Analyses et points de vue
Vincent Biruta à Doha : la farce rwandaise dans les « négociations » RDC-RDF/M23
La présence du ministre rwandais de l’Intérieur, Vincent Biruta, à Doha pour des négociations supposées entre la RDC et le RDF/M23 est une mascarade de plus dans un conflit où Kigali joue ouvertement les pyromanes et les pompiers. Alors que le RDF/M23 prétend être un mouvement « congolais », sa dépendance totale envers le Rwanda est un secret de Polichinelle.
La médiation qatarie, malgré ses bonnes intentions, sert involontairement de couverture à cette hypocrisie diplomatique. Vincent Biruta est présent à Doha en tant qu’ »observateur », selon les déclarations officielles. Une posture risible quand on sait que le RDF/M23 est armé, financé et dirigé par Kigali, comme l’ont documenté à maintes reprises les experts de l’ONU.
Les terroristes du RDF/M23 opèrent avec un soutien logistique et militaire direct de l’armée rwandaise, y compris dans des offensives récentes comme la prise de Goma et Bukavu. Le Rwanda a toujours nié son implication, malgré des preuves accablantes, tout en maintenant des troupes déguisées en RDC. La présence de Vincent Biruta n’est pas une neutralité, mais une supervision.
Le RDF/M23 se présente comme un mouvement congolais, mais ses revendications et son leadership sont téléguidés depuis Kigali. Les pourparlers à Doha sont une façade pour légitimer un groupe armé terroriste qui n’a aucune base politique réelle en RDC, en dehors de sa violence. Faire accepter à Kinshasa des concessions sous pression militaire, alors que le RDF/M23 viole systématiquement les cessez-le-feu.
Permettre au Rwanda d’imposer ses conditions sous couvert de « médiation internationale ». Le Qatar, en voulant jouer les médiateurs, donne une tribune à un acteur (le Rwanda) qui est partie prenante du conflit. Les États-Unis, l’UA et le Qatar insistent sur le « dialogue », mais Washington a signé un accord avec le Rwanda fin juin sans exiger son retrait militaire de la RDC.
L’UA reste timide sur les sanctions contre Kigali, malgré les preuves de son ingérence. La Belgique dénonce, mais sans actions concrètes. Résultat ? Le Rwanda gagne du temps, consolide ses gains territoriaux via le M23, et la RDC est contrainte de négocier sous la menace. La présence de Vincent Biruta à Doha est un aveu à peine voilé de la mainmise rwandaise sur le RDF/M23.
Tant que la communauté internationale refusera de désigner clairement Kigali comme agresseur, ces négociations ne seront qu’un théâtre où la RDC est forcée de capituler. Si le RDF/M23 était vraiment congolais, pourquoi aurait-il besoin de son parrain rwandais à la table des discussions ? Sous les apparences d’intelligence et de sagesse, le Rwanda est une industrie du mensonge et des crimes.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
Analyses et points de vue
La trahison ontologique : de la complaisance criminelle et de l’indignité absolue
Le drame de la RD Congo n’est pas une simple tragédie ; c’est une dissection clinique de l’âme humaine confrontée à la tentation du mal. Il ne s’agit plus de géopolitique, d’économie ou de rivalités ethniques. Ces lectures sont des leurres, des rationalisations tardives pour une vérité plus noire, plus philosophiquement accablante.
Nous sommes face à un crime de lèse-humanité perpétré contre un peuple, mais orchestré, facilité et justifié par une catégorie d’individus dont l’indignité est totale : ceux qui, consciemment, ont pactisé avec le projet génocidaire rwandais. Toute analyse qui tenterait de nuancer, de contextualiser ou de compartimenter cette trahison est, en soi-même, une forme de complicité intellectuelle.
Il n’existe pas de raisons valables, seulement des alibis méprisables. L’argument de la realpolitik, de la survie, de l’opportunisme ou de la vengeance devient, dans ce cadre précis, le langage creux de la lâcheté spirituelle. Pactiser avec l’ennemi rwandais – cet État prédateur dont le projet hégémonique est lavé dans le sang génocidaire de 1994 et nourri par une idéologie ethno-nationaliste expansionniste – n’est pas une transaction.
