Connect with us

À la Une

Tribune: les limites du discours souverainiste (Prof Patience Kabamba, anthropologue)

Published

on

Au sujet des résultats du vote du 30 décembre 2018 nous avions entendu beaucoup de discours aux allures souverainistes. Convaincue des tricheries de grande envergure, l’Union Africaine qui, pour la première fois, voulait intervenir pour restaurer la vérité des urnes, s’est vu opposer une fin de non recevoir au non de la souveraineté nationale.

Le discours souverainiste a donc servi d’alibi pour cautionner des irrégularités que le monde entier a vues et condamnées. Il faut laisser le Congo, un pays souverain définir sa démocratie et sa vérité à elle-même si c’est de la contre-vérité pour la grande majorité des Congolais et pour la planète toute entière.

Au-delà de l’écume journalistique, si nous entrons en profondeur, et nous analysons froidement ce qui vient de se produire au Congo, nous nous apercevrons que nous venons de produire une manière souveraine de définir la vérité qui n’a plus rien à avoir avec la compréhension universelle scholastique enseignée dans nos écoles : « adequatio rei intellectus » (adéquation entre l’objet et son intellection). La définition de la vérité devient dépendante du milieu et donc non-universelle. La souveraineté étatique réclamée par le pouvoir Congolais signifierait aussi la souveraineté de définir ce que c’est la vérité pour le Congo.

Présentement, nous avons souverainement décidé que le vrai n’est pas défini par les faits mais plutôt par celui qui interprète les faits et décide de manière souveraine ce que le monde devrait accepter comme vrai. D’après des nombreux observateurs avertis, nationaux comme internationaux, Monsieur Fayulu avait gagné les élections du 30 Décembre 2018 avec 60% des suffrages exprimés et Monsieur Tshisekedi et Monsieur Shadary venaient respectivement en deuxième et en troisième position avec chacun plus ou moins 20% des suffrages exprimés. Ces faits n’ont pas été contredits par la commission électorale qui a organisé les élections.

Au contraire une fuite des résultats de son serveur confirme bel et bien les faits démontrés par les autres observateurs dont la CENCO. Nous avons tous unanimement observé ce fait que nous pourrions considérer comme la vérité des urnes. Mais, dans un Congo souverain, il ne suffit pas de constater les faits pour qu’ils soient proclamés comme vrais, encore faut-il que le pouvoir souverain les déclare tels. Le vrai est ainsi dépendant de celui qui le proclame comme vrai indépendamment du fait qu’il puisse paraitre aux yeux de tous universellement comme adéquation de l’objet (ici les résultats) et de son intellection (notre façon de classer le gagnant qui a obtenu le plus grand pourcentage).

Des évêques membres de la CENCO lors de travaux du dialogue national inclusif à Kinshasa, le 09/12/2016. Radio Okapi/Ph. John Bompengo.

Cette nouvelle définition du vrai est dite souveraine et ne devrait souffrir d’aucune critique surtout pas extérieure. Les voisins ou les étrangers en général n’ont rien à dire dans notre manière de définir le vrai car nous sommes un pays souverain ; c’est le discours que nous entendons aujourd’hui de la part du pouvoir Congolais. La nouvelle trouvaille est que le vrai est lié au contexte et n’a plus rien à avoir avec une acceptation universelle des faits. Selon l’Etat Congolais souverain, Fayulu a perdu les élections avec 60% des voix et Tshisekedi es a gagné avec 20% des voix exprimées. Monsieur Nangaa, le président de la CENI et les juges de la cour constitutionnelle ont défini le vrai ainsi et tout autre discours est contraire à la souveraineté du Congo. Voilà où nous en sommes.

Qu’est-ce que la souveraineté ?

Avant d’être définie dans un rapport entre les Etats, la souveraineté est d’abord une valeur inaliénablement attachée à l’être humain. Comme individus, nous sommes souverains de part le fait que nous soyons de la race humaine. Nous jouissons du fait que nous ne pouvons pas être objectivables, ni monnayables, ni réduits en esclavage par une dictature. La souveraineté est fondamentalement liée à l’individu que nous sommes, c’est un attribue ontologique de notre être humain. Elle exige donc que nous soyons traités avec décence, respect et déférence. Un discours souverainiste dans un pays qui traite son peuple comme des objets, des esclaves, et des pauvres à qui on impose une vision dictatoriale de la vérité, et qui sont massacrés, tués lorsqu’ils osent protester, est simplement un oxymore ou un discours démagogique.

Ceux qui de l’extérieur ou de l’intérieur embrassent ce discours sont complices non seulement de la contradiction véhiculée par ce discours, mais aussi de l’objectivation de l’être humain que le discours souverainiste encourage.

La souveraineté entre Etats et que réclame le pouvoir Congolais est ontologiquement secondaire à la souveraineté individuelle comme être humain. La où l’on traite les gens comme des objets qui doivent attendre de leur chefs ce qu’ils doivent penser ou comprendre comme vrai, la où l’on traite les Congolais comme des pauvres gens sans génie du peuple, la où l’on fait mourir de faim le peuple, le discours souverainiste est tout simplement une démagogie. Le peuple qui dans son génie s’est choisi un leader qui répondrait à ses aspirations a été moqué au nez par Nangaa et les juges de la cour constitutionnelle. Aucun discours souverainiste ne saura nous cacher ces réalités.

De plus tous ceux qui chantent la souveraineté, le refus de l’ingérence des autres dans les affaires intérieures du Congo où l’on insulte le peuple congolais, nous offrent une contraction inimaginable. Comment expliquez-vous que les souverainistes vont se faire soigner en dehors du pays ? Comment expliquer que les souverainistes envoient leurs enfants étudier a l’étranger ?

Je termine en réaffirmant que le peuple a un génie. Il y a du génie dans le peuple Congolais. C’est ce génie qui lui a fait choisir Fayulu pour diriger son destin. Ce génie lui rendra aussi sa souveraineté individuelle et collective volées et galvaudées. Les choses arrivent en y travaillant. En enseignant aux enfants qu’ils jouissent d’une souveraineté inaliénable comme personne humaine.

A toute occasion nous devons rappeler à ceux qui prétendent nous représenter que nous ne sommes pas des objets des discours, mais des sujets d’une histoire que nous continuons à construire dans le combat pour notre souveraineté individuelle inaliénable !

 

CONGOPROFOND.NET


There is no ads to display, Please add some
Spread the love

À la Une

Célébration de 10 ans du Code des Assurances : « bilan et perspectives pour un secteur plus résilient »

Published

on

Le ministère des Finances, en collaboration avec l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA), a célébré ce mercredi 19 mars 2025, le 10ᵉ anniversaire de la promulgation du Code des Assurances en République Démocratique du Congo. Placée sous le thème « 10 ans du Code des Assurances : Bilan, enjeux et perspectives pour un secteur d’assurance plus résilient et inclusif », cette conférence a réuni les principaux acteurs du secteur afin d’évaluer les progrès réalisés et les défis restants. L’événement s’est tenu au Centre culturel et artistique des pays d’Afrique centrale, en face du Palais du Peuple.

La rencontre a débuté par le mot de bienvenue prononcé par le Directeur de cabinet du ministre des Finances, qui a souligné l’importance de cette commémoration pour le développement du secteur des assurances en RDC.

Prenant la parole, le Professeur Émérite Gérard Balanda Mikuin, avocat au barreau près la Cour de cassation et Conseil d’État, est revenu sur l’histoire de la Société Nationale d’Assurances (SONAS), créée en 1966. Il a précisé que contrairement à certaines idées reçues, la SONAS n’avait jamais bénéficié de fonds publics pour son lancement.

« Sa création a été financée par des fonds propres de son premier Directeur Général, Baudouin Kabisi et de son assistant », a-t-il affirmé.

De son côté, J.B. Dinanga, représentant du président de l’Association des Contrôleurs des Assurances en Afrique Centrale (ACAC), a mis en lumière le faible taux de pénétration des assurances dans le pays.

« Le taux de pénétration des assurances reste faible, alors que les dégâts sont nombreux. La solution est de renforcer le contrôle des assurances obligatoires », a-t-il plaidé.

Le ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde a pris la parole pour présenter un état des lieux du marché des assurances en RDC, mettant en avant les progrès réalisés depuis la libéralisation du secteur. Il a notamment insisté sur : L’augmentation du nombre de sociétés d’assurance depuis l’ouverture du marché, ce qui a permis une plus grande diversité d’offres et une meilleure couverture des risques, des défis liés à l’application effective des assurances obligatoires, pointant du doigt la nécessité d’un contrôle accru pour garantir le respect des obligations légales, L’importance de l’éducation financière et de la sensibilisation du public afin de renforcer la culture de l’assurance en RDC et les perspectives d’avenir, avec l’ambition de rendre le secteur plus inclusif et de favoriser son expansion à travers des réformes adaptées.

Bilan et perspectives : la vision de l’ARCA

L’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA) a présenté un rapport détaillé sur les évolutions du marché congolais de l’assurance au cours des dernières décennies. Parmi les points essentiels, il a été souligné : l’essor des sociétés privées d’assurance, qui ont contribué à dynamiser le secteur et à améliorer la qualité des services, le renforcement du cadre réglementaire, avec des réformes visant à garantir plus de transparence et de fiabilité dans les transactions et les défis structurels, notamment la nécessité d’accroître la pénétration des assurances dans l’économie nationale et de mieux protéger les assurés.

En conclusion, le ministère des Finances et l’ARCA ont insisté sur l’importance de poursuivre les efforts pour moderniser et solidifier le secteur. Un point de presse a été tenu à l’issue de la cérémonie par les directeurs généraux et directeurs généraux adjoints de l’ARCA, réitérant les principaux messages évoqués lors de la conférence.

Cette célébration des 10 ans du Code des Assurances marque ainsi une étape clé dans la construction d’un marché d’assurance plus robuste et mieux adapté aux réalités économiques du pays.

Dorcas Mwavita/CongoProfond.net


There is no ads to display, Please add some
Spread the love
Continue Reading