Politique
Signature de l’accord RDC-SADC pour le déploiement des troupes au Nord-Kivu: Le professeur Nissé Mughendi Nzereka optimiste
La RDC essaie de trouver au sein de la SADC un complément de solution qu’elle n’a pas trouvé au sein de l’EAC. » Les deux organisations ont des expériences différentes de celle de l’EAC qui n’est pas habituée à des opérations militaires. C’était la première… ». C’est, en tout cas, ce que pense le directeur de cabinet adjoint du ministre d’État à l’Intégration régionale, le professeur Nissé Mughendi Nzereka, au cours d’une interview qu’il a accordée ce lundi 20 novembre 2023 à CONGOPROFOND.NET.
Pour lui, c’était une première pour l’EAC, alors que pour la SADC, on a une expérience conclusive par le passé.
En 1999, rappelle-t-il, lorque la RDC subissait celle qui est connue comme une guerre de « rectification », on a vu les armées de certains pays de la SADC intervenir et avec succès parce que cela a permis de limiter les dégâts et d’obtenir un accord avec ceux qui ont agressé la RDC, de libérer la RDC pacifiquement pour restructurer, réformer l’État et concevoir une nouvelle constitution. C’est grâce à cet effort des troupes de la SADC, à l’époque c’était l’Angola, le Zimbabwe et la Namibie.
Actuellement, poursuit le directeur, « c’est l’Afrique du Sud qui est intéressée, le Malawi et la Tanzanie mais la Tanzanie est déjà avec nous même au sein de l’EAC comme qui réclame, on doit le dire, les intérêts sont divergents au sein de l’EAC par apport à l’engagement militaire. C’est pour ça qu’il n’y avait pas eu d’accord clair définissant un mandat, pas agressif mais offensif du déploiement militaire. Mais pour la SADC, au moins, il y a un consensus qu’il faut un mandat offensif. Donc, ce sont des troupes qui vont venir combattre. Ils ne vont pas venir s’interposer », ajoute t-il. D’où, conclut-il, l’espoir est permis pour le petit Nord de la province du Nord-Kivu.
« (…) Il y a effectivement la Tanzanie qui est insatisfaite au sein de l’engagement EAC. Et aussi le Malawi et l’Afrique du Sud. Je dois souligner que ce sont des États qui ont déjà une autre expérience avec la RDC dans la force onusienne d’imposition de la paix, FIB qui avait un mandat offensif et qui a travaillé avec Mamadou Ndala pour chasser le M23 de la RDC en 2013 et qui, par la suite, a été déployée du côte de Beni. On sait les problèmes qu’ils ont eu là bas, des tanzaniens massacrés, etc. La collaboration n’était pas bonne avec les FARDC et avec les troupes présentes sur terrain mais maintenant pour l’expérience du petit Nord, il y a beaucoup d’espoir. Alors l’espoir c’est grâce à l’appui de ces pays membres de la SADC. On va obtenir un peut plus d’énergie pour renforcer les FARDC », estime-t-il.
Par ailleurs, ce professeur d’universités distingue les opérations militaires de l’EAC et l’adhésion de la RDC à cette organisation sous-régionale. La RDC a adhéré à l’EAC pour les intérêts économiques mais c’est le déploiement militaire de l’EAC qui pose problème. Pour lui, l’EAC est bénéfique à la RDC sur le plan économique mais elle a échoué sur le plan militaire et c’est ce que la SADC viendra compléter.
Pour rappel, c’est le week-end dernier que la RDC a signé un accord avec la SADC pour le déploiement de ses troupes au Nord-Kivu. Objectif affiché: contraindre le M23 à abandonner la guerre et ainsi imposer la paix.
Dalmond Ndungo/CONGOPROFOND.NET
Actualité
Kisangani : Quand les victimes de la guerre de 6 jours se rebellent contre la corruption au FRIVAO
Un quart de siècle après le drame, les survivants handicapés refusent le silence et interpellent l’État sur la justice qui leur échappe encore._
Sous le soleil pesant de la Tshopo, ce week-end, ils sont venus, béquilles et cicatrices en avant, porter une même plainte, celle de la dignité bafouée. Les victimes de la guerre de 6 jours, ce conflit sanglant de juin 2000 qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise au cœur de Kisangani, ne demandent plus la pitié. Elles réclament des comptes.

Devant le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, un groupe de survivants a brisé le silence. Ces hommes et femmes, marqués à vie par la guerre, dénoncent aujourd’hui un nouveau fléau : la corruption au sein du Fonds pour la Réparation et l’Indemnisation des Victimes de l’Agression Ougandaise (FRIVAO). « Nous sommes venus voir le ministre pour lui montrer une situation indécente qui se passe ici à la Tshopo », confie Moïse Ndawele, amputé de la jambe droite depuis cette guerre.
« Les agents du FRIVAO nous réclament 500 dollars américains pour être enregistrés sur les listes d’indemnisation. Et si tu n’as pas cet argent, ils te proposent d’y figurer en échange de la moitié de ton indemnité. »
Un témoignage glaçant, partagé par de nombreuses autres victimes.
Ces pratiques présumées ternissent le visage d’un programme censé incarner la justice réparatrice voulue par l’État congolais. Pour ceux qui ont tout perdu, l’attente d’une compensation tourne à la désillusion, voire à l’humiliation.
Face à la gravité des faits rapportés, le ministre Guillaume Ngefa a promis d’agir. Selon les plaignants, il aurait assuré qu’il portera le dossier au Conseil des ministres et qu’il s’engage à « remettre de l’ordre » dans cette affaire. Une promesse saluée avec prudence par les victimes, qui redoutent que le dossier ne s’enlise dans les méandres administratifs, comme tant d’autres avant lui.
Mais à Kisangani, l’heure n’est plus à la résignation.
Les survivants de la guerre de 6 jours, dont beaucoup vivent aujourd’hui dans la pauvreté et l’oubli, veulent croire que leur combat pour la reconnaissance et la justice trouvera enfin un écho réel au sommet de l’État. « Nous ne voulons pas de faveur, seulement la justice. Nous avons assez attendu », lance l’un d’eux, le regard ferme.
À travers leur voix s’exprime toute une génération de Congolais meurtris, témoins d’un passé sanglant mais toujours debout, décidés à ne plus être les oubliés de l’histoire.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
