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Tension à l’ANAPI : Que cache KINZO en refusant la présence syndicale?

Dans une correspondance-fleuve adressée au Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, et au Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, la Convention de Lutte pour les Employés( CLE),
un syndicat Interprofessionnel, sollicite une audience auprès de la ministre d’Etat en charge de l’Emploi au sujet de violation des conditions de travail à l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements(ANAPI).
Etablissement public, conseil du gouvernement en matière des investissements en RDC, ANAPI semble être assise sur un volcan en hibernation. » ANAPI va très
mal au-delà de l’activisme médiatique de ses animateurs. La démotivation du personnel, le trafic
d’influence et l’absence de justice sociale font le lit de la gestion de cet établissement étatique », a fait savoir Lula Ndombasi, secrétaire provincial de la CLE à CONGOPROFOND.NET ce mercredi 6 novembre 2019.
A l’en croire, en effet, la sonnette d’alarme pour dénoncer ce feu qui couve, a été tirée plusieurs fois au grand dam de la direction de cette entreprise. Cette dernière, à travers son directeur général, Anthony Nkinzo Kamole, sur
qui reposaient tous les espoirs, consacre plutôt une gestion « orale, sentimentale au détriment de l’Etat
de droit et des agents et cadres vivant dans une insécurité professionnelle sans précédent ».
Dans le lot de griefs retenus contre Anthony Nkinzo, le syndicat interprofessionnel des travailleurs note son refus d’installer une délégation syndicale dans l’entreprise qu’il dirige.
En effet, explique Lula Ndombasi, après la vague des élections syndicales en 2018 dans les Entreprises et Etablissements de toute nature, l’ANAPI a refusé d’installer une représentation des travailleurs sur pied de l’article 255 du
code du travail.
» Cette absence de la représentation des travailleurs dans un Etablissement public est caractéristique d’une volonté d’opacité dans la gestion et un refus de la transparence dans
l’affectation des ressources d’un Etablissement Public », accuse cette organisation.
Par ailleurs, relève-t-il encore, les matières de consultation obligatoire, notamment les embauches, horaires du travail,
licenciement (Art 259 du Code du travail) et le règlement intérieur (Art 156 du code du travail) sont constamment violées.
Somme toute, CLE pointe du doigt le DG Anthony Nkinzo de rejetter des recommandations de l’inspection du travail qui avait demandé, par la lettre N°22/METPS/IPT-KIN/421/DP/JBG/2018 du 14 août 2018, l’organisation des élections syndicales. » Une mission de l’Inspection générale du Travail a été même étouffée par l’ANAPI refusant de signer le Procès-verbal », a indiqué Lula Ndombasi convaincu que ce refus est expressif de la volonté de l’employeur à étouffer tout moyen amenant à la
transparence dans la gestion de cet Etablissement.
Face à l’opacité qui persiste dans cette démarche pourtant salvatrice pour l’entreprise-miroir du pays, plusieurs observateurs s’interrogent : » Que cache NKINZO en refusant la présence syndicale? ».
Toutes les démarches entreprises pour avoir la version de la direction générale de l’ANAPI se sont averées infructeuses.
Dossier à suivre.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Ouganda-RDC : Muhoozi aligne Kampala derrière Tshisekedi

Le chef des forces armées ougandaises, le général Muhoozi Kainerugaba, a pris une position remarquablement directe sur l’avenir politique de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une série de tweets percutants publiés vendredi, il a déclaré que l’ancien président Joseph Kabila ne devait en aucun cas revenir au pouvoir, tout en exprimant un soutien clair au président Félix Tshisekedi.
« Je ne laisserai pas Joseph Kabila redevenir président de la RDC ! Oubliez cette idée », a tweeté le général Muhoozi. Il a critiqué Kabila pour avoir permis aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise, de s’installer dans l’est du Congo pendant près de deux décennies. « Kabila a laissé les ADF prospérer dans l’est de la RDC pendant 17 ans. Il ne nous a jamais autorisés à agir contre eux. Son Excellence Tshisekedi est bien meilleur à cet égard », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Mon grand frère, Son Excellence Félix Tshisekedi, est le président de la RDC, et je le soutiendrai autant que possible. »
Ces déclarations sont intervenues à un moment clé, quelques heures après la signature, à Washington, d’une Déclaration de principes pour la paix entre le Rwanda et la RDC, sous l’égide des États-Unis et en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Cet accord engage les deux pays à respecter leur souveraineté respective, à promouvoir l’intégration régionale et à démanteler les groupes armés opérant le long de leurs frontières communes.
Les relations Ouganda-RDC : un enjeu économique majeur
Les liens entre l’Ouganda et la RDC se sont considérablement renforcés au cours de la dernière décennie. Selon la Banque de l’Ouganda, la RDC est désormais la deuxième destination des exportations ougandaises, après le Kenya. En 2023, les exportations officielles vers la RDC ont dépassé 500 millions de dollars, auxquelles s’ajoutent environ 200 millions de dollars via le commerce transfrontalier informel. Les principaux produits exportés incluent le ciment, l’acier, les denrées alimentaires et les produits pétroliers.
L’intégration de la RDC dans la Communauté est-africaine (EAC) en 2022 a encore accéléré ces échanges, soutenue par des investissements dans les infrastructures, comme le poste frontalier de Mpondwe et les routes reliant l’Ouganda aux villes de l’est congolais. Maintenir la paix et renforcer les relations avec Kinshasa est donc crucial pour la croissance économique de l’Ouganda.
Une coopération sécuritaire renforcée sous Tshisekedi
Contrairement à l’administration de Kabila, qui bloquait les initiatives ougandaises sous prétexte de souveraineté, Tshisekedi a permis une coopération militaire accrue. L’opération conjointe « Shujaa », lancée par l’Ouganda et les forces congolaises, vise à neutraliser les ADF dans l’est du Congo. Par ailleurs, des rapports de l’ONU et des services de renseignement congolais accusent des réseaux proches de Kabila de soutenir des groupes armés comme le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui déstabilisent l’est du pays et menacent les corridors commerciaux ougandais.
Tshisekedi a lui-même accusé Kabila d’être le « véritable leader » de l’AFC, qui s’est alliée au M23 pour combattre son gouvernement. Lors d’une récente visite à Goma, ville contrôlée par l’AFC/M23, Kabila a déclaré s’y sentir « plus en sécurité » qu’ailleurs en RDC, laissant entendre des liens étroits avec ces mouvements rebelles.
Les risques d’un retour de Kabila
Un retour de Kabila au pouvoir pourrait raviver l’insécurité le long des frontières ougandaises, compromettre le commerce et annuler les progrès sécuritaires obtenus. En dénonçant publiquement Kabila et en soutenant Tshisekedi, Muhoozi aligne l’Ouganda sur un agenda de stabilité régionale, alors que les voisins du Congo et les acteurs internationaux, notamment les États-Unis, œuvrent pour des accords de paix durables. Ses propos rassurent également Kinshasa de la loyauté de l’Ouganda, dans un contexte où des intérêts régionaux concurrents menacent les alliances.
Un marché stratégique pour l’Ouganda
Au-delà de la sécurité, l’est du Congo représente un marché inexploité pour les produits ougandais, avec des opportunités d’investissement dans l’agriculture, l’énergie, la construction et la logistique. Soutenir Tshisekedi permet à l’Ouganda de sécuriser ces intérêts économiques et de renforcer son rôle dans l’intégration régionale.
Les tweets de Muhoozi, bien que d’une franchise inhabituelle pour un haut responsable militaire, traduisent une stratégie calculée : l’avenir de l’Ouganda passe par un partenariat renforcé avec un leadership légitime et stable en RDC. Ils envoient un message clair : Kampala soutient les alliés de la stabilité, de la coopération économique et des efforts de paix internationaux, tout en se distanciant des acteurs accusés d’alimenter les conflits dans l’une des régions les plus riches mais les plus instables d’Afrique.
Alors que la RDC se prépare à sa prochaine transition politique, la bataille pour son futur leadership aura des répercussions majeures, non seulement pour les Congolais, mais aussi pour toute l’Afrique de l’Est.
FNK