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Tourisme : Yves Bunkulu lance les travaux d’actualisation du plan directeur national intégré

Depuis son arrivée à la tête du ministère du Tourisme en République Démocratique du Congo, Yves Bunkulu Zola ne ménage aucun effort pour que ce secteur joue pleinement son rôle au pays comme partout ailleurs au monde. Pour y parvenir, il faut doter le secteur du Tourisme de tous les outils nécessaires à son bon fonctionnement.
Après avoir palpé du doigt la semaine dernière, à travers une séance de travail, le niveau d’avancement des travaux d’élaboration des mesures d’application de Loi Cadre sur le Tourisme en RDC, Yves Bunkulu Zola a procédé ce vendredi 24 avril 2020, à Africana Palace Hôtel, au lancement d’une session des travaux d’actualisation du plan directeur national intégré. Il s’agit d’un document important devant conduire à la mise sur pied de la politique nationale du Tourisme en RDC. C’était en présence de quelques membres de son cabinet, et des autres personnalités oeuvrant dans le secteur du Tourisme, cela dans le respect strict des gestes barrières édictées dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
En effet, conformément à l’article 6 de la Loi du 9 juillet 2018, régissant le secteur du Tourisme en RDC, le gouvernement définit et met en œuvre la politique nationale du Tourisme. Le plan directeur national fixe ainsi les modalités de la mise en œuvre de cette politique nationale. Ce plan directeur national intégré est donc un outil de travail important qui devra permettre au gouvernement de mettre en œuvre sa politique nationale en matière du Tourisme.
A travers les travaux ouverts ce jour, il s’avère nécessaire d’actualiser les données diverses notamment les différents répertoires et les différentes réformes intervenues. Il va falloir y intégrer la nouvelle vision du développement du Tourisme après l’alternance politique en RDC, mettre en cohérence les documents de planification nationale et sectorielle du Tourisme. Il s’agit aussi de préparer l’élaboration de la politique nationale du Tourisme avec l’appui de la consultante de l’organisation mondiale du Tourisme.
Signalons que ces travaux d’actualisation du plan directeur national intégré se poursuivent en commissions et devront se clôturer le 2 Mai prochain.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR