À la Une
UNICEF, RTBF, Hélico Tronc et CAJED Ong soupçonnés de « visées mercantiles » dans la production du film « Katika » sur les enfants soldats en RDC ( Communiqué RENADHOC)

Le Réseau National des ONG des Droits de l’Homme en RDC( RENADHOC), est outré par la mise en scène éhontée des enfants sortis des groupes armés et encadrés par l’ONG CAJED (financé par l’UNICEF) dans son Centre de Transit et d’Orientation (CTO) à Goma, dans la province du Nord-Kivu.
En effet, dans un film produit par Hélico tronc et RTBF dont le RENADHOC a pris connaissance grâce à ses partenaires à l’étranger ; et après l’avoir visionné plus d’une fois et avec une attention soutenue, on y voit des enfants vulnérables et en situation
difficile reproduire des scènes de violence et d’horreur, susceptibles d’accentuer et d’aggraver leur traumatisme, et par conséquent, de compromettre leur avenir !
Alors que la mission première (telle que définie dans ses statuts) de l’ONG CAJED (Concert d’Actions pour Jeunes et Enfants Défavorisés), censés les encadrer, est par contre d’accompagner ces enfants sortis des groupes armés et en situation d’extrême vulnérabilité vers leur resocialisation, à travers une prise en charge comprenant des
services de protection, l’accès aux services de santé, une éducation, un soutien psychosocial et d’opportunités de réinsertion. La finalité étant d’aider ces enfants à surmonter leur traumatisme et la violence. Or, le film, de bout en bout, n’a mis en évidence que des actes de violence et d’horreur, notamment des scènes de guerre, de
vol, de bagarres (dans lesquelles d’ailleurs un enfant a même été blessé et a gardé son bandage/pansement jusqu’à la fin du film), d’agression verbale, d’égorgement de bêtes, …, reproduits par des enfants censés pourtant jouir d’une protection spéciale compte tenu de leur situation exceptionnelle.
L’article 39 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant martèle à ce sujet que la réadaptation et la réinsertion de cette catégorie d’enfants devraient se dérouler dans des conditions qui favorisent la santé, le respect de soi et la dignité de l’enfant.
Pour le RENADHOC, ce film viole gravement les droits de l’enfant énoncés dans la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, dans la mesure où dans ses dispositions, celle-ci met un accent appuyé sur l’intérêt supérieur des enfants dans toutes les actions et mesures les concernant.
En sus, la Loi N°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant insiste sur le caractère vulnérable de l’enfant et sur la prise en compte de son intérêt supérieur.
Dans son exposé des motifs, il est clairement indiqué que « La condition de l’enfant dans le monde en raison de sa vulnérabilité, de sa dépendance par rapport au milieu, de son manque de maturité physique, intellectuelle et émotionnelle, nécessitant de soins spéciaux et une protection particulière n’a cessé d’interpeller depuis un certain temps la communauté internationale et nationale ». Et dans son article 6, il est explicitement mentionné que « L’intérêt supérieur de l’enfant doit être une préoccupation primordiale dans toutes les décisions et mesures prises à son égard. Par intérêt supérieur de l’enfant, il faut entendre le souci de sauvegarder et de privilégier à tout prix ses droits. Sont pris en considération, avec les besoins moraux, affectifs et physiques de l’enfant, son âge, son état de santé, son milieu familial et les différents aspects relatifs à sa situation ».
Au vu de toutes ces dispositions, le RENADHOC s’interroge sur les motivations réelles et les objectifs visés par ce film ? A première vue, cette production cinématographique aurait sans nul doute des visées mercantiles, d’autant plus que dans sa conclusion, une invitation est lancée aux personnes désireuses de parrainer un enfant sorti des groupes armés (www.katikabluu.org).
Le RENADHOC condamne ainsi fermement l’exploitation des enfants à des fins lucratives et prie, en conséquence, le gouvernement congolais à se pencher sur le dossier pour que les auteurs et coauteurs de ce film répondent de leurs actes devant la justice. Car, il est incompréhensible, voire malsain de constater qu’un film produit en République Démocratique du Congo, avec des enfants congolais, ne soit pas diffusé dans le pays, et qu’il soit exclusivement destiné à la consommation extérieure !
Aussi, le RENADHOC ne comprend pas non plus l’indifférence et le silence de l’UNICEF/RDC sur la production et la diffusion dudit film, qui semble jeter un discrédit sur son image et sur son immense action en faveur des enfants congolais. D’autant que ce film viole visiblement les principes cardinaux qui guident tout le travail de l’UNICEF, résumés dans ce slogan : « Pour chaque enfant, tous ses droits ».
Le RENADHOC note également que dans sa mission de favoriser le plein épanouissement des enfants, l’UNICEF œuvre pour que les droits de l’enfant s’inscrivent dans une éthique sociale et un code de conduite international en faveur des enfants, en vue de les protéger contre la violence, l’exploitation, les abus, la négligence et les pratiques néfastes.
De ce qui précède, le RENADHOC invite instamment l’UNICEF/RDC à prendre de toute urgence des mesures appropriées et correctives pour stopper la diffusion de ce film et sanctionner, le cas échéant, tous les membres de son personnel impliqués dans ce marchandage.
Par ailleurs, le RENADHOC prie le gouvernement congolais, et singulièrement les ministères ayant le bien-être de l’enfant dans leurs attributions, de jouer réellement et
efficacement leur rôle pour assurer et garantir la protection sans faille des enfants congolais contre toutes sortes d’abus, et ce, conformément aux prescrits de la Loi portant protection de l’enfant et de la Convention internationale relative aux droits de
l’enfant.
A cet effet, le RENADHOC rappelle à la meilleure attention du gouvernement quelques dispositions pertinentes de la Loi portant protection de l’enfant, notamment :
– Article 72 : L’Etat garantit la protection, l’éducation et les soins nécessaires aux enfants affectés par les conflits armés, les tensions ou troubles civils, spécialement à ceux trouvés et non identifiés par rapport à leur milieu familial.
– Article 73 : L’Etat assure la réadaptation et la réinsertion de l’enfant en situation difficile et/ou exceptionnelle.
Le rôle de l’Etat est également réaffirmé dans la Convention relative aux droits de l’enfant :
– Article 3 :
1. Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de
l’enfant doit être une considération primordiale.
2. (…)
3. Les Etats parties veillent à ce que le fonctionnement des institutions, services et établissements qui ont la charge des enfants et assurent leur protection soit conforme aux normes fixées par les autorités compétentes, particulièrement dans le domaine de la sécurité et de la santé et en ce qui concerne le nombre et la compétence de leur personnel ainsi que l’existence d’un contrôle approprié.
– Article 39 : Les Etats prennent toutes les mesures appropriées pour faciliter la réadaptation physique et psychologique et la réinsertion sociale de tout enfant victime de toute forme de négligence, d’exploitation ou de sévices, de torture ou de toute autre forme de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ou de conflit armé. Cette réadaptation et cette réinsertion se déroulent dans des
conditions qui favorisent la santé, le respect de soi et la dignité de l’enfant.
En conclusion, et en ce mois de la célébration de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le RENADHOC demeure convaincu que pour l’intérieur supérieur des enfants, des mesures idoines et des décisions conséquentes seront prises dans le meilleur délai par l’Etat congolais et l’UNICEF/RDC pour que les enfants congolais et plus particulièrement ceux qui sont sortis des groupes armés soient mieux encadrés et que leur réadaptation et leur réinsertion dans la société soit une réussite totale, et qu’ils soient protégés contre toute sorte d’abus et d’exploitation de quelque nature que ce soit. L’avenir du pays et de l’enfant en dépend largement !
Nous restons saisis de la question pour continuer à défendre tous les droits de l’homme en République Démocratique du Congo.
Fait à Kinshasa, le 14 décembre 2023
Pour le RENADHOC,
Franck CITENDE
Secrétaire exécutif national
À la Une
Kinshasa : Le braqueur « Congo » balance tout et accuse des officiers supérieurs

Pris en flagrant délit lors d’une tentative de braquage ratée à Mont-Ngafula, le tristement célèbre braqueur « Congo » fait des révélations explosives depuis son lit de douleur. Il met en cause plusieurs hauts gradés de l’armée et de la police, accusés d’être les cerveaux de ses opérations criminelles.
Il est allongé au sol, blessé, le souffle court. La vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre « Congo », l’un des braqueurs les plus redoutés de Kinshasa, confessant avec une étonnante lucidité les dessous de ses crimes. Ce bandit multirécidiviste, arrêté pour la troisième fois, parle sans filtre : noms, opérations, complicités internes… tout y passe.
Selon ses dires, plusieurs attaques à main armée survenues à Lemba, en avril et juin 2025, ont été organisées par un certain Colonel Ramazani, présenté comme le cerveau de l’opération. Il cite également un commandant Imoti, chef d’escorte, comme celui qui aurait facilité son évasion de l’auditorat militaire le mois précédent, en échange de 1 200 dollars américains envoyés via Mobile Money. « Mon complice Panzu avait pris une arme à un militaire, et moi, je suis allé chercher une moto pour le transporter », confesse-t-il, visiblement affaibli.
« Congo » affirme que lors du braquage d’un shop au terminus de Lemba, ils étaient sept membres du gang, dont lui-même, John, Éric, Samson, Danny, Jonathan, etc. Certains seraient des conducteurs de taxi-motos. Cette même équipe serait responsable du braquage d’une chambre froide à Lemba, d’un autre forfait à Salongo, à la terrasse du boxeur Martin Bakole, etc.
A Lemba, indique-t-il, c’est son complice Panzu qui avait abattu un policier voulant intervenir.
Balançant ses deux autres complices, Éric et Samson, Congo précise qu’ils sont en l’instant en fuite à Mbuji-Mayi, alors qu’un autre est à Boma. « A UPN, c’est une équipe dirigée par Muluba qui est auteur du braquage spectulaire qui y a eu lieu… »,a-t-il déclaré.
Fin de cavale à Mont-Ngafula
Le jeudi 12 juin 2025, le gang a tenté un nouveau coup à Mont-Ngafula, précisément dans le quartier Masangambila, sur l’avenue Tshakwiva. Mais cette fois-ci, leur cavale s’est heurtée à la réactivité des unités de la Police nationale congolaise.
C’est après une course-poursuite engagée sur la route By-pass, à la hauteur de l’arrêt « Bel Air », que la voiture des braqueurs, en mauvais état, est tombée en panne. Une aubaine pour les forces de l’ordre qui ont rapidement maîtrisé la situation. Grièvement blessé par balle, le chef du gang « Congo » a été capturé sur-le-champ.
Les habitants du quartier ont salué la rapidité et l’efficacité des policiers, alors que l’enquête a été confiée aux autorités compétentes.
Des complicités au sommet ?
Les accusations de « Congo » jettent une lumière crue sur l’ampleur des complicités au sein même de l’appareil sécuritaire. Si ses dires sont confirmés, il s’agirait d’un véritable réseau mafieux mêlant criminels de terrain et officiers en uniforme.
La Police nationale appelle à la vigilance et à la collaboration de la population pour faire tomber ces réseaux tentaculaires et rétablir la sécurité dans la capitale congolaise.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET