Analyses et points de vue
Tribune : Les femmes face aux réseaux sociaux ( Par Poupette EBENGO, juriste)

Avant d’entrer dans les détails des choses, une définition de « réseaux sociaux » s’impose. De quoi parle t-on exactement ? Qu’est ce qu’un réseau social ? A quoi sert-il ?
L’expression « RÉSEAU SOCIAL » dans l’usage quotidien renvoie à celle de médias sociaux. On peut donc donner plusieurs définitions à ce concept entre autres :
◦ Ensemble des plateformes et applications en ligne qui permettent la création et l’échange d’un contenu générés par les utilisateurs
◦ Un site internet ou une application mobile permettant de développer des interactions sociales, de se constituer un réseau de connaissances d’amis ou de relations professionnelles avec lequel on interagit en temps réel.
De nos jours, les réseaux sociaux sont un véritable phénomène de sociétés jusqu’à devenir le prolongement de l’identité de l’individu, c’est ainsi que pour les nouvelles générations, ne pas avoir des présences sur les réseaux sociaux équivaut quasiment à ne pas exister. Avec les réseaux sociaux, on peut aussi s’ouvrir au monde sur d’autres cultures et diffuser rapidement des informations. Les réseaux sociaux de nos jours renferment des avantages aussi des inconvénients
A. Avantages
◦ Communiquer avec sa famille, ses amis, des personnes qui habitent à distance, se divertir, jouer, s’informer (lieu de solidarité)
◦ Réseautage des affaires : pour chercher un emploi, pour la meilleure publicité et vente des certains articles
◦ Favorise le débat
◦ Accès facile à l’information
◦ Multiples avantages d’ouvertures au monde
B. Inconvénients
◦ Expositions de vies privées
◦ Escroqueries
◦ Utilisation des strategies néfastes pour attirer l’attention des gens.
◦ Les harcèlements, les humiliations faciles.
Quelques applications les plus connues aujourd’hui : Facebook, WhatsApp, Instagram, tik-tok, Snapchat, Twitter… de là sort certains phénomènes comme YouTubeurs, influenceurs,… la plupart des victimes de ces phénomènes sont les femmes, d’où notre sujet : « les femmes face aux réseaux sociaux »
Les femmes face aux réseaux sociaux
Etant des plus grandes consommatrices des réseaux sociaux, les femmes sont donc en même temps actrices et victimes de certains phénomènes liés aux réseaux sociaux (filtres, retouches, commentaires, selfies, vidéos…)
Les réseaux sociaux sont pour les femmes :
1. À l’origine des envies de chirurgie et de médecine esthétique.
Des nouvelles normes esthétiques qui ont aujourd’hui des effets néfastes sur l’image de soi : certaines femmes veulent à tout prix ressembler à leurs influenceuses préférées et les conséquences sont visibles.
Exemple : avoir une bouche pulpeuse comme Kim ; un fessier bien dessiné comme X personne…
2. La comparaison corporelle amplifiée par les images.
Aujourd’hui, l’image corporelle est au cœur de la société notamment avec les réseaux sociaux. Ces derniers amplifient ainsi le phénomène véhiculant rapidement des images idéalisées qui deviennent des références ultimes et une base de comparaison désastreuse pour les jeunes filles.
3. Corps exhibé : je poste, donc je suis.
Les femmes et les jeunes filles sont les plus concernées ici où que nous posions le regard, nous sommes littéralement bombardés d’images de corps féminins des femmes et jeunes filles, les conséquences sont graves et bien réelles, il faut donc aider les jeunes filles à acquérir un esprit critique mais aussi à comprendre comment se construit un esprit critique.
Les femmes sont elles mêmes maîtresses de leurs propres corps mais ces mêmes corps sont devenus comme objets de communication sur les réseaux sociaux, d’où l’équation simple : « Likes + abonnés = contrats = rémunération
Les photos qui montrent amplement les corps de la femme sont les plus likées
Ex : sur Instagram, pour avoir du succès, rien ne vaudrait une pose lascive en maillot de bain.
4. Une pluie d’insulte
Moquerie, flots d’insultes racistes, menaces prennent de plus en plus de place sur les réseaux sociaux.
