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RDC : Véritable monstre de la musique, Georges Kiamuangana Mateta dit « Verckys » décédé à Kinshasa à 78 ans

Le saxophoniste Verckys Kiamuangana Mateta est décédé jeudi, au Centre médical de Kinshasa, des suites d’une maladie à l’âge de 78 ans.
Né à Kisantu dans la province du Kongo Central, à 120 km de Kinshasa, le 19 mai 1944, Verckys Kiamuangana surnommé «Vévé», puis « Wa zola Nzimbu » par le regretté chanteur King Kester Emeneya, fut auteur, compositeur, arrangeur, preneur de son, éditeur, producteur, mécène et saxophoniste de talent qui a évolué au sein du groupe musical OK Jazz du Grand maître Franco Luambo Makiadi, avant de créer son propre orchestre « Vévé ».
Reconnu par de nombreux mélomanes de la Rumba congolaise comme « l’homme aux poumons d’aciers» grâce à sa maitrise de la flûte, de la clarinette et du saxophone, alors qu’il était encore adolescent, « Vévé » a fait ses débuts professionnels dans le groupe musical Conga Jazz de Paul « Dewayon » Ebengo, avant de rejoindre l’OK Jazz » en 1963.
Il jouait un saxo énergique, teinté de « Rhythm and blues américain », ses solos volatils, bien que généralement non crédités sur les disques, ont distingué la période du milieu des années 60 et lui ont valu la distinction « d’homme aux poumons d’acier ». Les contributions généralement considérées comme celles de Verckys incluent les solos de « Polo », « Bolingo ya Bougie », « Ngai Marie Nzoto Ebeba », » Course au pouvoir », etc.
L’artiste a également écrit l’une des chansons les plus connues du groupe « Oh Madame de la maison » parlant d’une femme au foyer face à la tentation. En 1968, avec Youlou Mabiala, en dehors de l’OK Jazz, le saxophoniste « Verckys » enregistre plusieurs titres dont « Okokoma Mokristu » de Simaro Lutumba qui a connu un énorme succès et cela lui a valu le départ de l’OK Jazz pour ce « Nzonzing ».
La création du groupe « Vévé » de Verckys
Le 05 avril 1969, après son départ de l’orchestre « OK Jazz », Verckys crée son propre groupe appelé « Vévé » avec en son sein des chanteurs Matadidi Mabele « Mario », Marcel « Djeskain » Loko et Bonghat « Sinatra » Tshekabu, qui formeront le très populaire trio « MADJESI » quelques années plus tard, avec plusieurs tubes dont « Mfumbwa », « Liwa na ngai Bankoko Bayoki », « Fifi Solange », « Bolingo Florence » et d’autres.
Après avoir bousculé l’échiquier musical congolais, Sinatra, Djeskain et Mario quittent « Vévé » pour former l’orchestre « Sosoliso », en se faisant appelés le trio « MADJESI » et se rendent ensuite à Brazzaville pour enregistrer à la Socodi.
Ce départ du trio « MADJESI » a poussé l’artiste Verckys à recruter de nouveaux musiciens, suivi de l’enregistrement des chansons telles que « Fifi », « Nakomitunaka » et « Sex Vévé ». Kelly et Juslain Makanga lancent « Ndona et « Gilmo », des chansons qui furent de grands succès de l’orchestre la même année.
Verckys Kiamwangana, promoteur des jeunes artistes talentueux
Par ailleurs, à la même période, Georges Kiamwangana Mateta monte les éditions « Vévé » et produit plusieurs artistes sur la scène musicale dont les premiers produits qui furent édités sont entre autres « Okokoma Mokristu», « Mbula ekoya to kozongana » de Verckys et les premiers disques de l’orchestre Vévé ont été édités par lui-même, notamment « Nakopesayo motema » et « Billy ya ba fiancés » de Verckys ainsi que « Fifi Solange » de Sinatra Saak Saakul.
Dans les années 1970, il se produit avec d’autres grands musiciens, légende de l’époque comme Nyboma Mwan’Dido et Pépé Kalle. Quelques temps après, vers les années 1980, Verckys monte Langa Langa Stars composé d’Evoloko Joker, Bozi Boziana et Djo Mali Boteku, dissidents de Zaïko Langa Langa, et du chanteur Dindo Yogo.
En 1998, il dirige avec Tabu Ley, Zatho Kinzonzi et Philippe Kanza, les travaux de l’Union des musiciens congolais (UMUCO), sur les avis et considérations en rapport avec la Constitution de la 3ème République. En 2006, il relance les éditions Vévé et ressort une vingtaine de cassettes des œuvres de plusieurs artistes et orchestres, éditées et produites depuis 1969.
Des réactions après l’annonce du décès de Verckys
Pour plusieurs mélomanes de la musique congolaise, Verckys Kiamuangana fut un modèle d’artiste qui a su porter haut l’étendard de la rumba congolaise durant toute sa vie en tant qu’artiste.
Selon le professeur Antoine Manda Tchebwa qui s’est confié à l’ACP, l’industrie musicale congolaise a perdu l’un de ses pionniers en la personne de Verckys Kiamuangana qui fut le tout premier Congolais à détenir son propre label « Édition Vévé » et son studio d’enregistrement moderne en 1972.
Il a rappelé que l’Edition « Vévé » a contribué à la promotion de plusieurs artistes musiciens et orchestres qui ont contribué à l’évolution de la musique congolaise, notamment « Bela-Bela » des frères Soki, « Zaiko Langa-Langa », « Lipua-Lipua » avec les chanteurs Nyboma et Pépé Kale, « Isifi Lokole », « Langa-langa Stars », « Viva la Musica » du chanteur Papa Wemba, « Victoria Eleison » du chanteur Emeneya, « Antichoc » du chanteur Bozi Boziana, sans oublier le chanteur Koffi Olomide et bien d’autres.
Il a salué, à cet effet, la mémoire de ce talentueux de l’industrie de la musique congolaise.
De son côté, le responsable de E-télé Matadi et opérateur culturel, Jean Pierre Eale, a déclaré que la scène musicale congolaise a perdu un découvreur des talents qui participait à toutes les étapes de la carrière des jeunes musiciens, de la fabrique à la distribution des produits musicaux.
ACP/KHM/ ODM/ MNI/HBB/ KAI
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Scrabble : Le Luxembourgeois Garcia Ndunga défie l’élite mondiale au Canada

À 49 ans, Garcia Ndunga s’apprête à relever un défi de taille : représenter le Luxembourg lors du 53ᵉ Championnat du monde de Scrabble francophone, du 11 au 18 juillet 2025. Originaire du Grand-Duché mais né au Congo, ce passionné de lettres croisées défendra les couleurs de son pays dans plusieurs catégories, face à des centaines de joueurs issus d’une quinzaine de nations.
Un passionné méthodique et tenace
Membre actif du seul club francophone de Scrabble au Luxembourg, basé à Beggen, Garcia Ndunga n’est pas un débutant dans l’univers du jeu. Régulièrement classé premier au niveau national, ses performances au sein du club lui ont valu son billet pour ce prestigieux rendez-vous international. Il y disputera les compétitions dans les catégories « Élite », « Blitz », « Parties Originales » et « Par Paires ».
« Finir dans les 50 premiers serait un excellent résultat », confie-t-il avec réalisme, mais aussi ambition. Dans la catégorie « Élite », il devra faire preuve de concentration, de vocabulaire étendu et de stratégie : toutes les parties y sont jouées en duplicate, un mode où chaque joueur utilise exactement les mêmes lettres, garantissant une égalité parfaite des chances. Le talent, dès lors, fait toute la différence.
Le « Blitz », quant à lui, reprend les mêmes règles que le duplicate mais en version accélérée : la réactivité est primordiale. Ajoutez à cela les parties originales, avec des variantes surprenantes, et l’épreuve en duo, et l’on obtient un programme dense, exigeant, mais exaltant.
Un visage de la francophonie luxembourgeoise
Garcia Ndunga incarne aussi une diversité précieuse : celle d’une francophonie active, bien vivante au Luxembourg. Originaire de République démocratique du Congo, il représente un visage multiculturel du Scrabble, tout en contribuant à faire rayonner ce sport cérébral dans un pays où il reste encore discret.
« On suppose qu’il y a des joueurs dans des villes comme Esch-sur-Alzette, Dudelange ou Ettelbruck. Mais ils ne savent pas forcément que notre club existe », déplore-t-il. Avec une quarantaine de membres, le club de Beggen, qu’il souhaite voir devenir une fédération nationale reconnue, ambitionne d’élargir son impact au-delà de la capitale. « Une reconnaissance officielle nous permettrait d’organiser des tournois, de mieux nous faire connaître et de dynamiser la pratique dans tout le pays. »
Un rêve en lettres majuscules
Et pourquoi pas un jour viser le sommet ? Garcia n’écarte pas l’idée de devenir champion du monde : « J’aimerais bien, mais cela demande un gros investissement en temps. Pour l’instant, ce n’est pas possible, mais pourquoi pas plus tard », lance-t-il, le regard tourné vers l’avenir.
Son parcours inspire. Dans un univers où les figures médiatisées sont rares, il incarne une passion tranquille, rigoureuse, portée par la conviction que les lettres aussi peuvent faire voyager. Après tout, de Beggen à Trois-Rivières, il n’y a que quelques milliers de kilomètres et quelques bons mots à aligner.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET