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Veuve Annie Chebeya: « John Numbi doit être arrêté ! »

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Depuis que 2 acteurs-clés de l’assassinat du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya et de son chauffeur, Fidèle Bazana, sont sortis de l’ombre, des voix s’élèvent davantage pour réclamer la réouverture de ce procès qui a fait couler encre et salive il y a près d’une décennie.

En effet, les policiers Hergile Ilunga et Alain Longwa ont affirmé avoir fait partie des exécutants, en charge de ce double meurtre le 1er juin 2010. Exfiltrés après leur forfait, puis maintenus en poste sous bonne garde au Katanga pendant 10 ans pour les empêcher de témoigner, les deux militaires déclarent qu’ils ont pris la fuite pour se réfugier dans un pays d’Afrique de l’Est. Ainsi, ils demandent la protection de la communauté internationale, et se disent prêts « à tout raconter » devant la justice.

Revigorée par ces révélations troublantes, Annie Chebeya, veuve de Floribert Chebeya, jointe par RFI, a demandé, ce mardi 9 février 2021, au magistrat suprême, Félix Tshisekedi, de s’impliquer pour la réouverture du procès sur l’assassinat de son mari. “John Numbi doit être arrêté. C’est la vérité qu’on attendait depuis dix ans”, a-t-elle martelé.

Allant jusqu’à solliciter également l’arrestation de Joseph Kabila, cité dans cette affaire, la veuve Chebeya a dit toute sa satisfaction face aux nouveaux éléments apportés par ces deux témoins de l’événement macabre.

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Notons que plusieurs ONG des droits de l’homme, notamment la Fondation Bill Clinton pour la Paix(FBCP), la Voix des Sans Voix( VSV), etc. tiennent aussi à ce que ce procès reprenne, au regard des éléments nouveaux.

Retour sur les témoignages des policiers

Selon l’adjudant Hergile Ilunga, Alain Longwa, quatre autres policiers et lui avaient participé à l’assasinat du président de la Voix des sans voix et de son chauffeur.

Ce 1er juin 2010, rapporte l’adjudant Ilunga du bataillon Simba, responsable de la sécurité et chauffeur du colonel Daniel Mukalay, il est appelé à se rendre à l’Inspection générale de la police avec son véhicule de service. « Nous nous sommes retrouvés dans la cour à six policiers avec le major Christian Ngoy qui est monté voir John Numbi, le chef de la police, et Daniel Mukalay. Christian Ngoy est revenu et nous a expliqué que, sur ordre de la hiérarchie, nous avions une mission à effectuer aujourd’hui. Mais nous ne savions pas de quelle mission il s’agissait », témoigne-t-il.

Un peu avant 17 heures, une voiture Mazda grise faisait son entrée dans la cour de l’Inspection générale de la police. A son bord se trouve le célèbre militant des droits de l’homme congolais, Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana. Le président de la Voix des sans voix (VSV) a rendez-vous avec le patron de la police, John Numbi, un proche du président Joseph Kabila.

Les six policiers mobilisés par Christian Ngoy savent maintenant qu’ils doivent éliminer le défenseur des droits de l’homme et son chauffeur. « Chebeya s’est rendu dans les bâtiments du protocole où se trouvait le major Paul Mwilambwe qui était chargé d’accueillir les visiteurs, raconte Hergile Ilunga. A 19 heures, on nous a demandé d’emmener dans mon véhicule le chauffeur de Chebeya, qui était toujours dans la cour de l’Inspection générale de la police. Dans ma voiture se trouvait le reste de l’équipe : Sadam et Jacques Mugabo. On a menotté Bazana pendant que moi j’étais au volant. Ensuite, on l’a étouffé avec un sac sur la tête et du scotch. On l’a tué dans mon véhicule. »

Le lieu d’inhumation de Bazana est connu

Les policiers viennent ensuite chercher Flobert Chebeya qui attendait toujours son rendez-vous avec John Numbi. Ils l’amènent dans un autre véhicule où se trouvaient le lieutenant Bruno Soti, Doudou Ilunga et Jacques Mugabo, qui était venu les rejoindre. « Ils ont aussi étouffé Chebeya avec un sac sur sa tête et du scotch, affirme Hergile Ilunga. Les deux véhicules sont partis et nous sommes allés dans la concession du général Jajija à Mitendi où une tombe était déjà creusée et nous avons enterré Fidèle Bazana ici. »

Des précisions qui rejoignent le témoignage de Paul Mwilambwe, qui avait déjà indiqué sur un schéma le lieu d’inhumation de Fidèle Bazana lors d’un entretien avec le réalisateur Thierry Michel. Paul Mwilambwe avait visité la parcelle en 2008 avec Christian Ngoy qui désirait l’acheter. Après le double meurtre, ce dernier lui avait alors indiqué que le corps de Fidèle Bazana avait été enterré à cet endroit.

