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Une création signée Jeanpy Kabongo : Des photos sur des tapis Kuba pour construire un pont entre le présent et le passé
» Dans ma création j’associe le textile Kuba avec mes photos. De là, j’essaie d’illustrer l’union d’un passé et d’un présent », nous explique ce jeune artiste visuel. S’inspirer d’une époque précise de l’histoire pour mieux vivre le présent avec ses difficultés et impasses, ce que veut relever Jeanpy Kabongo dans cette collection d’œuvres photographiques qu’il présentera dans les prochains mois. Dans cette visite, en avant-première dans son atelier de travail à Kinshasa, il dévoile ses motivations et le message derrière ces œuvres.

Technique de scène claire obscure pour prendre des photos, qui sont par la suite posées sur des tapis Kuba, -une tribu du centre de la RDC-, idéalement confectionnés à la manière traditionnelle, pour aboutir à une sorte de tableau unique en son genre. Une dizaine est déjà en prête et d’autres encore sont en cours. Jeanpy veut en faire un style propre pour aborder également d’autres sujets liés toujours à l’identité culturelle.
Sur ce premier lot, on s’aperçoit de l’image d’un enfant qui revient dans tous les tableaux, avec, à chaque fois, un regard qui ne laisse pas indifférent.
« Sur ces images ici, j’ai voulu représenter un regard qui nous ramène à nous-mêmes. Est-ce qu’on a un esprit saint et un esprit éclairé ou on a un esprit obscur sur ce qu’on est en train de vivre chaque jour. Le regard de l’enfant soutien notre regard pour exactement nous demander sur quoi est-ce qu’on veut se focaliser », a expliqué l’artiste.

Dans la tête de Jeanpy Kabongo
De prime à bord, l’artiste ne veut pas s’associer à la tendance générale selon laquelle, tout le monde veut retourner dans le passé pour prendre quelque chose de l’Afrique d’une façon un peu exotique et de le présenter. Sur le plan personnel, ses œuvres constituent une réconciliation avec lui-même, car faisant partie, à une certaine période, de ces jeunes qui négligeaient leur culture. Il s’est fait rattraper après ses humanités artistiques, avec son passage en Inde où l’attachement à la culture et la spiritualité est quasi indéfectible.
Dès son retour au pays, il a entamé l’opération de reconnection avec son histoire. Par des recherches, il est parvenu à trouver ce qui l’a captivé.
« J’ai fait beaucoup de recherches jusqu’à ce que j’ai eu l’opportunité de collaborer dans le projet “Esprit des ancêtres”, où on a travaillé avec des stagiaires de Tervuren qui nous ont procurés des ouvrages qui parlaient de l’histoire de l’Afrique, dans lesquels on avait expliqué plus au moins certaines inventions africaines. C’est de là que je suis tombé sur le textile kuba », explique Jeanpy Kabongo.
Et d’ajouter : « Je me suis décidé de me pencher sur le textile, parce que c’est une invention pure où l’homme va à la ressource de la nature et arrive à produire quelque chose qui lui sert à vivre dans la vie quotidienne. L’ingéniosité qui est derrière cette création m’a vraiment fasciné que j’ai voulu intégrer ça dans le travail artistique de la photographie »
Jeanpy Kabongo est un cinéaste congolais né en 1993 dans la province du Kasaï oriental. Diplômé de l’Institut des Beaux-Arts de Kinshasa, en 2012, il part faire ses études supérieures en Inde où il suit une double formation en informatique et en cinéma. En 2016, il va plus travailler dans les milieu d’audiovisuel, en approfondissant ses connaissances dans le cinéma et la photographie. Depuis 2018 il vit et travaille à Kinshasa.

Le tapis Kuba…
A base de textile depuis le 17ème siècle dans le royaume Kuba, en RDC, ces tapis sont uniques grâce à leur élaboration et la complexité de leur conception et leur qualité décorative. La plupart des textiles sont une variation de pièces rectangulaires ou carrées de fibres de feuilles de palmier tissées, rehaussées des motifs géométriques exécutés en broderie linéaire et d’autres points, qui sont coupés pour former des surfaces de poils ressemblant à du velours.
La présence du textile Kuba dans le travail de Jeanpy Kabongo s’explique par le fait qu’il représente la sagesse et tout ce qui est invention du passé. Ses tableaux représentent donc l’esprit d’un peuple emprisonné dans son mental par l’obscurité et l’ignorance et qui se reconnecte car sachant désormais où il va, ce qu’il fait. Cela pour inviter à un retour à l’histoire d’où pourrait venir la lumière souhaitée pour mettre de l’ordre dans le présent.
« Après avoir fait des recherches sur l’ancestralité, j’ai retrouvé quelque chose, qui, aujourd’hui nous manque. Malgré qu’on prétend être une nouvelle génération, il y a beaucoup de choses qui manquent dont le génie créateur. On passe beaucoup plus de temps à consommer ce que d’autres peuples créent au lieu de ce que nous-même, on crée. Ce qu’on arrive à créer, on le crée avec beaucoup de maladresses et on a difficilement de la qualité », s’inquiète Jeanpy.
Et d’ajouter : « La découverte de textile Bakuba m’a permis de retrouver un peuple qui se donnait du mal à réaliser des choses de qualité. Tout se fait à la main et tout exige un temps vraiment énorme partant de la cueillette des fibres de raphia jusqu’au tissage, jusqu’à l’atteinte »
Somme toute, ces œuvres joueront à faire voir les choses différemment, à soulever l’instinct créateur de ce qui résiste au temps.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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« Les richesses de nos sous-sols doivent cesser d’alimenter la guerre » (Floribert Anzuluni)
À l’ouverture de la neuvième réunion des ministres en charge des Mines de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), le ministre de l’Intégration régionale, Floribert Anzuluni, a lancé un appel en faveur d’une gestion responsable des ressources naturelles. Dans son discours prononcé à Kinshasa, il a insisté sur la transformation des richesses minières en moteur de stabilité et de développement, et non en source de conflit.
Le ministre a salué la vision du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, futur président en exercice de la CIRGL, qui ambitionne de faire des minerais un levier de prospérité pour les populations locales. Il a rappelé que la région des Grands Lacs, bien que riche en ressources, reste prisonnière du « paradoxe de l’abondance » : un espace où l’or, le coltan et l’étain, censés nourrir le progrès, continuent de financer la violence et la misère.
Floribert Anzuluni a plaidé pour un renforcement urgent des mécanismes régionaux de certification et de traçabilité, afin de couper les circuits de contrebande qui profitent aux groupes armés. Pour lui, « la souveraineté des États sur leurs ressources naturelles doit être défendue avec rigueur », en s’appuyant sur le protocole de la CIRGL contre l’exploitation illégale, signé il y a près de deux décennies.
Clôturant son intervention, le ministre a invité les pays membres à travailler main dans la main pour transformer les minerais en un véritable ciment d’intégration économique régionale. « Si nos ressources servent la paix, alors la région des Grands Lacs deviendra enfin le cœur battant du développement africain », a-t-il conclu sous les applaudissements.
Dorcas Mwavita