C’est un pacte faustien d’un ordre particulier. Ici, l’âme n’est pas échangée contre la connaissance ou le pouvoir, mais contre une illusion : l’illusion d’être du bon côté de la machette. Le collaborateur congolais, qu’il soit homme politique, militaire, homme d’affaires ou intellectuel, croit utiliser le levier rwandais pour ses ambitions. En réalité, il se nie lui-même. Il devient un instrument conscient de la destruction de sa propre substance nationale.
Il devient un fossoyeur actif du monde qui l’a engendré. Cette trahison est une abdication de la responsabilité ontologique la plus fondamentale : celle d’être un rempart pour les siens. En ouvrant les portes, en légitimant l’ingérence, en fournissant des justifications, en partageant le butin, ces individus ont franchi une ligne non pas morale, mais métaphysique. Ils ont volontairement choisi de se placer en dehors du cercle de l’humanité partagée.
Ils ont préféré le rôle de l’auxiliaire dans l’entreprise de déshumanisation d’autrui. Il est iconoclaste, aujourd’hui, de refuser toute excuse. Notre époque aime les gris, les zones d’ombre, les psychologies des bourreaux. Cette tendance est une faiblesse mortelle. Face à un mal aussi systémique, aussi lucide et aussi fructueux que celui déployé contre le Congo, l’intellectualisme qui cherche à comprendre est un renoncement.
Il faut briser l’idole de la complexité derrière laquelle se cachent les traîtres. La situation n’est complexe que pour ceux qui refusent de nommer le Mal par son nom. Le projet est simple : la prédation, le dépeçage et l’asservissement d’un État et de son peuple, considérés comme un non-être, une simple ressource à exploiter. Ceux qui s’y associent, à quelque niveau que ce soit, adhèrent à cette vision.
Leur indignité n’est pas une question de degré ; elle est binaire. On est digne ou indigne. Et ils ont choisi. Le peuple congolais, dans sa résilience quasi-charnelle, porte en lui la mémoire des souffrances. Cette mémoire n’est pas passive. Elle est un tribunal bien plus implacable que toute cour de justice humaine. Elle jugera, et elle a déjà jugé. Elle identifiera, sans procès et sans appel, tous ceux dont les noms sont gravés.
Non dans le marbre des monuments, mais dans la boue des charniers et dans les larmes des veuves. L’indignité nationale de ces pactisateurs est éternelle. Elle ne sera pas effacée par les réconciliations politiques de convenance, les accords secrets ou les réussites matérielles ultérieures. Ils sont marqués du sceau de Caïn, non par Dieu, mais par l’Histoire qu’ils ont trahie, le peuple Congolais qu’ils ont honni.
Ils ont troqué leur appartenance à un peuple contre une place à la table des vainqueurs éphémères. Mais l’Histoire a un sens long, et la vérité finit toujours par ressurgir des fosses communes. En ces temps de cynisme et de compromission, la seule position intellectuellement tenable et moralement défendable est l’intransigeance absolue. Il n’y a pas de dialogue possible avec la trahison.
Il n’y a pas de rédemption pour ceux qui ont offert leur peuple en pâture. Le combat pour la dignité du Congo passe par le refus catégorique de toute réhabilitation de ces figures de l’ombre. Leur nom doit être associé à l’infamie, leur héritage à la honte. C’est seulement en maintenant cette exigence de pureté éthique, aussi radicale soit-elle, que le Congo pourra, un jour, se reconstruire sur des fondations autres que celles du sang et de la trahison.
Le pardon peut être une vertu chrétienne, mais pour la Nation, le devoir de mémoire et le verdict de l’Histoire sont des impératifs non-négociables. Leur indignité est notre rappel constant de la vigilance nécessaire pour préserver l’âme même de la nation. Mieux vaut la poussière, l’humiliation, la pauvreté et le deuil sur la tête du juste que la pourpre, la richesse, le pouvoir et ses honneurs sur les épaules du traître.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