« Réagir à tout et n’importe quoi est devenu facile ».
• Les filles peuvent aussi s’insulter entr’elles sur internet, il y en a qui ont du mal à lâcher l’affaire : nous citons des vidéos insolites que nous présentent certaines influenceuses sur le réseau social Tik-tok qui a pris l’ampleur énorme de nos jours.
• Les femmes sont aussi victimes des harcèlements venant des hommes : il s’agit ici de la violence à l’égard des femmes, dont certaines femmes se retrouvent involontairement complices ou poussées à le faire par crainte d être accusées d’être trop sensibles et de réagir de manière excessive. Les réseaux sociaux sont l’un des incubateurs de la violence à l’égard des femmes et sous diverses formes, ils peuvent réussir à dissimuler les aspects de la violence qu’ils contiennent sous les noms de divertissements, de modes, et d autres activités qui se répandent dans les médias sociaux et qui, en fait, exercent une pression sur les femmes allant jusqu’à la violence physique et psychologique. De nos jours, par exemple, nous assistons au phénomène « Nudes » des hommes qui publient des photos ou vidéos de leurs anciennes copines pour nuire leurs images à travers les réseaux sociaux.
Quel conseil à donner par rapport à l’utilisation des réseaux sociaux ?
L’utilisation des réseaux sociaux peut parfois tourner à l’obsession c’est pourquoi il est essentiel d’apprendre aux jeunes, particulièrement les jeunes filles, que les réseaux sociaux ne doivent pas devenir un moyen de passer le temps inutilement, mais une manière de rester plus actif, en communiquant avec sa famille, ses amis et connaissances ; en partageant des articles intéressants. Les réseaux sociaux ne sont pas simplement synonymes de danger mais ouvrent aussi les portes à un univers riche où la créativité et l’engagement ont toute leur place.
Poupette EBENGO
Analyses et points de vue
Iran et RDC : 2 modèles de développement contrastés entre potentiel scientifique et géologique

L’Iran et la RD Congo représentent deux paradigmes distincts de développement national : l’un s’appuyant sur son capital scientifique et technologique, l’autre tentant de valoriser son exceptionnel patrimoine géologique. Les indicateurs économiques révèlent des écarts significatifs entre les deux pays. L’Iran, avec un PIB de 454 milliards de dollars, se classe comme la 29ème économie mondiale.
Tandis que la RDC, avec 47,2 milliards de dollars, occupe la 87ème position. La RDC affiche une croissance moyenne sur 5 ans de 5,2%, contre 2,8% pour l’Iran. Le PIB par habitant de l’Iran (5 600 dollars) est près de dix fois supérieur à celui de la RDC (562 dollars). Les deux pays souffrent d’une inflation élevée (29,3% en RDC, 31,2% en Iran).
L’Iran possède une économie diversifiée avec un secteur industriel représentant 34,9% du PIB, une agriculture à 9,5% du PIB et des exportations représentant 24,9% du PIB. La RDC présente une structure économique différente un secteur industriel (incluant l’extraction minière) à 44,1% du PIB, une agriculture à 19,1% du PIB et des exportations représentant 33,6% du PIB.
L’Iran a développé un programme nucléaire sophistiqué qui lui permet d’accumuler des stocks significatifs d’uranium enrichi. Le stock d’uranium enrichi à 60% : passé de 182 kg fin 2024 à plus de 408 kg en mai 2025, une capacité technique proche du seuil militaire (90% d’enrichissement) et une infrastructure de centrifugeuses avancées, bien que sous surveillance internationale.
Ce programme, présenté comme civil, sert aussi de levier géopolitique et de symbole de puissance technologique nationale. L’Iran consacre des ressources importantes à son complexe scientifique-militaire. Le développement de missiles balistiques (plus de 3 000 selon les estimations), un programme de drones militaires sophistiqués et des capacités cybernétiques offensives.
Cependant, ce modèle présente des faiblesses. Un isolement international dû aux sanctions, un détournement des fonds de développement (le Fonds national de développement iranien est « au bord de l’effondrement » selon un rapport parlementaire) et une dépendance persistante aux revenus pétroliers malgré la diversification technologique. La RDC, elle, possède des ressources minérales exceptionnelles.
