Connect with us

À la Une

Tribune: La dictature au sein des partis politiques

Published

on

 

 

Suite à nos apports enrichissants sur la situation socio-politique de notre pays, la RDC, plusieurs questions tourbillonnent dans mon esprit. Avec une politique remplie de malversations mais soucieuse de se couvrir d’un manteau rationnel, le peuple est manifestement oublié. Qu’attendre d’une opposition divisée en confrontation avec une majorité unie par l’obéissance servile au chef ? La question qui, à nos yeux, parvient à donner un aperçu de la morbidité du désir politique est la suivante : Pourquoi ce refus de rechercher le bonheur du peuple ? La classe politique a de nombreuses fois déçu ce peuple dit souverain. Depuis les élections de 2006, nous sommes entrés dans le processus de déconsidération du bien commun. Autrement dit, la politique a cessé de poser avec dévouement les questions liées au bien-être de la population pour se transformer en une télé-réalité sur les parcours et désirs de quelques individus. Par exemple, tentons d’analyser la question de l’eau et de l’électricité, proclamée comme priorité en 2006 et plus tard en 2011. Ce problème n’a pas fait l’objet d’un suivi constant. Les mêmes problèmes d’eau potable et d’électricité continuent d’empoisonner le quotidien du congolais lambda. Pourtant, que n’avons-nous pas eu comme dialogue, en particulier ces deux dernières années ? Les politiciens de l’opposition politique crient avec le peuple cette misère insoutenable mais dans le fond ce sont surtout des rapaces voraces qui attendent le tour. Deux faits nous confirment dans cette hypothèse. Primo, la nomination de Badibanga Samy à la Primature aurait dû porter l’effet d’une voie de sortie pour le soulagement du mal qui nous ronge. Secundo, celle de Bruno Tshibala n’a pas fait mieux. Deux gouvernements différents mais teintés de la couleur « opposition » qui n’ont apporté aucun changement significatif aux problèmes d’eau et d’électricité.

Suite à l’incapacité du gouvernement à organiser les élections en décembre 2016, la colère du peuple grondait. Elle se faisait entendre non pas juste à cause d’un calendrier non respecté mais surtout parce que l’espoir de changer de vie en changeant de régime se flétrissait. Cette rage a trouvé ses défenseurs dans la classe de l’opposition qui semblait avoir le mieux compris ce que le peuple endurait. Un nouvel accord a été signé sous l’impulsion des évêques. Faux espoir. Tenant les manettes du jeu, le nouveau gouvernement formé d’anciens opposants et de fidèles cadres de la majorité présidentielle n’a pas apporté de réformes significatives dans l’adduction en eau et la connexion au réseau électrique. Une grande ville comme Kikwit voit la majorité de ses habitants se fournir en eau à partir de sources, de puits, de forage auxquels ils ont difficilement accès. Les plus chanceux disposent d’une fontaine à trois ou quatre robinets pour toute une avenue. L’électricité demeure jusqu’à présent l’apanage des Nantis puisqu’ils sont les seuls à même de payer la lourde facture de la SNEL distribuant l’électricité à partir de générateurs à essence. Il ne s’agit là que d’une ville choisie parce que nous y avons vécu un certain temps mais le cas des autres villes ne nous paraît pas meilleur. L’étendue de la  capitale elle-même est loin d’être desservie en électricité et en eau. Pourtant, la tête du gouvernement a changé à deux reprises dans la direction de ceux qui criaient avec le peuple. Encore faut-il se demander s’ils ne réclamaient en réalité leur part du gâteau. Le fait est que, sur base d’une donnée sociale comme l’accès à l’eau et à l’électricité, nous nous rendons simplement compte que le jeu politique a ses priorités et le bien du peuple est jeté aux orties. Notre système politique cache derrière les aspirations au bien un véritable égoïsme qui nous voile les yeux et nous maintient dans la même crise. Les foules sont manipulées à la guise de certains leaders selon qu’ils sont satisfaits ou non. Ce sont les calculs d’individus qui priment fortement sur le bien de tous.

