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Un jour, un club : Sanga Balende dans un sommeil profond

Sa Majesté Sanga Balende a à nouveau essuyé une défaite à domicile, le dimanche 09 février, au stade Kashala Bonzola, en perdant (0-1) face à la Jeunesse sportive Groupe Bazano. L’équipe de Mbuji Mayi passe des moments délicat et poursuit sa descente aux enferts au championnat national de la Linafoot.
Les sangs et or de Mbuji-Mayi passent une deuxième saison craintive: 17 matchs joués, dont 4 victoires seulement, 5 matchs nuls et 8 défaites! Un bilan pas à l’auteur de cette équipe qui a joué l’interclubs de la CAF il y a 5 ans et qui, il y a deux ans, était champion de la mi-saison au championnat national.
17 points et 13e au classement partiel, soit avant les équipes de la zone rouge, Sanga Balende prolonge son profond sommeil dans cette 25e édition de la Linafoot.
Des résultats qui s’expliquent, certainement, par le jeu proposé par l’entraîneur Jean-Pierre Ndonda. En effet, autant techniquement que collectivement, le club n’y est pas.
Mais on peut également s’interroger sur la gestion plus que hasardeuse du club par ses dirigeants. L’ancien gouverneur de province, Ngoy Kasandji, aujourd’hui sénateur, est jusqu’à preuve du contraire le président de ce club. Mais depuis un temps, l’homme ne cesse de briller par son absence; même quand l’équipe joue à Kinshasa, il ne se présente pas. L’effort qu’il fournissait quand il était gouverneur n’est plus visible.
Sanga balende va jouer ainsi sa survie sur les 13 derniers matchs du championnat, sinon la porte de relégation sera grandement ouverte pour les sangs et or.
Un Jour, un Club
Notons par ailleurs, que la rédaction sportive de CONGOPROFOND.NET a pris l’engagement de vous fournir les plus amples informations des clubs de la ligue I et II de la RD Congo dans sa nouvelle rubrique : Un jour, un club.
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR