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30 juin : Comme une folle envie d’écrire (Tribune d’Alain Claude Christian Djate Yodi, Journaliste-Communicologue)

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Comment écrire et pourquoi écrire ? Ce ne sont pas vraiment des questions que l’on se pose, quand on connait soi-même le plaisir et la richesse de la lecture. Mais c’est le propre de l’homme que de se remettre en question. Ça aide à mieux trouver sa voie.

La date ne peut que m’honorer. Elle est peut-être à la base de cette décision de prendre finalement mon clavier pour commencer à saisir ces mots, après les invectives de mes proches. Nous sommes en effet le 30 juin 2022, et je me suis réveillé dans un état particulier.

Mon tout premier geste en cette journée, a été un tweet. Probablement la rage de voir un pays aussi riche patauger dans un marasme sans nom depuis 62 ans. Les années passent, avancent, et le pays lui, recule. Mon tweet dit que ce 30 juin 2022, jour de commémoration de l’indépendance de mon pays, n’est pas un jour de réjouissances dans les libations. Mais plutôt une journée de réflexion, d’introspection, sur nos réussites, nos échecs, notre avenir comme peuple, ainsi que les responsabilités de tous et de chacun.

Mais alors que je suis en train de coucher ces lignes et qu’il est à peine 08h15, mon voisin a lancé sa sono. Musique quasi à fond, sans respect du jour férié et de la volonté de plusieurs, travailleurs acharnés, de profiter de cette journée fériée avec une bien rare grasse matinée. Non ! C’est la fête de l’indépendance. Que fête-t-il exactement ? L’indépendance ! Quoi de plus évident.

Non, je ne suis pas dans un quartier populeux de Kinshasa. Je suis dans un quartier résidentiel, comme on dit. Mais non, même ici, le calme est rare, les valeurs en totale perdition.

L’exode des valeurs

Ecrire. Tout ce que je peux coucher sur un papier, ce sont mes expériences, le cursus de ma petite vie, qui a eu la grâce de rencontrer du monde de qui j’ai vraiment été enrichi. Ce que j’évite, et cela m’a longtemps retardé, c’est l’étiquetage. Mon pays est un gros supermarché où l’on vous étiquète selon vos opinions. Et comme je ne voulais pas d’étiquettes, je me suis laissé prendre au piège.

Il est pourtant une chose de plus importantes que les étiquettes, ou plutôt, la crainte des étiquettes. C’est la dérive du pays. Et face à cela, nous avons une responsabilité. Celle de parler, d’interpeller. Car les générations à venir nous jugerons, sans complaisance aucune.

Il se déroule une extinction massive des valeurs. Nous sommes devenus un pays à nivellement par le bas. C’est la rue qui pense, et les intellectuels se plient. Déjà, le vocabulaire du quotidien est façonné par la rue. Maintenant, et c’est bien là la pire des choses, c’est le mental collectif qui est façonné par la rue. Le règne massif du ‘’sans foi ni loi’’ nous envahit et nous assiège, nous qui avons pourtant les repères nécessaires pour édicter les lignes directrices nécessaires à l’épanouissement d’une société de valeurs. Pris de court, nous devenons des ‘’voyous instruits’’. Voyous quand il le faut, et instruits non pas quand nous le voulons, mais quand nous le pouvons. Enserrés dans une société sauvage, nous sommes plus voyous qu’instruits, tel que nous l’impose le rythme de la société dans laquelle nous vivons.

Ceux qui craquent fuient. Des citoyens valeureux, au bord de la crise de nerfs, claquent tout un jour pour aller s’installer ‘’ailleurs’’. Qu’importe si c’est dans le grand Nord canadien, avec des températures que n’atteindrait pas une chambre froide.

Le pays se vide de ses citoyens. Les meilleurs partent parce qu’il faut assurer un avenir à sa progéniture : une éducation de qualité, la double nationalité, l’accès aux soins de qualité, le pouvoir d’achat, ou encore la prise en charge sociale En gros, l’accès aux besoins sociaux de base. Ce qui ailleurs est basique, est pour nous ici un luxe.

Que nous reste-t-il alors, à nous qui chaque jour défions la vie en restant dans notre pays ? A nous qui défions la mort tous les jours en côtoyant les ‘’207’’ et autres ‘’Wewas’’ ? A nous qui envoyons nos enfants dans des universités où se vendent les feuilles d’interrogations, nous dont les enfants sont instruits dans des écoles où les salles de classe comprennent 60 élèves pour un enseignant, du reste mal payé ? Nous qui chaque jour vivons les mêmes bouchons, aux mêmes endroits et depuis des années, sans que personne ne réfléchisse à apaiser nos peines en y trouvant des solutions ? Que nous reste-t-il ? Je ne suis pas sûr d’avoir la réponse en posant cette question. Nous devrions peut-être y réfléchir, ensemble. Ce qui est sûr pourtant, c’est qu’il ne nous reste pas grand-chose. Mais avec ce peu, il est possible de faire beaucoup.

L’heure des gens de bien

Il est l’heure que les gens de bien se lèvent. Tous, ensemble. Il est l’heure que tous ceux qui veulent faire du bien à ce pays – et non pas à leurs poches ou à leurs ventres – se rencontrent, se parlent, en dehors de toute structure politique. Car les partis politiques, en plus de prendre le pays en otage, l’ont complètement desservi, bradé et déstructuré. Il est temps que l’on se batte pour le Congo, avec une vision claire, des perspectives réalisables et concrètes. Le danger est à nos portes.

Le danger guette

Imaginez le Congo dans 10, 15 ou 20 ans… Il sera balkanisé. Non pas comme d’aucuns le pensent, en étant découpé comme un gâteau. Non. Il sera balkanisé intellectuellement, culturellement, économiquement, politiquement. C’est en tuant l’éducation et donc l’instruction, en démultipliant les ‘’wéwas’’, en sacrifiant la relève, que nous assurons la balkanisation de ce pays. Et dans 15 ans, quand tout n’aura été que racaille, nous importerons de l’intelligence dans les pays voisins et ailleurs, pour venir diriger ce pays que nous n’aurons pas su conduire. Ce sera la troisième colonisation, et nous vivrons l’apartheid. Voici cette heure vient, et elle est déjà venue.

Je ne vous souhaiterai pas une bonne fête de l’indépendance. Je vous souhaite de la commémorer. Car il sied de se souvenir des sacrifices de sang et d’engagement de ceux qui se sont battus pour l’acquérir. Il sied de prendre conscience que cela a eu coût, pour eux comme pour leurs familles. A eux, à leurs femmes, enfants et autres descendants, j’exprime ma reconnaissance.

Bonne Commémoration de l’Indépendance.

Alain-Claude Christian Djate Yodi

Journaliste-Communicologue

30 juin 2022


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Menaces répétées du chef de l’UPDF sur Bunia : Le silence des autorités inquiète la population 

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Depuis le 15 février 2025, le général Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major de l’armée ougandaise (UPDF), multiplie les déclarations menaçantes à l’encontre de la ville de Bunia, évoquant une possible attaque ou l’envoi de ses troupes dans la région. Malgré la gravité de ces propos, les autorités congolaises, tant au niveau provincial qu’à Kinshasa, restent étrangement silencieuses.

Cette absence de réaction alimente l’inquiétude grandissante de la population, plongée dans un climat de peur et d’incertitude.

Ces menaces interviennent alors que le vice-ministre de la Défense séjourne en Ituri, une région déjà fragilisée par des tensions sécuritaires. En août 2024, un drone de l’armée ougandaise s’était écrasé à Kotoni, dans le territoire de Djugu, une zone où l’UPDF n’est pourtant pas censée opérer. Cet incident avait déjà soulevé des questions sur les activités ougandaises en RDC.

Par ailleurs, un rapport des experts des Nations-Unies datant de juillet 2024 a accusé l’Ouganda de soutenir le Rwanda, pays agresseur de la RDC. Selon ce document, Kampala aurait facilité le transit des troupes du M23 sans aucune restriction. Malgré ces révélations, la RDC continue de collaborer militairement avec l’Ouganda dans le cadre d’opérations conjointes FARDC-UPDF, une coopération en place depuis novembre 2021. Cependant, l’efficacité de ces opérations est vivement critiquée sur le terrain.

En novembre 2024, la question avait été abordée lors d’une rencontre entre le président Félix Tshisekedi et son homologue ougandais à Kampala. Peu après, une dizaine de députés congolais se sont déplacés en Ouganda pour notamment évoquer cette question.

Le répondant de l’UPDF n’est pas à sa première déclaration du genre.
Déjà en décembre 2024, la ministre d’État des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, avait convoqué le chargé d’affaires ougandais en RDC, Matata Twaha, pour exiger des explications concernant les propos jugés « déplacés » du général Kainerugaba. Ce dernier avait, via des messages publiés sur X, menacé les mercenaires blancs opérant aux côtés des FARDC dans l’est de la RDC, promettant de les attaquer à partir du 2 janvier 2025. Bien que le tweet ait été supprimé, les inquiétudes demeurent.

Aujourd’hui, c’est la ville de Bunia qui est directement visée par ces menaces. Pourtant, Kinshasa n’a toujours pas réagi officiellement, un silence qui suscite de vives préoccupations, notamment parmi les habitants de la province.

L’armée ougandaise, présente sur le sol congolais dans le cadre de la coopération militaire, est notamment déployée dans le territoire d’Irumu. Cette situation soulève des interrogations : l’Ouganda est-il toujours un allié dans la lutte contre l’ennemi commun, les ADF ? Récemment, face aux rumeurs d’un renforcement des effectifs ougandais à Irumu, les FARDC se sont contentées d’affirmer que cela s’inscrivait dans le cadre des opérations conjointes.

Pour de nombreux observateurs, ces menaces récurrentes du général Kainerugaba, relayées sur les réseaux sociaux, doivent être prises au sérieux. Ils appellent à une réaction ferme de Kinshasa et à des éclaircissements de la part des autorités ougandaises. Dans un contexte déjà volatile, le silence des dirigeants congolais ne fait qu’accroître les craintes d’une escalade dans la région.

CONGOPROFOND.NET/ buniaactualite.cd


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