Nous confirmons cette hypothèse par les récents évènements de l’actualité politique. Le retour de Jean-Pierre Bemba a nourri beaucoup d’espoir dans l’imaginaire congolais. Nombreux ont vu en lui le Moise tant attendu. Depuis l’invalidation de sa candidature à l’élection présidentielle, plusieurs théories sur l’instrumentalisation de la CENI ont vu le jour. L’argument arboré par la Cour Constitutionnelle est le délit de corruption reliée à sa condamnation pour insubordination des témoins. Sans entrer dans un débat sur la validité d’une telle invalidation, nous pouvons nous poser une question différente : le MLC ne jure-t-il que par un seul individu ? S’il pressentait déjà la possibilité de voir sa candidature rejeter, pourquoi n’a-t-il pas proposé un autre nom ? Ce que nous constatons à propos du fonctionnement de nos partis politiques en RDC, c’est la négation de démocratie. Au sein du parti, le fondateur ou le président tient lieu de monarque absolu. Les autres membres trouvent naturel que ce soit d’abord lui le candidat du part. Remettre en cause cette déification du fondateur, c’est s’exposer à l’excommunication. Le fondateur ou le fils du fondateur reçoivent comme en tribut l’adulation des membres. Même les primaires organisés pour désigner le candidat ne sont que des cérémonies folkloriques. Tous savent que c’est le fondateur ou son dauphin qui « mérite » d’être candidat. Dans ce cas, qu’attendre d’un tel chef de parti lorsqu’il deviendra chef de l’Etat ? Il attendra du peuple la même adulation qu’autrefois son parti lui procurait sans effort. Il s’attendra à remporter les élections pour un second mandat de même qu’il se savait candidat naturel de son parti. Par conséquent, remplacer l’actuel régime par un autre ne nous donne aucune garantie d’amélioration. Ce sont les noms, les enseignes des partis, les discours qui changent mais le même système est perpétué. Il est d’ailleurs revitalisé puisqu’il se nourrit d’un HOMO NOVUS, avec un élan et un souffle tout nouveaux. La question est là désormais : Qu’est-ce qui nous empêche de changer ce système infanticide ?

Il est vrai que les systèmes freinent notre avancée en nous ramenant des dictateurs dans les partis à la tête des Etats. A moins qu’une véritable conversion ne s’opère en eux, ils n’ont aucune chance d’améliorer la situation tant qu’ils restent figés à leurs manières de procéder habituellement. Espérer d’eux une nouvelle orientation lorsqu’ils auront déjà goûté aux pouvoirs est un peu trop risquant. C’est plutôt à la base des partis qu’il faudra prêcher la reconversion. Le fondateur reste certes un poids dans la balance mais il ne doit pas être loué à outrance. Ce qu’il faut inculquer à la base, c’est que le parti est l’affaire de tous. Un parti progresse par sa réflexion sur les problèmes sociaux et sa fidélité aux meilleures pistes de solution. Un parti n’est pas un organe de transmission d’idéologies à avaler comme des comprimés. Le parti fonctionne à l’image de la Nation. Y règnent la liberté d’expression, les confrontations d’idées et la victoire de la méritocratie. Sans une réelle base démocratique et républicaine au sein des partis, il nous paraît illusoire et ridicule d’espérer des changements significatifs dans la gestion de l’Etat. Et pour ce faire, il faudra des individus courageux capables de s’élever par leurs propositions. Il faudra des hommes à même d’accepter la contradiction comme conséquence du choc d’idées et non comme attaques personnelles. Ces hommes ne sont pas les portraits crachés du Congolais parfait mais les initiateurs d’une manière de diriger qui prenne réellement en compte les avis des autres. Vivre en démocratie, c’est accepter de compter avec les autres. Si cette option ne prime sur les intérêts, le même système continuera d’affamer et d’opprimer le peuple sans que personne n’y apporte de solution réelle. Ceci devrait être le vrai combat de chaque parti pour une réalisation concrète du vivre harmonieux dans le pays.

Dimandja Prince, Sj

Spread the love

À la Une

Grossesse à l’école : Faut-il exclure ou accompagner ? La RDC face à une réalité dérangeante !

Published

on

Ce lundi 14 juillet 2025, une note circulaire du Secrétaire Général intérimaire à l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté, Alexis Yoka Lapulimangu, a ravivé un débat sensible dans les milieux scolaires congolais : les élèves enceintes doivent-elles être maintenues à l’école ou exclues ?