Dorcas Ntumba/CONGOPROFOND.NET


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Joseph Kabila :  L’ex rebelle devenu président, peut-il redevenir rebelle ? ( Tribune de François Anga Kupa, Enseignant d’Universités)

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Mutisme et silence ont toujours entouré la personnalité de J. Kabila. Silencieux et ne parlant que lorsqu’il le faut, insinuent souvent ses proches, mystère sur son vrai tempérament… donnant toujours l’impression de ne pas faire de la politique au sens strict du terme, personne n’est aujourd’hui capable de dire ce qu’a réellement été J. Kabila.

La biographie officielle de JKK affirme qu’il est né le 4 juin 1971 à Hewa Bora, Sud-Kivu (RDC). Après la fuite de Laurent-Désiré Kabila, opposant à Mobutu, qui est présenté par ses biographes comme son père, la famille s’est installée en exil en Tanzanie, notamment dans la région de Kigoma et autour du lac Tanganyika. C’est là que Joseph Kabila a passé une grande partie de son enfance et de son adolescence, souvent dans des conditions de vie modestes, loin des projecteurs.

Durant cette période, il aurait fréquenté des écoles locales. Il aurait étudié dans des académies militaires en Chine et en Tanzanie, bien que des détails précis sur ses études restent assez flous. Plus tard, il aurait reçu une formation militaire en Tanzanie. Ce séjour en Tanzanie a aussi renforcé ses liens avec les mouvements rebelles de la région des Grands Lacs, où son père préparait sa prise de pouvoir. Il a donc passé une grande partie de sa jeunesse entre la Tanzanie, la Zambie et l’Ouganda, dans un contexte de lutte armée avec Laurent-Désiré Kabila.

Joseph Kabila commence sa carrière comme officier dans les forces armées. Après la prise de pouvoir de son père rebelle en 1997 sous la direction de l’AFDL, il est promu à des postes importants, notamment dans la sécurité présidentielle et l’armée.

À la suite de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier 2001, Joseph Kabila est désigné pour lui succéder à l’âge de 29 ans. Il devient ainsi le plus jeune chef d’État africain à ce moment-là. En 2006, il organise les premières élections démocratiques depuis plus de 40 ans. Il est élu président après un second tour contre Jean-Pierre Bemba. En 2011, il est réélu dans un climat tendu et contesté face à Étienne Tshisekedi. Il refuse de quitter le pouvoir à la fin de son mandat constitutionnel en décembre 2016, ce qui entraîne une grave crise politique. Le CLC, un groupe de catholiques laïcs soutenu par l’Église, a organisé des marches pacifiques en décembre 2017, janvier 2018 et février 2018 pour exiger le départ de Kabila, l’organisation rapide des élections et le respect de la Constitution. Les manifestants, souvent avec des bibles, chapelets et croix, sortaient des paroisses après la messe pour marcher pacifiquement. Ces marches ont été violemment réprimées par la police et l’armée, avec utilisation de gaz lacrymogènes et tirs à balles réelles. Il y eut plusieurs morts (la plus célèbre fut la jeune fille catholique Thérèse Kapangala) et de nombreux blessés recensés. De nombreux prêtres et fidèles furent battus ou arrêtés. À l’époque, le régime Kabila a accusé l’Église de faire de la politique.

En 2019, il quitte finalement la présidence en janvier après l’élection de Félix Tshisekedi, marquant la première transition pacifique du pouvoir en RDC depuis l’indépendance. De ce fait, Kabila devient sénateur à vie, comme le prévoit la Constitution. Discret sur sa vie privée, Joseph Kabila est marié à Olive Lembe di Sita depuis 2006, avec qui il a 2 enfants. Il est passionné par la nature, notamment l’agriculture et l’élevage. Son long maintien au pouvoir malgré la fin de son mandat a suscité de nombreuses critiques. Il est souvent accusé, avec son entourage, de mauvaise gouvernance, de corruption et de violations des droits humains.

La rébellion AFC/M23

En 2025, l’Alliance pour le Fleuve Congo et le Mouvement du 23 Mars (M23), soutenus par le Rwanda, ont intensifié leurs offensives dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), capturant des villes stratégiques et exacerbant la crise humanitaire.

Le M23 est né en 2012, sous la présidence de Joseph Kabila Kabange, d’une scission au sein de l’ex-rébellion du CNDP, principalement composée de Tutsis congolais. Il a été formé en réponse à ce que ses membres considéraient comme un non-respect de l’accord de paix de 2009, notamment l’intégration insuffisante des Tutsis au sein des institutions congolaises. L’Alliance Fleuve Congo (AFC) est une plateforme politico-militaire dirigée par Corneille Nangaa, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Née en décembre 2023 à Nairobi, cette coalition regroupe plusieurs groupes rebelles actifs dans l’est du pays, dont le FRPI, PARECO, Twiraneho et Chini Ya Kilima. Corneille Nangaa a lancé l’AFC en exil, après avoir quitté la RDC en raison de poursuites judiciaires pour corruption et détournement de fonds électoraux. L’objectif affiché de l’AFC est de refonder l’État congolais en résolvant les causes profondes des conflits récurrents, notamment à travers la mise en place d’un État fédéral après la conquête de Kinshasa.

