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Sud-Kivu: politiques et société civile s’engagent pour la paix

Les politiques, services de sécurité, acteurs de la société civile,chefs coutumiers et différentes notabilités du Sud-Kivu s’engagent à promouvoir la paix avant, pendant et après les élections.
Un engagement pris au cours du forum sur la paix, la cohésion sociale et la prévention des conflits.
Espérance Hendwa Ciza, numéro 1 du groupe de 7 (G7), formation politique de l’opposition et Pascal Katagondwa du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), parti de la Majorité présidentielle ont signé l’acte d’engagement au nom de toutes les couches de la population.
Basée sur la paix qui passe par la défense des droits de la personne humaine, un accent a été mis sur les personnes vivant avec handicap. Ces derniers ont plaidé pour leur prise en compte dans le processus électoral.
« Nous, personnes vivant avec handicap, demandons d’être pris en compte dans le reste du processus » a fait savoir Blaise Bulonza, representant des personnes vivant avec Handicap.
Dans la foulée, les chefs coutumiers avec à leur tête le Mwami Kalenga Riziki de Mwenga et la regente Félicitée Ndaweza de Kaziba, ont paraphé sur l’acte d’engagement avant de plaider pour l’instauration de l’autorité de l’Etat dans les coins reculés de la province du sud-kivu.
Des appels à la paix et à la sécurité ont étés lancés également.
« Les services de sécurité recommandent le respect de mesures de sécurité arrêtées par le commandant de la 33ème région militaire, démilitarisér la ville de Bukavu en particulier et la province en général, maîtriser tout mouvement d’armes légères et petites calibres ainsi que sécuriser tous les candidats », sont les priorités que ce sont fixées les services de sécurité lors de ce forum.
Une centaine des participants venus de tous les coins de la province du Sud-kivu ont pris part à cette rencontre qui a eu pour mission primordiale de décrypter la vie en général en province.
Shukuru Ntwali/CONGOPROFOND.NET
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Violences sexuelles en RDC : « une femme violée toutes les quatre minutes »

Les chiffres ont de quoi choquer. Près de 900 viols dans l’est de la RDC en l’espace de deux semaines – soit une moyenne de 60 par jour. Telle est l’ampleur du phénomène observé durant la première quinzaine de février, selon les données collectées sur place par les agents humanitaires et dévoilées, lundi, par l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Toutefois, avant même l’offensive militaire lancée en début d’année par les rebelles du M23, avec le soutien de l’armée rwandaise, dans le Nord- et le Sud-Kivu, les deux provinces étaient déjà en proie à une augmentation alarmante des violences sexuelles.
En 2023, 123.000 cas ont ainsi été recensés dans l’ensemble de la RDC, dont plus de 70 % d’entre eux à l’est du pays.
« Cela correspond à une femme violée toutes les quatre minutes », précise Mady Biaye, le principal représentant en RDC de l’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA), dans un entretien avec ONU Info.
L’an dernier, le nombre de cas signalés a encore augmenté, pour atteindre plus 130.000 victimes, en grande majorité des femmes et des filles.
C’est dans ce contexte de prolifération des violences sexuelles dans la région que s’inscrivent les 895 cas de viol rapportés en début de semaine par le HCR.
Et M. Biaye de préciser que les cas en question concernent uniquement les survivantes ayant bénéficié de soins médicaux dans les 23 sites soutenus par l’UNFPA à Goma, la principale ville du Nord-Kivu tombée, fin janvier, sous le contrôle du M23.
Pour ce statisticien-démographe de formation, originaire du Sénégal, il ne fait pas de doute que les chiffres réels sont largement supérieurs.
« Ce qui se passe ici est à grande échelle », explique-t-il. « C’est totalement inacceptable ».
Une arme de guerre
La persistance de conflits liés à l’exploitation des ressources naturelles dans les provinces riches en minerais de l’est de la RDC explique en grande partie un tel recours systématique aux violences sexuelles, souvent utilisées comme arme de guerre par des groupes armés comme le M23, en quête de contrôle de territoires.
« C’est une façon, par exemple, de dominer ou bien de détruire le tissu familial et la communauté afin de récupérer des terres », explique M. Biaye, qui travaille depuis plus de 20 ans sur ces problématiques au sein de l’UNFPA, dans le cadre de déploiements au Sénégal, en Guinée équatoriale, en Angola et, depuis l’an dernier, en RDC.
« Les femmes, les filles sont utilisées pour anéantir ces sociétés », ajoute-t-il.
Leur instrumentalisation est selon lui exacerbée par les enjeux économiques considérables et la présence d’acteurs externes, impliqués dans des luttes d’influence souvent teintées d’une dimension ethnique.
« Ça complique la situation », tranche-t-il.
Ces facteurs structurels contribuent à la reproduction des violences sur le long terme.
« Il y a même des générations qui n’ont connu que ça », note Mady Biaye. « On en parle depuis plus de 30 ans ; c’est beaucoup, 30 ans ».
Conséquences irréversibles
Les répercussions pour les survivantes à court et à long terme vont de l’apparition de fistules anales à la transmission de maladies infectieuses, comme le VIH, en passant par des grossesses non désirées.
A ces blessures physiques s’ajoutent celles d’ordre psychologique qui, selon le responsable de l’UNFPA, semblent irréversibles.
Les femmes, les filles sont utilisées pour anéantir ces sociétés
Ces dernières se manifestent notamment par la dépression ou des symptômes de stress post-traumatique.
« Il y a aussi de la honte », souligne-t-il.
Parfois, le viol d’une mère a lieu en présence de ses enfants. Ces derniers subissent alors eux-mêmes un traumatisme profond.
En RDC, la stigmatisation sociale alourdit également le fardeau des survivantes, souvent victimes d’exclusion au sein de leur communauté, en plus de l’injustice subie.
« Ce n’est pas très bien accepté », constate Mady Biaye. « Des mariages peuvent être brisés ».
Dans bien des cas, le rejet des femmes ayant subi des violences sexuelles s’accompagne d’une précarisation économique. Pour survivre, le représentant de l’UNFPA explique que certaines d’entre elles s’enfoncent dans l’exploitation sexuelle au sein de maisons closes.
« Ici, ils ont l’habitude de les appeler maisons de tolérance, que moi j’appelle maison de d’intolérance », dit-il.
Des milliers de maisons de ce type ont, selon lui, ouvert leur portes à l’est du pays dans le cadre du conflit en cours, au sein desquelles les femmes, mais également de nombreux enfants, subissent les pires sévices.
« Ils sont soumis à une exploitation et des abus sexuels qui n’ont pas de nom »
ONU info