Dans sa correspondance adressée aux directeurs provinciaux de l’éducation, Alexis Yoka Lapulimangu insiste sur le droit des filles enceintes à poursuivre leur scolarité, conformément aux engagements nationaux et internationaux en matière d’éducation inclusive et d’égalité des genres.

« Aucune sanction ou exclusion ne sera tolérée en raison d’une grossesse, » précise-t-il dans sa note. Et d’ajouter : « Les abandons scolaires liés aux grossesses précoces compromettent l’avenir des filles et renforcent les inégalités. »

Des réactions mitigées sur le terrain

La décision, largement relayée sur les réseaux sociaux, suscite depuis lors une vague de réactions. Si certains saluent une avancée dans la protection des droits des jeunes filles, d’autres y voient une légitimation implicite d’un problème moral et éducatif plus profond.

À Kinshasa, plusieurs chefs d’établissements confirment qu’en pratique, les écoles congolaises n’excluent pas systématiquement les filles enceintes. Mais ces situations sont souvent gérées discrètement. « Chaque année, mon école enregistre des cas de grossesse chez les élèves. Celles qui abandonnent le font par honte ou sous pression familiale. Les plus courageuses, surtout les finalistes, terminent leur parcours sans être inquiétées », confie un chef d’établissement de la commune de Kisenso.

Alors pourquoi une telle circulaire si la tolérance est déjà la norme ? Pour certains observateurs, la décision officielle expose un malaise éducatif et sociétal. Des voix s’élèvent pour dénoncer « l’immoralité » d’une élève qui tombe enceinte alors qu’elle est censée être mineure. D’autres pointent du doigt les enseignants ou les adultes qui profitent de leur position d’autorité pour abuser des jeunes filles.

Entre inclusion, prévention et responsabilités partagées

La loi-cadre N°14/004 du 11 février 2014 sur l’Enseignement National en RDC prône l’éducation pour tous. Cela implique, entre autres, de garantir l’accès à l’éducation aux filles mères, aux orphelins, aux déplacés ou encore aux personnes vivant avec un handicap. Dans ce contexte, interdire aux jeunes filles enceintes de poursuivre leur scolarité serait contraire à cette vision inclusive.

Mais cette inclusion soulève d’autres questions :

– L’école doit-elle seulement accueillir ou aussi prévenir ?

– Comment mieux encadrer les élèves pour éviter les grossesses précoces ?

– Quelle est la part de responsabilité des familles, des enseignants et de la société dans son ensemble ?

Le phénomène des grossesses en milieu scolaire n’est pas toujours lié au cadre scolaire lui-même. Bien souvent, ces situations surviennent dans les milieux de vie des élèves, en dehors de l’école, mettant les établissements devant le fait accompli. Cependant, les établissements sont aussi appelés à accompagner ces jeunes filles au lieu de les stigmatiser, tout en renforçant l’éducation sexuelle et civique.

Des dispositifs d’accompagnement possibles

Dans plusieurs pays, la prise en charge des élèves enceintes s’accompagne d’un encadrement spécifique :

– Des aménagements d’horaires pour les consultations médicales,

– Un suivi psychologique,

– La possibilité de suivre les cours à distance ou de reprendre les cours après l’accouchement grâce à des programmes adaptés.

Ces alternatives permettent d’éviter la déscolarisation, dont les conséquences peuvent être dramatiques : précarité, exclusion sociale, vulnérabilité accrue pour la jeune mère et son enfant.

Conclusion : Un débat entre éthique, éducation et pragmatisme

Loin d’être une simple question administrative, le maintien des filles enceintes à l’école touche aux valeurs, à l’éducation et à l’avenir de la société congolaise. Faut-il prioriser l’inclusion, même dans des situations délicates ? Ou doit-on redouter les effets pervers d’un message perçu par certains comme une banalisation de comportements jugés contraires aux normes morales ?

Une chose est certaine : la prévention, le dialogue avec les familles et un encadrement responsable restent les clés pour faire face à ce phénomène sans condamner l’avenir des jeunes filles concernées.

Jules Kisema Kinkatu & Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET

Spread the love
Continue Reading