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Vital Kamerhe à Makala : retour sur une journée à rebondissement

Le pavillon 8 de la prison centrale de Makala n’a jamais reçu un si grand hôte de marque depuis sa fondation sous l’ère coloniale. Il s’agit du « tout puissant » directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Vital Kamerhe, considéré à juste titre par certains comme le « président de la République bis ».
Il va passer sa première nuit ce mercredi 08 avril 2020 à l’ex Centre Pénitenciaire et de rééducation de Kinshasa( CPRK), aujourd’hui Prison centrale de Makala, après plus de 6 heures du temps d’interrogatoire au parquet général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete.
CONGOPROFOND.NET vous fait revivre cette journée plein des rebondissements où pour la première fois depuis l’histoire de la RDC, un Directeur de cabinet du Chef de l’Etat en fonction est mis au frais fut-il sous mandat d’arrêt provisoire et jusqu’alors présumé innocent.
Il est 10h00 à Kinshasa, malgré les mesures urgentes contre le coronavirus, un groupe de partisans se tient devant le parquet général près de la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete pour soutenir leur président avec des drapeaux et banderoles flanqués des insignes du parti et des traditionnelles couleurs du parti : le rouge et le blanc.
La foule grossie de plus en plus vers 12h00 avec l’arrivée des journalistes et des membres de la société civile venus pour le monitoring.
Les gestes barrières pour éviter la propagation du coronavirus comme la distanciation sociale et les rassemblements de plus de 20 personnes sont bafouées.
La police assiste impuissante à cet spectacle. Le dispositif policier installé le matin a été renforcé les après-midis par plusieurs éléments de la police.
Du côté de Vital Kamerhe, l’heure n’est pas aux inquiétudes. La sérénité règne.
Hier, il a paraphé les ordonnances du chef de l’Etat portant sur la mise en place du Fonds national de solidarité contre le coronavirus.
Ses conseillers et des hauts cadres du parti étaient chez lui depuis le matin. Si la première invitation était truffée d’erreurs matérielles, la deuxième a été écrite selon les normes.
Les avocats-conseil lui ont fait un briefing et le cortège est sorti de la résidence. Direction: le parquet.
Vital Kamerhe est arrivé vers 13h au Parquet de Matete où l’attendait le Procureur général Adler Kisula et ses services habillé en veste bleue, coiffé d’un masque de protection contre le Covid-19.
C’est le délire total sur place, ses militants veulent à tout prix le toucher. Une scène rappelant celle de la femme souffrant de la perte de sang voulant à tout prix toucher Jésus-Christ.
Un attroupement monstre se forme autour du personnage.
Ses services de sécurité et la police reussissent à l’extirper de cette marée humaine.
Il est accompagné de sa garde politique rapprochée, y compris des Conseillers du président Félix Tshisekedi membres de son parti.
Mais également par toute une ribambelle d’avocats. Le président de l’UNC s’est rapidement engouffré dans le bâtiment du parquet, avant de disparaître.
Pendant ce temps, une délégation du bureau politique de l’UNC est reçue par Félix Tshisekedi à la cité de l’UA.
Au centre de leurs discussions, la question des relations UDPS-UNC, dans le cadre du bon fonctionnement de la coalition Cap pour le Changement (CACH), a fait savoir Aimé Bonji, secrétaire général ai de l’UNC, au sortir de cette audience.
La question de l’audition du Diracab n’est pas abordée.
Le président de la République avait déjà tapé du poing sur la table: « il ne s’implique pas dans les questions liées à la justice, » a déclaré le secrétaire général par interim de l’UNC.
Par ailleurs, le directeur de cabinet du Chef de l’État a fait plus de cinq heures au parquet général de Matete, dans la commune de Limete.
Près de 6 heures après, plus aucune nouvelle de lui. Personne ne sait rien de se qui se passe. “Les choses s’éternisent”, lance un proche dans la salle d’attente. “Nous craignons le pire”, ajoute un autre. Kamerhe subit toujours un interrogatoire.
La PNC est venue tenter de les disperser dans un attroupement monstre devant le Parquet, sans respect aucun pour les gestes barrières de lutte contre le Coronavirus.
Le chef des forces de l’ordre de Kinshasa, le général Sylvain Kasongo, est venu en personne pour faire respecter les mesures d’interdiction de rassemblement mises en place par le président Tshisekedi.
La situation reste calme, mais la tension monte. L’angoisse aussi.
A l’intérieur, Vital Kamerhe, assisté de ses avocats, fait face, seul, au magistrat flanqué de son statut de renseignant.
Mais, il peut être inculpé s’il est mis en cause lors de son interrogatoire qui devrait se poursuivre pendant au moins un autre jour.
Il éprouve d’enormes difficultés à répondre à certaines questions du procureur, notamment sur les passations des marchés publics de gré à gré, la présence de sa signature sur certains documents, etc.
Vers 18h, un mandat d’arrêt provisoire est présenté à Vital Kamerhe, aux côtés de ses avocats.
Malgré les protestations de ces proches, le Général Sylvain Kasongo est chargé de l’escorter.
A 19h30, le convoi arrive finalement au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa.
Vital Kamerhe va finalement passer sa première nuit à Makala.
Triphon Kin Kiey Mulumba n’avait pas tort de prédire:
« Sous la colonisation, Limete constituait les faubourgs de Léopoldville. Le Prince contraint de droit par un juge des faubourgs de quitter les ors du Trône pour descendre dans ses bas-fonds après avoir souillé ses Principes, retrouve-t-il honneurs et magnificence des tapis rouges? »
Entre le trône et le piédestal, il n’y a finalement qu’un pas.
Bishop Mfundu/CONGOPROFOND.NET
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Plus d’un milliard de pertes dans la fraude minière : L’État mise sur Didier Kaku Kingwabidi pour inverser la tendance

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Cette désignation s’inscrit dans une volonté affirmée du gouvernement congolais de renforcer la gouvernance du secteur minier, en proie à des défis majeurs : fraude à grande échelle, contrebande systémique, et exploitation illégale parfois orchestrée par des groupes armés.
La nomination de l’actuel patron de l’Inspection Générale des Mines, reconnu pour sa rigueur et son expertise, vise à doter la CNLFM d’un leadership solide et crédible, capable de porter une réforme ambitieuse.
Ce changement à la tête de la CNLFM représente un jalon important dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre les pratiques illicites dans le secteur minier-un phénomène qui coûte chaque année plus d’un milliard de dollars au Trésor public. À travers ce geste fort, les autorités réaffirment leur engagement à protéger les ressources naturelles du pays et à garantir une exploitation minière profitable à l’économie nationale.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET