalisation de sa vision sur la gouvernance de la RDC.
Après la transmission de la liste restreinte des candidats retenus, et conformément à ses attributions, le Conseil National de Sécurité doit procéder aux enquêtes sérieuses d’honorabilité et pour permettre au Chef de l’Etat Félix TSHISEKEDI de nommer, en toute responsabilité politique, des candidats compétents et intègres.
Critères de sélection
Le choix des mandataires de l’Etat devrait dorénavant reposer sur des critères objectifs en lieu et place du militantisme, clientélisme, régionalisme et autres antivaleurs qui ont élu domicile en RDC depuis belle lurette, et qui sont à la base du désordre politique duquel le pays doit sortir. En effet, ces maux doivent être démantelés et le temps favorable est arrivé.
Placer au sommet des entreprises de l’Etat des personnes qui incarnent le changement, ayant un style de leadership de type transformationnel et non transactionnel, capables de relever les défis auxquels ces entreprises sont confrontées et de contribuer substantiellement à la création de la richesse nationale, est une des conditions nécessaires et suffisantes pour la réussite de la lutte contre la corruption que des millions des congolais souhaitent se matérialiser.
Il est grand temps de dépolitiser le choix des mandataires des entreprises de l’Etat. En effet, le système corrompu de cooptation politique qui a été depuis longtemps monnaie courante en RDC, doit être endigué pour être remplacé par l’excellence et l’intégrité. De plus, l’heure n’est ni au tâtonnement ni à l’apprentissage de la gestion pour des entités techniques et opérationnelles qui ont besoin de solutions concrètes à leurs multiples défis.
Voici ci-dessous, à titre exemplatif, les critères objectifs à prendre en compte et à certifier par des enquêtes d’honorabilité, pour déterminer le profil acceptable des candidats mandataires de l’Etat (Président du Conseil d’Administration, Directeur Général, Directeur Général Adjoint et Administrateurs non actifs) :
1. Profil éducationnel : avoir au moins un titre académique de niveau universitaire dans une discipline pertinente en rapport avec le secteur d’activités de l’entreprise. Ce critère devra être validé par les services de sécurité. La possession d’un diplôme de maîtrise, DESS ou DEA devra constituer un atout.
2. Expérience professionnelle : justifier d’une expérience professionnelle aux postes de commandement ou toute autre expérience assimilée d’au moins 10 ans dans le domaine d’activités de l’entreprise. Ce critère devra être validé après vérification des références et antécédents professionnels.
3. Intégrité: jouir d’une bonne probité morale et n’avoir pas fait l’objet de poursuites judiciaires pour détournement des deniers publics. Ce critère devra être validé par les enquêtes d’honorabilité.
4. Compétences de leadership : disposer d’une solide capacité de conception et d’analyse, d’un esprit d’initiative et d’abnégation, d’un sens de responsabilité élevé, d’un sens d’orientation vers les résultats, en plus des capacités d’intelligence émotionnelle. Ces compétences pourraient être testées ou vérifiées dans le cadre des évaluations formelles ou informelles des candidats mandataires de l’Etat. Pour des raisons d’économie de temps et des coûts, cette tâche devra être confiée au Comité de Pilotage de la Réforme des Entreprises Publiques, COPIREP en sigle, avec le concours des experts indépendants.
La RDC regorge de ressources humaines qui répondent parfaitement aux deux premiers critères (éducation et expérience), mais connait un déficit sérieux en ce qui concerne les deux derniers critères. Seules les enquêtes de sécurité rigoureuses permettront de savoir qui est intègre et qui ne l’est pas, en dépit de meilleurs profils éducationnels et professionnels.
Par ailleurs, il sied de mentionner que le rejet des valeurs de méritocratie et de transparence dans le mode de gestion des entreprises de l’Etat est une des causes principales des échecs politiques et socio-économiques que connait aujourd’hui la RDC.
Avantages clés de la dépolitisation
La dépolitisation du processus de nomination des mandataires de l’Etat dans les entreprises, établissements et services publics offre plusieurs avantages. Nous les énumérerons comme suit :
Primo, elle permettrait aux candidats nommés de travailler sans pression de dette morale et d’un quelconque devoir vis-à-vis d’un individu ou d’une coalition politique. La réduction des coûts de transactions politiques et financières profiterait ainsi au Trésor Public et au Peuple Congolais.
Secundo, la définition claire des critères objectifs de nomination des candidats réduirait sensiblement les prétentions des candidats non qualifiés, quelles que soient leurs appartenances politiques, ethniques, ou régionales.
Tertio, en privilégiant des critères de méritocratie et de transparence, le Chef de l’Etat enverra ainsi un message fort à la nation sur sa vision d’une autre forme de gouvernance et son engagement réel pour la lutte contre la corruption.
Quarto, la dépolitisation permettrait d’éviter au pays les scandales de corruption longtemps décriés, voire même actuellement dans l’entourage du Chef de l’Etat. Il est temps de rectifier le tir avant d’exposer le peuple à d’autres scandales dans les entreprises de l’Etat, sous le quinquennat de Félix TSHISEKEDI.
Quinto, placer à la tête des entreprises publiques des personnes compétentes accroitrait les chances de rendre ces entreprises plus compétitives et plus performantes. Il s’agit d’augmenter leurs chances d’améliorer la qualité des services publics.
Tout bien considéré, un autre Congo est possible. Il appartient donc aux Congolais de faire un choix qui les honore, celui de refuser la médiocrité et placer les intérêts de la nation au-dessus des intérêts égoïstes. De plus, la réussite ou l’échec de Félix TSHISEKEDI doit être le souci de tous les congolais qui veulent que la RDC entre dans une nouvelle phase de son processus de développement. Si la RDC réussit, ce sont les congolais qui en seront les privilégiés, et c’est un droit qui leur revient. Dans le cas contraire, ce sera la honte de toute une nation.
Recommandations
La subordination des nominations des mandataires de l’Etat à des critères objectifs de sélection et surtout aux enquêtes d’honorabilité sérieuses par le Conseil National de Sécurité aboutirait à la constitution d’une équipe de mandataires de l’Etat plus professionnels, plus responsables, plus axés sur les résultats et imputables de leur gestion.
Si le Président Félix TSHISEKEDI tient à respecter son engagement de lutte contre la corruption et instaurer un nouveau style de gouvernance en RDC, il devra alors privilégier un mode de sélection compétitif et transparent, ainsi que des critères objectifs pour les nominations des mandataires de toutes les entreprises du Portefeuille de l’Etat. Répondre aux attentes de la population implique, ipso facto, la dépolitisation de la gestion des entreprises de l’Etat pour les rendre plus performantes et compétitives.
Une fois que les candidats retenus seront nommés à leurs postes respectifs, chacun devra s’engager à signer un code de bonne conduite de gestion, accompagné de la déclaration de la situation patrimoniale individuelle, et ce, avant la prise effective des fonctions. En outre, un contrat de performance devra être signé entre le Gouvernement de la République et chaque Conseil d’Administration ou Direction Générale selon le cas. Ce contrat devra indiquer des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalisables et temporels (SMART) à assigner aux mandataires de l’Etat, des critères d’évaluation trimestrielle des résultats de la gestion. Il est temps que la République abandonne des méthodes de gestion sur la base d’une navigation à vue, des évaluations et contrôles de complaisance.
A cet égard, les différents mécanismes existants d’évaluation de la gestion des mandataires de l’Etat devraient être renforcés. En effet, la mise en place d’une cellule d’évaluation et suivi de la gouvernance des entreprises, établissements et services publics, rattachée à la Présidence de la République, devrait être envisagée. Celle-ci travaillerait en synergie avec les structures existantes, pour permettre au Chef de l’Etat de disposer, en temps réel, des données fiables sur les résultats de la gouvernance des entreprises, établissements et services publics. Dans ce cas précis, il est possible d’implémenter un système d’information de gestion intégrée sur ladite gouvernance, véritable outil d’aide à la prise de décisions stratégiques éclairées pour les décideurs politiques.
Jean-Claude Mukanya Cibumba, DEA, MBA , Administrateur Agréé
Consultant en planification stratégique
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À la Une
Le pillage systématique des ressources Congolaises par le RDF/M23
Dans les riches territoires orientaux de la République Démocratique du Congo, un drame silencieux se déroule sous les yeux du monde entier. L’occupation criminelle des territoires congolais par les terroristes rwandais du RDF/M23 représente un des aspects les plus tragiques et déchirants de l’histoire locale actuelle.
Nous nous sommes penchés sur le pillage systématique des ressources financières et des biens étatiques par les terroristes Rwandais du RDF/M23, pour exposer non seulement les mécanismes de ce vol organisé, mais également l’indifférence troublante des pantins qui servent de figures politiques congolaises à cet immonde braquage à ciel ouvert et qui restent muettes face à cette calamité.
Depuis que le RDF/M23 a pris le contrôle de plusieurs zones stratégiques en RDC, une extraction massive de ressources s’est intensifiée. Les banques locales, les régies financières, ainsi que les réserves de matières premières, ont été systématiquement dépouillées. Pour les terroristes Rwandais du RDF/M23, ce gang de pilleurs professionnels, tous les patrimoines Congolais étatiques et privés sont un butin de guerre.
Des témoignages d’employés de banques et de représentants d’entreprises locales confirment que les stocks sont transportés clandestinement vers le Rwanda, alimentant ainsi le financement des opérations du RDF/M23. Ce réseau de pillage, orchestré par des éléments du RDF/M23, semble fonctionner comme une machine bien huilée. Les chariots automobiles des territoires congolais sont convoyés sans avertissement.
Les camions remplis de ressources riches, tels que l’or, le coltan et les diamants, traversent la frontière en toute impunité. Les preuves photographiques et vidéos font état de ces transferts illégaux, tandis que des rapports d’ONG internationales attestent de l’ampleur de ce vol organisé. Alors que la RDC est en proie à une crise humanitaire et économique sans précédent, Corneille Nangaa Yobeluo et Willy Ngoma continuent de se taire sur ce pillage.
Leur absence de réaction soulève des questions sur leur loyauté et leur allégeance aux véritables maîtres de la situation, à savoir Paul Kagame et James Kabarebe. Ce silence assourdissant ne fait qu’aggraver le sentiment de trahison parmi la population congolaise, qui se sent abandonnée par ces dirigeants ignobles qui passent leur vie à se présenter en libérateurs tout en introduisant le loup dans la bergerie pour appauvrir le peuple Congolais et tuer ceux qui résistent.
Tout en mettant en lumière cette situation tragique, il est impératif d’appeler à la mobilisation des consciences. La communauté internationale doit prendre conscience de l’ampleur du pillage des ressources congolaises et des conséquences désastreuses pour la stabilité et le développement de la région. Des mesures doivent être prises pour renforcer la transparence au lieu d’afficher un mépris coupable.
Protéger les droits humains et apporter une assistance aux victimes de cette occupation brutale est une urgence absolue. Le pillage systématique des ressources par le RDF/M23 représente non seulement une injustice économique, mais aussi une hécatombe humaine. D’aucuns ne mesurent pas encore le degré d’animosité qui s’installe durablement dans cette partie de notre pays contre ce régime criminel du Rwanda.
Il est crucial de dénoncer ces actes et de demander des comptes aux responsables afin que la RDC puisse retrouver sa souveraineté et sa dignité. Ce combat pour la justice commence par la reconnaissance des faits et l’implication de chaque acteur, tant local qu’international, dans la lutte contre cette exploitation insoutenable. Les biens de ces criminels confisqués doivent être restitués à la RDC.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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