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Agression rwandaise : Les catholiques dénoncent l’hypocrisie de la communauté internationale

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Les fidèles catholiques de Kinshasa ont dénoncé, l’hypocrisie de la communauté internationale face à la menace de l’intégrité territoriale dans la partie Est de la RDC, au cours d’une marche pacifique organisée, dimanche, sur appel de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) dans tous les diocèses.

« La communauté internationale affiche une attitude hypocrite qui frise la complicité ; sa responsabilité est engagée par sa complaisance vis-à-vis des multinationale. Les actes de guerre à l’endroit de nos compatriotes de l’Est nous obligent à lancer un message de compassion et à leur témoigner notre solidarité. Les sacrifices de nos vaillants soldats poussent également l’église à se ranger derrière eux et à les encourager », a déclaré notamment le curé de la paroisse Saint Laurent, à la tête des fidèles catholiques du doyenné Saint Augustin, l’Abbé Théophile Lenga.

Une réponse à l’appel des évêques

« Nous avons répondu à l’appel de nos pères les Evêques, membres de la CENCO, en organisant la marche de ce jour. A cette occasion, l’église condamne l’ambigüité et le comportement de certaines organisations internationales, telles que l’ONU, la MONUSCO, l’UE et la CEEAC, face à cette situation », a-t-il ajouté.

 « Nous voulons que l’Etat congolais joue pleinement son rôle régalien, notamment par la restructuration en profondeur de nos services de sécurité, l’intensification du processus de retrait de la MONUSCO de la RDC et le retrait de la RDC de l’organisation sous régionale CEAC », a lu, pour sa part, l’Abbé Aimé Lusambo, curé doyen du doyenné Saint François de Sales, à la Place Magasin dans la commune de Kintambo, dans le mémorandum signé à cet effet.

Des centaines de fidèles ont envahi les rues de la ville de Kinshasa après la célébration eucharistique matinale pour marquer leur soutien aux FARDC et leur opposition à la guerre d’agression dans la partie Est du pays, a constaté l’ACP.

Munis des chapelets, crucifix, foulards, insignes religieux et drapeaux de la RDC,  ils ont exécuté des chansons religieuses et patriotiques en se dirigeant pacifiquement vers de différents points de chute retenus par la CENCO.

Il s’est agi, notamment de la place Sainte Thérèse, pour le doyenné éponyme à Ndjili ;  de l’Echangeur à Limete, pour le doyenné Saint Alphonse ; du rond point Ngaba, pour les fidèles des doyennés Saint Esprit et Nodasa ; du terrain de la Foire Internationale de Kinshasa, pour le doyenné Saint Augustin ; du Palais du peuple, pour les doyennés Saint Antoine de Padoue, Saint Gabriel et Saint Joseph ; du rond point des Huileries, pour le doyenné Saint Pierre ; de Binza Météo, pour les doyennés Saint Sacrément et Nodagra, sous l’encadrement des forces de l’ordre.

Non à la balkanisation de la RDC

« L’heure est grave. Notre pays est en danger ! Ne laissons pas balkaniser la RDC. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, ainsi que dans la diaspora, mettons-nous tous debout pour sauvegarder l’intégrité territoriale de notre pays », ont alerté les archevêques et évêques catholiques congolais.

Les chrétiens de l’archidiocèse de Kinshasa ont, par ailleurs,  dit non à la balkanisation de la RDC et à la mutualisation des forces armées dans le message inspiré par la déclaration de la CENCO.

« A travers cette marche pacifique, nous, jeunes catholiques, allons montrer au monde entier que nous en avons assez des guerres à répétition à l’Est du pays », a déclaré, de son côté, le responsable paroissial des jeunes à Sainte Agathe, dans la commune de Ngiri-Ngiri.

Les paroissiens de doyennés Nodasa et Elimo-santu  dans commune de Lemba ont, de leur côté, dénoncé au rond-point Ngaba, les massacres perpétrés sur les Congolais dans l’Est de la RDC, à l’issue de  cette marche pacifique.

« Nous devons prendre nos responsabilités en main suite à la détérioration continue de la situation sécuritaire et humanitaire que traverse la RDC  et passons un message de compassion et de solidarité au peuple de l’Est », a laissé entendre l’abbé doyen et curé de la paroisse Notre Dame de la sagesse (Nodasa), Georges Ndjila.

Il a invité les fidèles présents à un élan de solidarité, à penser aux quêtes et œuvres de charité que proposent les paroisses, « en vue d’aider le peuple de l’Est contraint à l’exode ».

Le Père Marie-André Tulengi de la paroisse la Résurrection situé au quartier Gombele à Lemba et formateur du scolasticat Isidore Bakandja du doyenné Elimo-santu, a quant à lui, appelé tous les Congolais à l’unité nationale, avant d’inviter les étrangers vivant en RDC à une collaboration avec les autorités congolaises en se basant sur des accords légaux.

« Les FARDC combattent avec les armes, les chrétiens par la prière »

« Les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) combattent avec les armes, et les chrétiens, par la prière pour défendre la RDC », a déclaré le curé doyen du doyenné Saint Mathieu et également curé de la paroisse Saints anges gardiens de Badara, dans la commune de la N’sele, Père Placide Sumbula.

« Nous sommes de cœur par la prière et les pensées avec les FARDC qui se donnent pour défendre le territoire national jour et nuit. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui dans la rue pour leur réitérer notre soutien patriotique », a-t-il dit.

Père Sumbula, qui a par la même occasion lu le message des évêques de la CENCO, a fait savoir que cette activité  est initiée pour des raisons multiples qui visent à  dénoncer notamment la guerre d’agression imposée à la RDC par le Rwanda et l’Ouganda sous couvert du mouvement terroriste dénommé M23 ; l’attitude hypocrite et la complaisance de la communauté et certaines organisations internationales ; et  à lancer un message de compassion et solidarité à la population de l’Est en général, et les FARDC en particulier.

Contre les milices opérant dans l’Est

Le curé a, enfin, invité les fidèles à « réfléchir sérieusement, sincèrement et courageusement au nom de leur foi, pour s’opposer à la balkanisation du pays » tout en  félicitant la police pour la sécurité des fidèles pendant cette marche.

Certains fidèles interrogés au niveau de différents points de chute ont exprimé leur ras-le-bol, condamnant plusieurs milices qui opèrent dans l’Est de la RDC depuis plusieurs années, sans être inquiétés, notamment le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par le Rwanda.

Le message des chrétiens dit se fonder sur des faits saillants entre autres, ceux soulevés par les pères évêques membres de la CENCO qui les obligent à réfléchir sincèrement et à prendre leur responsabilité.

Quelques personnalités politiques et religieuses ont pris part à cette marche jusqu’au Palais du peuple, entre autres, le président du Sénat, Bahati Lukwebo, et Mgr Carlos Ndaka, vicaire général de l’archidiocèse de Kinshasa.

Cet appel à prier et à manifester pour le retour de la paix dans le pays, a été lancé aux fidèles catholiques de la RDC dans la déclaration des évêques, à l’issue de la dernière assemblée plénière extraordinaire de la CENCO tenue du 7 au 9 novembre dernier, relative à la situation sécuritaire de la RDC, rappelle-t-on.

Marche non organisée à Goma pour proximité avec la ligne de front 

Le diocèse de Goma, au Nord-Kivu, n’a pas organisé, dimanche, la marche recommandée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO)  pour dire non à la guerre d’agression, du fait de  la proximité de cette ville avec la ligne de front, a appris l’ACP de sources ecclésiastiques.

« Au  vu de la proximité de la ville de Goma avec la ligne de front, le diocèse de Goma a trouvé mieux d’implorer la miséricorde divine, à travers les messes ordinaires en ce 2ème dimanche de l’avant, par crainte d’une éventuelle infiltration au cas où s’organisait une marche sécurisée soit-elle »,a soutenu la source.

« L’évêque du diocèse catholique de Goma, Mgr Willy Ngumbi Ngengele, a assuré que son entité ecclésiastique est restée en union des prières avec la marche organisée ce dimanche par la Conférence nationale des Evêques du Congo pour dire non à la guerre qui sévit dans la partie Est du pays ainsi qu’ aux velléités de balkanisation », a-t-elle affirmé en outre.

« Ici chez nous à Goma, au lieu d’une marche, nous avons trouvé mieux de prier à travers des célébrations eucharistiques en invitant les chrétiens à beaucoup prier pour la paix à travers la fraternité sans laquelle la sécurité ne peut être possible », a expliqué un Berger de l’Eglise catholique de Goma pour qui sa juridiction est restée en union avec la CENCO

Dans son homélie tirée dans l’évangile selon Saint Mathieu, a-t-il fait savoir,  l’Evêque du Diocèse de Goma, Mgr Willy Ngumbi, a appelé ses fidèles à la conversion prêchée par Saint Jean Baptise assurant que « la paix ne peut venir que si les humains abandonnaient le mal, socle de toute guerre ».

Le Diocèse de Goma séparé de plus de sept de ses paroisses

Par ailleurs, Mgr Willy Ngumbi a déploré le fait que son Diocèse est la grande victime de la guerre qui oppose l’Armée loyaliste au M23, supplétif du Rwanda,  son  entité ecclésiastique étant actuellement séparée de plus de ses sept paroisses abandonnées, non seulement par les prêtres, mais aussi par les chrétiens contraints à vivre dans les camps des déplacés.

Il s’agit, a –t-il cité à titre d’exemple, des paroisses de Jomba, Rugari, Kalengera, Kiwanja, Rutshuru-centre, Kishishe et Kiseguro, présentement inaccessible car situés dans les zones sous contrôle desdits rebelles.

Pour dénoncer la guerre qui sévit dans la région, le diocèse catholique de Goma a affiché des calicots et des banderoles avec des messages forts aux entrées de chaque église du Doyenné de Goma.

« En union avec tous les diocèses de la CENCO qui organisent la marche de ce dimanche 04 décembre 2022, nous disons: non à la balkanisation de la RDC. La souveraineté et l’intégrité territoriale ne sont pas négociables. Défendons notre Patrie », lit-on sur ces supports.

ACP/CONGOPROFOND.NET


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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national

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La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.

L’héritage colonial et ses répercussions actuelles

L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.

Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.

Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques

Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.

Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.

De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.

Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.

Le monde académique : reproduction des schémas tribaux

Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.

L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.

Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.

Impact sur le développement national

Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.

Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.

Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.

Le jeu dangereux des alliances politiques

L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.

Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.

Vers des solutions : initiatives et perspectives

Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.

Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.

L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC

Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.

La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.

Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.

Franck Tatu


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