Plus de 70% des réserves mondiales de cobalt, 20-30% de la production mondiale de coltan, des importants gisements de cuivre, diamants, or, lithium, étain, tungstène et un potentiel pétrolier estimé à 20 milliards de barils. L’exploitation minière en RDC présente un tableau contrasté. Une croissance du secteur minier de 12,8% en 2024 mais 73,5% de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour.
Des problèmes de travail des enfants, conditions dangereuses, dégradation environnementale et des conflits armés liés à l’exploitation minière (comme le M23 générant 800 000 dollars mensuels du commerce illicite de minerais). La RDC dispose d’un formidable potentiel énergétique. Le plus grand potentiel hydroélectrique d’Afrique (fleuve Congo et barrage Inga).
Des ressources solaires et éoliennes importantes et des Réserves de gaz dans le lac Kivu (300 milliards de m³ de méthane). Pourtant, le pays souffre d’un déficit énergétique criant avec moins de 20% de la population a accès à l’électricité, un taux d’électrification rurale d’environ 1% et une dépendance à la biomasse (93% du mix énergétique). L’Iran utilise les revenus pétroliers pour financer son développement technologique.
Mais il a une mauvaise gestion du Fonds national de développement (132 milliards de dollars dépensés, dont seulement 37 milliards aux secteurs privés) et un taux de défaut sur les prêts du Fonds atteint 68%, contre 6% en moyenne mondiale pour les fonds souverains. La RDC a une difficulté à transformer les ressources minières en développement durable et des problèmes de gouvernance et de corruption dans le secteur extractif.
Des conflits autour des ressources naturelles (comme dans l’Ituri et le Kivu) tandis que l’Iran a un système éducatif développé produisant des ingénieurs et scientifiques qualifiés, un investissement dans la recherche nucléaire, aérospatiale, cybernétique mais aussi une fuite des cerveaux due aux sanctions et restrictions politiques. La RDC a un manque criant de main-d’œuvre qualifiée dans les secteurs technologiques.
Le système éducatif congolais est insuffisant pour soutenir un développement technologique autonome et une nécessité de formation professionnelle dans le secteur minier. L’Iran souffre d’une isolation relative due aux sanctions internationales mais sa capacité à développer des technologies malgré les restrictions et des exportations de missiles vers plusieurs pays demeure.
La RDC a le devoir d’intégration dans les chaînes d’approvisionnement mondiales pour les minerais critiques. Mais position faible dans la chaîne de valeur (exportation de matières premières brutes) et sa dépendance aux fluctuations des prix des commodités. Pour l’Iran, il faut une réforme du Fonds national de développement pour stopper le détournement des ressources et rétablir sa mission initiale de financement de projets productifs à long terme.
La levée partielle des sanctions en échange de transparence sur le programme nucléaire, pour permettre un véritable décollage technologique civil et la diversification économique pour réduire la dépendance au pétrole en développant d’autres secteurs high-tech. Et la RDC doit investir à une transformation locale des minerais pour passer de l’exportation de matières brutes à la création de valeur ajoutée sur place.
Le développement énergétique pour exploiter le potentiel hydroélectrique pour fournir une électricité abordable et soutenir l’industrialisation, une gouvernance des ressources pour lutter contre la corruption et assurer une redistribution équitable des revenus miniers et une formation professionnelle pour développer des compétences locales pour monter dans la chaîne de valeur minière.
L’Iran et la RDC incarnent deux voies distinctes de développement : l’une fondée sur l’accumulation de capital scientifique, l’autre sur l’exploitation de ressources géologiques. Si l’Iran a réussi à développer des capacités technologiques avancées malgré les sanctions, il peine à transformer cette puissance en bien-être pour sa population. La RDC, riche de son sous-sol, n’arrive pas à convertir cette richesse en développement durable, victime de la « malédiction des ressources ».
Les deux pays partagent cependant des défis communs : mauvaise gouvernance, dépendance excessive à une ressource (pétrole pour l’Iran, minerais pour la RDC), et difficulté à assurer une redistribution équitable des richesses. Leur avenir dépendra de leur capacité à surmonter ces obstacles tout en capitalisant sur leurs atouts respectifs – la matière grise pour l’Iran, la matière première pour la RDC.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR