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Sécurité

Rubaya, La mine de coltan qui rapporte gros aux terroristes du M23 !

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À l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la région minière de Rubaya est devenue une véritable poule aux œufs d’or pour les groupes rebelles. Selon un rapport récent présenté au Conseil de sécurité des Nations Unies, cette zone riche en coltan génère des revenus mensuels estimés à 300 000 dollars pour les forces insurgées qui la contrôlent.

Le coltan, minerai crucial pour la fabrication de smartphones et d’ordinateurs, a transformé Rubaya en un enjeu stratégique majeur. Bintou Keita, chef de la mission de l’ONU en RDC, souligne l’importance de cette région : “Le commerce des minéraux de Rubaya représente plus de 15% de l’approvisionnement mondial en tantale.” Le tantale, extrait du coltan, est considéré comme un minéral critique par les États-Unis et l’Union européenne, la RDC étant le premier producteur mondial.

C’est le mouvement M23, une organisation terroriste soutenue par le Rwanda, qui a pris le contrôle de Rubaya en avril dernier après d’intenses combats. Depuis, le groupe a imposé une taxe sur la production de coltan, s’assurant ainsi un flux régulier de revenus substantiels.

Cette mainmise sur les ressources de Rubaya par les rebelles a des conséquences désastreuses. Keita explique : “Le blanchiment criminel des ressources naturelles de la RDC renforce les groupes armés, perpétue l’exploitation des populations civiles, et sape les efforts de paix.” Dans ces zones contrôlées par les rebelles, certains civils seraient même réduits à un “esclavage de fait”.

La situation à Rubaya s’inscrit dans le contexte plus large du conflit qui secoue l’est du Congo depuis des décennies. La résurgence du M23 en mars 2022 a encore aggravé la crise, causant la mort de milliers de personnes et le déplacement de plus d’un million d’autres.

Face à cette situation, la communauté internationale est mise au défi. Les fabricants de produits électroniques sont sous pression pour s’assurer que leurs chaînes d’approvisionnement n’alimentent pas les conflits. Keita appelle à des sanctions internationales contre ceux qui profitent de ce commerce illicite, affirmant que sans cela, “la paix restera insaisissable et les civils continueront à souffrir.”

Le cas de Rubaya illustre comment une mine riche en ressources peut devenir le moteur d’un conflit, transformant des groupes armés en “entrepreneurs militarisés” selon les termes de Keita. Les revenus générés par le coltan de Rubaya renforcent les rebelles à la fois militairement et financièrement, compliquant davantage les efforts de paix dans la région.

Cette situation met en lumière les défis complexes auxquels font face la RDC et la communauté internationale dans leurs efforts pour apporter la paix et la stabilité dans une région où les richesses minérales alimentent les conflits plutôt que de bénéficier à la population locale.

F.N.K.


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Sécurité

De l’évasion à la prison centrale de Makala à la criminalité à Kinshasa

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La récente évasion de prisonniers à la prison centrale de Makala a suscité une onde de choc à Kinshasa, exacerbant les inquiétudes déjà palpables concernant la sécurité publique dans la capitale de la RDC. Cet événement a non seulement entraîné une recrudescence de la criminalité et de la violence dans la ville-province, mais soulève également des questions sur la gestion des établissements pénitentiaires et les politiques judiciaires en vigueur.

L’évasion de plusieurs détenus, dont des criminels dangereux, a mis en lumière les lacunes du système pénitentiaire congolais. La prison de Makala, qui abrite un grand nombre de détenus pour des crimes graves, est censée être un lieu de réhabilitation et de sécurité. Cependant, cet incident révèle un manque flagrant de mesures de sécurité adéquates et d’une gestion efficace au sein de l’établissement.

Les autorités doivent se poser la question : comment un tel événement a-t-il pu se produire dans un lieu supposé être hautement surveillé ? Cette évasion a eu des conséquences immédiates et désastreuses sur la sécurité à Kinshasa. Les rapports indiquent une augmentation des actes criminels, tels que les vols à main armée, les agressions et d’autres formes de violence.

Les citoyens, déjà en proie à une insécurité chronique, se sentent désormais encore plus vulnérables. Les forces de l’ordre, déjà sous pression, sont confrontées à un défi de taille pour contenir cette montée de la criminalité, exacerbée par le retour en liberté de détenus ayant des antécédents violents. Face à cette situation préoccupante, le Procureur Général Firmin Mvonde a pris des mesures immédiates.

Il a instruit l’activation de tous les mécanismes nécessaires pour appréhender les criminels évadés. Cette réaction est sans doute nécessaire, mais elle soulève des interrogations sur la stratégie globale de lutte contre la criminalité. L’arrestation des évadés ne suffira pas à résoudre les problèmes systémiques d’un système judiciaire et pénitentiaire en crise.

Il est impératif que les autorités prennent également des mesures préventives pour éviter de futurs incidents similaires. Il est également crucial de contextualiser cette évasion à la lumière de la politique de libération des prisonniers mise en œuvre par le Ministre d’Etat Constant Mutamba. Cette politique, qui vise à désengorger les prisons et à favoriser la réinsertion des détenus.

Elle peut sembler louable en théorie. Cependant, dans la pratique, elle pourrait s’avérer contre-productive si elle n’est pas accompagnée de garanties solides sur la sécurité publique. La tension entre le Ministre et le Conseil Supérieur de la Magistrature soulève des doutes quant à la légitimité et à l’efficacité de cette politique.

Les autorités doivent s’assurer que la libération des prisonniers ne se traduise pas par une augmentation de la criminalité. L’évasion des prisonniers de la prison centrale de Makala est un appel urgent à une réflexion critique sur la gestion de la sécurité et de la justice à Kinshasa. Les réponses à cette crise doivent aller au-delà des mesures répressives immédiates.

Il est essentiel d’adopter une approche holistique qui englobe la réforme du système pénitentiaire, le renforcement des capacités des forces de l’ordre et la mise en œuvre de politiques judiciaires équilibrées et réfléchies. La sécurité des citoyens ne doit pas être sacrifiée sur l’autel des politiques populistes. La quête de justice et de sécurité à Kinshasa doit être une priorité.

Cela nécessite une collaboration étroite entre les différentes institutions de l’État, tout en prenant en compte les droits fondamentaux des individus et les réalités socio-économiques du pays. Une politique carcérale irréfléchie crée des murs qui enferment les corps, mais libèrent les ombres. Quand le Conseil Supérieur de la Magistrature et le Ministre d’État de la Justice s’affrontent, la justice et la vérité se cache.

TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR


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