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Analyses et points de vue

Sports : Les premiers ratés de François Kabulo ! (Tribune de Rombaut Kasongo, Enseignant IFASIC)

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Lorsque Tina Salama, la porte-parole du chef de l’Etat, cite le nom de François Kabulo Mwana Kabulo comme nouveau ministre des Sports en République Démocratique du Congo (RDC), tout le monde ou presque avait le sentiment que Félix-Antoine Tshisekedi venait de trouver l’homme qu’on attendait à ce poste. Ayant succédé à Serge Khonde, l’un des ministres les plus décriés du gouvernement Sama Lukonde, François Kabulo mwana Kabulo paraît être l’un des ministres dont les actions sont suivies à la loupe.

Ceux qui avaient ce sentiment n’avaient pas tort. Et cela, pour la bonne et simple raison que l’actuel ministre des Sports, journaliste sportif depuis plus de trois décennies ne ratait aucun de ses prédécesseurs à chaque fois qu’ils posaient des actes non appréciés par les sportifs. Avec son arrivée à la tête du même Ministère, d’aucuns croient que François Kabulo mwana Kabulo va se servir des erreurs de ses prédécesseurs pour faire rayonner le sport congolais.

Plus de deux mois après sa nomination, tous les sportifs congolais ont les yeux et les oreilles tournés vers le stade des Martyrs où s’est installé François Kabulo Mwana Kabulo. Certes, le moment de faire le bilan n’est pas encore arrivé, mais comme dans un match de football, on peut juger le choix tactique de chaque équipe après le premier quart d’heure.

Déjà, quelques sorties ratées sont mises au passif du ministre des Sports. « Une fois ministre des Sports, je me battrai pour faire revenir le coach Florent Ibenge », promettait le journaliste Kabulo mwana Kabulo. Ministre des Sports depuis plus de deux mois, tout le monde attend les premiers signaux de la part du ministre Kabulo pour ramener l’actuel entraîneur de Al Hilal du Soudan en RDC.

A peine nommé, François Kabulo avait effectué son premier voyage au Caire (Égypte). Après des rencontres avec des autorités de la Confédération Africaine de Football (CAF), la Cellule de communication de son cabinet va publier un communiqué aux termes duquel elle va annoncer l’homologation du stade des Martyrs par l’instance faîtière du football continental. Curieusement, lorsque la même CAF publie la liste des stades homologués, personne n’a vu le nom du stade des Martyrs.

Il y a surtout eu l’annonce de « Fatshi Cup« , cette compétition qui, selon le cabinet du patron des Sports congolais, devrait être financée par la FIFa et la CAF. Là aussi, le démenti est venu de la CAF. En effet, le Secrétaire général de la CAF, Veron Mosengo Omba, avait, au cours d’une conférence de presse animée à Kinshasa, apporté un démenti.

Quid de la reprise du championnat de la Ligue Nationale de Football (Linafoot). Aussitôt nommé ministre des Sports, François Kabulo mwana Kabulo, avait promis de mouiller sa veste, de secouer tout le monde afin d’obtenir la reprise du championnat. En lieu et place, on a vu les dirigeants des clubs congolais, au sortir d’une réunion avec les dirigeants de la Linafoot et ceux de la Fédération Congolaise de Football Association (FECOFA), annoncer l’arrêt définitif de la compétition.

Dans un pays où tous les indicateurs semblent être au rouge, les stades restent les seuls endroits où les Congolais vont noyer leurs soucis. C’est aussi le secteur qui peut fédérer la population congolaise en ce moment où l’on note des déchirements sociopolitiques. Le ministre des Sports, François Kabulo Mwana Kabulo, a donc intérêt à bien ficeler ses promesses avant de les annoncer.

Car, plus d’un observateur de la scène sportive congolaise croit dur comme fer que l’ancien journaliste, jugé trop critique avec la plupart de ses prédécesseurs, a été nommé par défi comme l’a été un certain Lucien Tshimpumpu sous le régime Mobutu.

Tribune de Rombaut KASONGO, enseignant à l’IFASIC.


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À la Une

RDC : 63 ans après, les leaders politiques répètent les mêmes erreurs ! ( Par Tonduangu Kuezina Daniel )

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A 7 mois des élections générales en RDC, il y règne déjà une ambiance de campagne, surtout à Kinshasa. Les équipes dirigeantes en place et les opposants sont déjà dans le starting block, en compétition. Les manifestations politiques de l’opposition ne sont pas les bienvenues et les partisans du pouvoir en place haussent le ton, c’est un parfum du « déjà vu » dans ce grand pays dit « démocratique ». Pendant ce temps la vie continue en RDC et elle n’est pas un long fleuve tranquille pour le commun des mortels.

Au cours d’un un échange avec un de mes enfants, dans un décor estival de cette fin de mois de mai, je lui dis que les Congolais ont toujours la manie de répéter leur histoire, soit parce qu’ils l’ignorent soit parce qu’ils n’en tirent pas les leçons appropriées. En outre, lui dis-je, se préoccuper de façon quasi obsessionnelle de l’organisation des élections (tant pour les leaders au pouvoir que ceux de l’opposition), y consacrer autant d’argent alors que le minimum n’est pas assuré pour le plus grand nombre doivent questionner pour l’avenir… d’autant plus que les résultats des élections seront immédiatement contestés et on repartira pour un nouveau cycle de contestation, de haine et de division. Un autre rendez-vous manqué en perspective…

Ne faut-il pas réfléchir sur une autre façon de faire ? la question mérite d’être posée…

Pour complexifier les choses, le pays est agressé à l’Est (avec la complicité du voisin rwandais). Cette région orientale connait depuis plusieurs années des massacres des populations au vu et au su de la communauté tant nationale qu’ internationale (avec la présence remarquée de la MONUSCO et récemment des troupes de la communauté de l’Afrique de l’Est (EAC en sigle) ; pendant ce temps-là, les multinationales chinoises, américaines et européennes continuent d’exploiter les ressources du sous-sol …et comme un malheur ne vient jamais seul, les affres de la désolation s’approchent de façon inéluctable de la capitale du pays, avec des affrontements entre les peuples Yaka et Teke qui se livrent depuis quelques mois aux massacres des uns et des autres alors qu’ils ont toujours cohabité dans le passé.

Quant aux acteurs politiques majeurs de la RDC, ils ne mettent pas leur intelligence collective à contribution pour gagner la guerre, pacifier le pays et développer le pays. Que dire du reste du pays, grand comme un sous-continent ? il vague allègrement à ses occupations.

Le démon du tribalisme par contre reprend du poil de la bête… et pour ne pas faciliter les choses les réseaux sociaux distillent la haine et l’incivisme.

Le décor ainsi planté me rappelle ce qui s’est passé « mutatis mutandis » il y a 63 ans.

Une table ronde politique est convoquée à Bruxelles du 20 janvier au 20 février 1960 car les évènements récents à Léopoldville ont poussé les autorités belges à prendre l’initiative politique.

En effet la publication du « Manifeste de la conscience africaine » par les jeunes intellectuels catholiques autour du futur cardinal Malula ( numéro spécial de juillet-août 1956), le contre-manifeste de l’Abako sous la supervision du Président Kasa-Vubu (Août 1956), appelant déjà à l’indépendance, la laïcisation de l’enseignement dans la colonie belge (sous l’impulsion de monsieur Buisseret, ministre des Colonies en 1954), la participation des Congolais à l’exposition universelle de Bruxelles (de 1958), la naissance des partis politiques et surtout les émeutes du 4 janvier 1959 à Léopoldville (élément décisif) sont des facteurs internes qui vont influer pour le changement de la donne politique dans le Congo belge ; mais il faut associer à ces facteurs internes, l’environnement international propice : avec la montée des panafricanistes réunis en 1958 à Accra autour de Kwame Nkrumah, les pressions des USA qui poussent à la décolonisation et la naissance des groupes des pays non-alignés à Bandung (18 avril -24 avril 1955) qui fustigent aussi la colonisation.

A Bruxelles, le front commun des politiciens congolais permet d’obtenir une grande victoire politique : la date de l’indépendance est fixée au 30 juin 1960. Cela augure aussi nos malheurs : nos politiciens sont obligés d’organiser le futur Etat avec un texte de constitution qui est un copier-coller de celui de l’Etat colonisateur (la loi fondamentale), personne ne s’en offusque à l’époque. Pire, les politiciens congolais se projettent déjà dans les élections pour prendre le pouvoir. Ces élections leur permettraient enfin de prendre la place des blancs, comme le dit Frantz Fanon. ( 1 )

Ils n’ont pas mesuré l’importance de la prise en charge des populations après l’indépendance. Le pouvoir pour le pouvoir, cela aura de grandes conséquences pour le pays…

N’est-ce pas à ce scénario que le pays est confronté actuellement ?

En 1960, pour préparer l’indépendance sur le plan macroéconomique car il faut trancher sur certains transferts des capitaux entre l’Etat colonial et le futur Etat congolais souverain, une table ronde économique est convoquée et se tiendra du 26 avril au 16 mai 1960 au Palais de congrès de Bruxelles. Cette table ronde économique ne va pas servir les intérêts du Congo. Elle sera plutôt une tentative de Bruxelles pour sauver les meubles. La qualité des négociateurs congolais est épinglée même par les Belges, ainsi le Premier ministre belge Eyskens déclara : « des gens qui avaient droit d’étudier tout au plus la psychologie étaient censés trancher des problèmes macroéconomiques cruciaux ».

En effet, les grands leaders politiques congolais y attachèrent moins d’importance. Ils ne pensaient qu’au futur pouvoir à Léopoldville…

Les Belges vont obtenir que les entreprises belges pouvaient choisir de relever du droit congolais ou du droit belge, elles optèrent bien-sûr pour la plupart pour le droit belge, avec transfert des capitaux de la colonie belge à Bruxelles. Le jeune Etat congolais n’aura plus le contrôle de près de 37.3 milliards de francs (ensemble des actions de l’Etat colonial) selon Tony Bussselen (2).

Les belges vont obtenir aussi la dissolution du comité spécial du Katanga, qui était en fait une société publique qui au Katanga attribuait des concessions aux entreprises privées, en échanges d’actions. Il avait ainsi une participation majoritaire dans l’union minière, et donc le pouvoir de décision ; le jeune Etat congolais va perdre aussi une grande partie de son portefeuille. A ce jour le contentieux issu de cette table ronde n’est pas encore soldé définitivement malgré les tentatives de Tshombe (accord Tshombe–Spaak en 1965) et de Mobutu (1966 et 1988).

Les dignitaires de la deuxième République, Nimy Mayidika Ngimbi et Léon Kengo wa Dondo, appellent dans leurs mémoires, la génération actuelle au pouvoir en RDC de soulever à nouveau le problème de ce fameux contentieux (3,4).

Dans un article que j’ai publié sur le site Desk africain d’analyses stratégiques, je soulève aussi la question de la revisitation du contentieux belgo-congolaise (5). C’est donc un pays confronté aux grandes difficultés économiques que les politiciens congolais vont hériter de la Belgique, difficultés auxquelles va s’ajouter rapidement la grande crise politique qui va conduire à la fin du processus démocratique, avec l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, et plus tard au coup d’Etat qui va installer la deuxième République.

Pour revenir à l’actualité socio politique et économique en RDC, la crise économique profonde et multifactorielle en RDC ; l’instabilité à l’Est liée à la guerre ; le manque d’éthique pour la plupart des « acteurs » politiques qui se livrent de façon éhontée à une corruption à ciel ouvert et aux détournements des deniers publics.

Il me revient à l’esprit les mots forts prononcés par le pape François lors de sa visite en RDC au mois de janvier 2023. Je cite ici les extraits de la chronique que j’ai publiée récemment. (6) Le pape a utilisé des métaphores qui interpellent : la vraie richesse en RDC sont les personnes et les bonnes relations entre elles. La jeunesse doit être au centre des préoccupations des gouvernants : « les diamants les plus précieux de la terre congolaise sont ses enfants qui doivent bénéficier des véritables opportunités éducatives qui leur permettent de mettre pleinement à profit leurs brillants talents ». Le pape a appelé le peuple congolais au travail : « courage, frère et sœur congolais, relève-toi, reprends tes mains, comme un diamant très pur, ce que tu es, ta dignité, ta vocation à garder en harmonie et en paix la maison que tu habites. Revis l’esprit de ton hymne national, en rêvant et en mettant en pratique ses paroles :  par le labeur, nous bâtirons un pays plus beau qu’avant, dans la paix. »

Le pape a condamné fermement le tribalisme, le régionalisme, la corruption… et a appelé à la justice et à l’organisation des élections transparentes. Le pouvoir que les gens veulent obtenir, n’a de sens en effet que s’il devient service.

Si nous ne savons pas où nous allons, nous devons savoir d’où nous venons…

Références

Frantz Fanon : Les damnés de la terre, La découverte,1961

Tony Busselen : Une histoire populaire du Congo, Aden Belgique,2010

Nimy Mayidika Ngimbi José Patrick : Je ne renie rien. Je raconte…L’Harmattan, 2006

Kengo wa Dondo Léon : La passion de l’Etat, l’Harmattan RDCongo,2019

Tonduangu KD : Ne faut-il pas revisiter le contentieux belgo-congolais ? afridesc.org, juill.2021.

Tonduangu KD : Lettre aux enfants de la RDC : même le plus grand pape de l’histoire ne peut donner que ce qu’il a. Congoprofond.net, février 2023.


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