Depuis janvier 2025, l’AFC, en coalition avec le M23 soutenu par le Rwanda, a intensifié ses offensives dans l’est de la RDC. Les rebelles ont capturé des villes stratégiques telles que Goma et Bukavu, et ont annoncé leur intention de marcher sur Kinshasa.

L’avancée de cette coalition a provoqué une crise humanitaire majeure, avec plus de six millions de déplacés internes, des violences sexuelles généralisées, et une déstabilisation des structures de l’État congolais dans l’Est. La population civile paie un lourd tribut à ce conflit. En réponse, le gouvernement de Kinshasa a renforcé sa coopération militaire avec les forces régionales, notamment les troupes burundaises et sud-soudanaises, et a relancé des campagnes de recrutement dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

L’objectif déclaré du gouvernement est de stopper l’avancée des rebelles, de reprendre le contrôle des territoires conquis et de restaurer l’autorité de l’État. Toutefois, les forces loyalistes peinent à contenir les offensives rebelles, en raison de la complexité géopolitique de la région, de l’implication du Rwanda, et de la fragmentation interne des FARDC. Ce contexte alimente une polarisation politique à Kinshasa, avec des accusations de trahison et des soupçons sur les anciens alliés du régime Kabila.

Le rôle controversé de Joseph Kabila

Joseph Kabila Kabange, ancien président de la RDC, est accusé par plusieurs sources de jouer un rôle trouble dans la crise actuelle. Bien que retiré officiellement de la vie politique active depuis 2019, il conserve une influence importante à travers le Front Commun pour le Congo (FCC), une coalition politique qui contrôle plusieurs institutions, notamment au Sénat.

Des rumeurs persistantes évoquent des contacts entre des cadres du FCC et les dirigeants de l’AFC, notamment Corneille Nangaa, ancien allié de Kabila. Ces soupçons sont alimentés par des déclarations publiques de Nangaa, qui affirme bénéficier de soutiens internes puissants en RDC. Le gouvernement actuel soupçonne des réseaux kabilistes de faciliter, voire de coordonner, certaines opérations rebelles, en vue de déstabiliser le régime de Félix Tshisekedi et préparer un retour de Kabila ou de ses proches aux affaires. Certaines sources militaires affirment que des officiers fidèles à l’ancien président saboteraient les efforts de guerre de l’armée régulière.

De plus, plusieurs personnalités proches de l’ancien président Kabila ont été interpellées ou interrogées pour leurs liens présumés avec l’AFC. Ces arrestations alimentent la thèse d’une cinquième colonne au sein de l’appareil d’État. L’attitude de Kabila lui-même reste énigmatique. Il ne s’est pas exprimé publiquement sur la crise actuelle, ce qui alimente toutes les spéculations. Pour certains observateurs, ce silence est une stratégie délibérée : attendre l’effondrement du régime actuel pour apparaître comme recours. Pour d’autres, Kabila ne disposerait plus des leviers nécessaires pour influencer réellement les événements.

Un retour possible à la rébellion ?

L’hypothèse d’un retour de Kabila à la rébellion peut sembler extravagante, mais elle n’est pas entièrement à exclure, au regard de son parcours personnel. Fils d’un ancien chef rebelle, lui-même formé dans des maquis, il a accédé au pouvoir par la guerre. Le recours à la force lui est familier. De plus, plusieurs anciens compagnons de lutte de son père sont aujourd’hui actifs au sein de l’AFC, notamment dans la branche militaire. L’hostilité croissante entre l’ancien président et le régime actuel, les humiliations subies par ses proches, et les poursuites judiciaires engagées contre certains membres de son clan pourraient le pousser à envisager une revanche.

Cependant, un retour à la rébellion serait risqué et difficile à justifier sur la scène internationale. Kabila jouit encore d’un statut d’ancien chef d’État, membre du Sénat à vie. S’engager ouvertement dans une guerre contre la République serait perçu comme une trahison. En outre, son capital politique est en déclin, surtout dans les grandes villes. Il risquerait de perdre le peu de légitimité qu’il lui reste.

Conclusion

La situation actuelle de la RDC est l’une des plus graves de son histoire récente. Une rébellion composite, bien armée, avance vers la capitale. Le régime en place est fragilisé. Dans ce contexte, le rôle des anciens dirigeants, et en particulier de Joseph Kabila, devient crucial. Si l’ancien président est innocent des accusations qui circulent, il lui revient de le démontrer par un discours clair, une condamnation explicite des rebelles, et un soutien sans ambiguïté aux institutions républicaines. S’il reste silencieux, il risque d’être considéré, à tort ou à raison, comme complice d’un projet de déstabilisation nationale.

François Anga Kupa ( Enseignant à Domuni Universitas/Toulouse & Université Ste Élisabeth/Durba)

 

 


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