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Tribune : « La mémoire ne devrait pas être du provisoirement définitive, ni du définitivement provisoire″ (Par Diakangila Ngoma Fabrice, Cinéaste et artiste visuel Congolais, résident au Maroc)
Le 17 juin 1991, un protocole d’accord est signé entre trois partis de l’opposition, à savoir l’Union des fédéralistes et des républicains indépendants (UFERI) de Jean Nguz Karl I Bond, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba et le Parti démocrate et social-chrétien (PDSC) de Joseph Ileo Songo Amba. L’Union Sacrée de l’Opposition Radicale est née. Plus tard, elle s’élargit à d’autres partis dont la DCF (Démocratie chrétienne fédéraliste) du professeur Ferdinand Ngoma Ngambu pour devenir l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale et Alliés. Le but avisé est de chasser Mobutu du pouvoir. Mais le maréchal ne s’avouant pas vaincu réussit à torpiller la plateforme en y débauchant certaines de ses grosses légumes notamment Nguz Karl I Bond et Mungul Diaka en les nommant, l’un après l’autre, premier ministre. Le professeur Ngoma Ngambu trouvera même une formule lacunaire pour décrire la situation du pays : « Le Zaïre, c’est soit du provisoirement définitif, soit du définitivement provisoire″.
Sept ans après, le 28 Juin 1998, disparaissait ce dernier, le professeur émérite Ferdinand Ngoma Ngambu.
Celui-ci est mon père. Mon nom est Diannkangila Ngoma Fabrice Gino, aujourd’hui dit Diakangila Ngoma par suite des erreurs de frappes au niveau de l’administration congolaise durant ma scolarité primaire et secondaire. J’ai vu disparaître le premier « N » en primaire, et le second en secondaire.
À me demander si nous bantous ne savons plus nous définir… De toute façon, aussi longtemps que nous continuerons à vivre dans le paradigme du colonisé, ne soyons pas surpris que demain, nous perdons notre identité et après-demain notre âme.
Qu’importe, revenons à notre sujet;
Le 29 juillet 1984, La dernière « élection présidentielle » eut lieu au Zaïre. Le président en exercice Mobutu Sese Seko se présente de manière à écarter l’ombre de quelconque opposition, et la présidentielle prendra donc la forme d’un référendum « pour ou contre » sa « candidature ». Les électeurs sont ainsi imposés de choisir entre un bulletin vert « oui » ou un bulletin rouge « non ». Au grand étonnement de ce dernier, quelques mois avant l’élection pendant la campagne électorale, un Zaïrois se souleva pour battre campagne pour le « non », le sociologue et anthropologue, premier recteur zaïrois des universités au Zaïre après l’indépendance du pays, le professeur Ngoma Ngambu Ferdinand.
Feu Ferdinand Ngoma Ngabu avec sa défunte épouse Georges Manangu Ma Lutete
Suite à cette campagne, Mobutu sera certes réélu avec 99 % des voix, mais les rares zaïrois à avoir répondu à l’appel du professeur, font passer, malgré eux et malgré la violence qui les guettait, 126.101 voix sur 15.012.078 (le total), soit 0,84 % des non contre les 14.885.997 des voix « oui » du score soviétique du maréchal.
Suite au fait que le professeur battait ouvertement campagne pour le non, le régime l’emprisonna. Pendant son emprisonnement, naissait à Kinshasa son fils cadet, le 1 er Avril 1984, qu’il nomma Diannkangila Ngoma, ce qui signifie en Kinianga sa langue, «On a arrêté Ngoma ».
Voilà, c’est mon nom.
Le hasard n’existe pas, par des circonstances de la vie, j’ai rencontré le journaliste Tchèques Bukasa, à qui j’ai raconté cette histoire, et il m’a ainsi conseillé de l’exprimer sous forme d’une tribune.
Bien que j’avoue que l’histoire dans son intégralité est tellement complexe que je viderais des centaines d’encriers.
En ce jour du 1 er Août, la journée dédiée aux parents, je rends hommage, via cette tribune, à cet homme des valeurs que fut mon père, le professeur Ngoma Ngambu Ferdinand, dit « Papa Ngoma ».
Je salue ta mémoire que la négligence et le manque de conscience historique ainsi que la fonte progressive de l’imaginaire collectif fait disparaitre de l’histoire et des archives du Congo.
En ce jour si spécial, j’exhorte tous mes compatriotes à méditer sur notre mémoire collective afin de prévenir notre futur. Nous sommes bantus et non occidentaux, si nous oublions nos ancêtres, c’est notre avenir qui se volatilise.
J’exhorte ainsi ceux qui dirigent les institutions du pays, à penser collectif, et à méditer sur cette réflexion en vue de viser un paradigme qui sera la mémoire et la dignité des nôtres. Chez nous on dit : « Si tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens ».
En attendant le réveil des consciences, tout mon amour au peuple de la RDC.
Diakangila Ngoma Fabrice
Cinéaste et artiste visuel Congolais, résident au Maroc
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Consultations ECC/CENCO avec Tshisekedi, Nangaa, Kagame, Diongo et Katumbi : Mgr Nshole fait le bilan
Les prélats de la Conférence Épiscopale du Congo et de la communauté des églises du Christ au Congo (CENCO-ECC) poursuivent leur démarche de la quête de la paix et du bien-vivre ensemble en RDC et dans les pays des Grands-Lacs. En mission en Belgique, le porte-parole de la CENCO, Mgr Donatien Nshole a fait, ce lundi 17 février 2025, le bilan de leurs consultations en commençant par le président Tshisekedi, la couche socio-politique Congolaise, les rebelles du M23/AFC, Paul Kagame, président du Rwanda, l’opposition radicale et Moïse Katumbi.
Il a confié que “dans la phase actuelle, il ne s’agit pas d’une médiation qui suppose deux parties mais une sensibilisation des uns et des autres pour s’engager à trouver une solution qui mettrait un terme au drame humanitaire que nous sommes en train de vivre.”
Quant à la position du président Félix Tshisekedi, il a fait savoir qu’il était réceptif. » Il avait loué l’initiative qui lui a été présentée et nous avait donné son aval pour poursuivre nos consultations ailleurs. Il nous a écoutés attentivement, il a posé des questions de compréhension auxquelles nous avons répondu”, a indiqué le secrétaire de la CENCO.
De l’autre côté, a-t-il précisé, ils nous ont entendus et ont bien accueilli notre demande. » Ils ont promis de réagir par un document. Nous pensons que s’ils continuent dans cette respective, s’il n’y a pas d’éléments qui brillent, on peut aller dans la direction que nous souhaitons », a fait savoir le prêtre.
Au sujet du cessez-le-feu et de l’arrêt immédiat de la guerre dans l’Est de la RDC, le représentant du tandem CENCO-ECC a confirmé que le mouvement politico-militaire de Nangaa, l’AFC avec le Mouvement du 23 Mars (M23) sont prêts pour le dialogue mais aux conditions qui sont les leurs.
Puis de poursuivre : » Martin Fayulu avait manifesté son intention de s’asseoir avec ceux qui ont les armes pour mettre fin à cette crise. Le Camp Katumbi a adhéré à cette initiative portée par les clergés. Pour l’opposition radicale de Belgique, représentée par Franck Diongo, le départ de Félix Tshisekedi est la condition sine qua non pour aller au dialogue tout comme Delly Sesenga qui estime qu’il serait nécessaire de s’entendre du fait que le front militaire a montré ses limites et échoué ».
“Politiquement ce sont des postures, qui au stade actuel sont normales, mais comme facilitation, nous pourrons faire des propositions pour amener les uns et les autres à se dépasser pour ne pas perdre l’essentiel.”, a conclu Mgr Nshole qui annonce qu’une synthèse sera faite à la fin de ces consultations.
Exaucé Kaya/CONGOPROFOND.NET
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