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Accord RDC/Groupe Ventora : Les OSC et les mouvements citoyens pour la mise en place d’un comité de suivi de la gestion des ressources naturelles
L’accord à l’amiable signé entre le gouvernement congolais et l’homme d’affaires israélien, Dan Gertler, permettant au pays de récupérer les actifs miniers et pétroliers du groupe Ventora ne cesse de rencontrer l’assentiment des organisations de la société civile.
Ce lundi 16 mai 2022, des organisations formelles de la Société civile, des mouvements citoyens et des personnalités ont organisé une séance de restitution à leurs pairs à Kinshasa.
Ainsi, les explications des organisations formelles de la Société civile mises à la disposition de leurs pairs portent à croire que cet accord est bénéfique pour le pays et mérite une adhésion populaire.
« Les explications pertinentes de nos panélistes nous ont permis de nous faire une idée sur les enjeux de cet accord et des bénéfices qu’il est destinés à apporter à la nation. Plusieurs éléments de l’accord nous ont été fournis et qui nous permettent de nous faire une idée de la portée bénéfique de cet accord : la Gécamines bénéficiera désormais de l’usine et des gisements de Somidez restitué par le groupe Ventora dont la valeur actuelle est estimée à 3 milliards de dollars américains, selon les experts internationaux », a déclaré JC Ekosa, l’un des activistes qui lisait la déclaration finale.
D’ores et déjà, ces organisations formelles de la Société civile ont appelé le gouvernement congolais « à mettre sur pieds un comité de suivi de la gestion des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo (RDC) ». En dépit de la signature d’un accord avec le Groupe Ventora de l’Israëlien Dan Gertler, portant restitution des actifs pétroliers et miniers.
Par ailleurs, ces activistes ont estimé « qu’il serait utile pour la République, que des termes de cet accord soient publiés afin de permettre aux citoyens d’en prendre connaissance et renforcer leur foi en l’avenir radieux de notre pays ».
En somme, ces derniers « disent endosser toutes les recommandations faites par les signataires de la déclaration à l’issue de la table ronde organisée par la présidence de République du 13 au 14 avril dernier ».
Ces organisations formelles de la société et des mouvements citoyens ont été convaincus que « cet accord aura une implication effective, qui permettra à la population congolaise de récupérer ses droits, d’autant plus qu’il s’agit d’un protocole d’accord du règlement à l’amiable d’un litige qui était en arbitrage international à Paris entre la RDC et le Groupe Ventora et non un contrat de cession, d’exploitation ni d’exploitation des actifs miniers et pétroliers ».
La signature de cet accord avec l’Israëlien Dan Gertler, « va apporter plusieurs avantages aux Congolais », selon les explications qui ont été fournies à ces acteurs de la Société civile.
Il s’agit entre autres de : la valeur moyenne approximative des actifs récupérés évalués à ce jour à plus de 2 milliards de dollars américains dont 1,5 milliards USD pour les blocs pétroliers I et II du Graben Albertine, 500 millions USD pour les permis de fer de Iron Lointain et Sanzeta USD, mais aussi 500 millions pour les permis de l’or de Moku Gold et plusieurs centaines de millions de dollars américains pour divers paiements que le Groupe va effectuer en faveur de la Gecamines sur les royalties de KCC aussitôt payé par la RDC.
Rappelons que la République Démocratique du Congo a signé, jeudi 24 février 2022, un accord à l’amiable avec l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, patron du groupe Ventora, mettant ainsi fin au contentieux judiciaire qui les opposait depuis de nombreuses années. À en croire l’Exécutif de la RDC, cet arrangement devrait lui permettre de récupérer les blocs et actifs concernés, évalués à près de trois milliards USD.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national
La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.
L’héritage colonial et ses répercussions actuelles
L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.
Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.
Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques
Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.
Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.
De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.
Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.
Le monde académique : reproduction des schémas tribaux
Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.
L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.
Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.
Impact sur le développement national
Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.
Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.
Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.
Le jeu dangereux des alliances politiques
L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.
Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.
Vers des solutions : initiatives et perspectives
Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.
Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.
L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC
Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.
La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.
Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.
Franck Tatu
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