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RDC: un air non électoral à 2 jours de la campagne, la CENI face à des défis majeurs
La campagne électorale va débuter ce jeudi 22 novembre. Plusieurs incertitudes demeurent au regard de l’attitude de la CENI, du gouvernement, des partis politiques tant de la majorité que de l’opposition.
Kinshasa et le Congo profond vivent encore un air non électoral. Si les candidats à la députation provinciale s’activent tant soit peu, il n’y va pas de même chez les présidentiables et les candidats aux législatives nationales.
Emmanuel Ramazani Shadary, l’un des prétendants les plus sérieux, n’a pas encore publié son staff de campagne, alors que son projet de société a été publié à 3 jours seulement du début de la campagne.
Du côté de l’opposition, la coalition « Lamuka » tend plus à un boycott qu’à une campagne électorale à cause de la machine à voter.
Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe sont encore dans des conciliabules.
Sans oublier le reste des candidats qui continuent à réclamer le retrait de Ramazani Shadary.
Le gouvernement n’a pas encore résolu le dernier pallier financier à affecter à la CENI, près de 500.000.000 de $.
Du côté même de la CENI, des incertitudes demeurent notamment l’arrivée complète des machines à voter et leur déploiement dans les provinces. Véritables défis logistiques.
Face à ces multiples couacs, une question demeure: la CENI est elle prête pour organiser les élections ?
Une CENI et trois possibilités
Ainsi, 3 possibilités s’offrent à la CENI le jeudi 22 novembre :
Premièrement, le lancement officiel de la fameuse campagne électorale avec les conséquences fâcheuses qui peuvent en découler. Notamment à cause des incertitudes qui demeurent sans piste de solution à ce jour.
Deuxièmement, la CENI peut décréter le report des élections pour des raisons financières et logistiques. Une déclaration qui risque d’imploser le pays et de détruire son image à l’extérieur.
Enfin, la CENI peut déclarer prendre en compte les réclamations de l’opposition.
Sur ce, elle peut retirer la machine à voter pour éviter le chaos et exiger la tenue du recensement.
Ce dernier permettra de résoudre la problématique du nettoyage du fichier électoral, notamment de 10% d’enrôlés sans empreinte digitale.
Dans ce cas, il faudra préparer un cadre consensuel pour des élections crédibles et acceptables par tous.
Ainsi, il faudra faire appel à une énième « TRANSITION » que certains souhaiterait les plus radicaux sans Joseph Kabila.
Question aussi de résoudre les cas problématiques tels le retour des exilés politiques, la décrispation politique, la validation des candidats invalidés, etc. Ce qui fera sûrement le bonheur de la coalition « Lamuka » qui en appelle de tous ses vœux.
Beaucoup s’interrogent déjà si ce n’est pas pour cette éventualité que Joseph Kabila a promulgué la semaine dernière la loi portant fonctionnement du « CNSA ».
De toutes les façons, tous ces scénarios sont envisageables, mais seul l’avenir nous en dira un peu plus.
Entretemps les Congolais continuent d’appeler de tous leurs voeux: « Allô ! Kotisa nga na ndaku Ya corneille Nangaa: gouvernement a organiser kaka b’elections, eloko mususu te, kaka b’elections. »
( Allô ! Introduisez-moi à la maison de Corneille Nangaa: que le gouvernement organise seulement des élections, rien d’autre, seulement des élections).
TMB/ CONGOPROFOND.NET
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Guerre du M23/Rwanda : Des milliers de personnes fuient les combats en direction de Goma et au-delà
Les violents affrontements autour de la localité de Sake, dans l’est de la RDC, qui opposent l’armée congolaise, appuyée par ses alliés locaux, et le M23, soutenu par le Rwanda, poussent des milliers d’habitants de la région à fuir les combats. Si la plupart vont chercher refuge à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu situé à seulement une vingtaine de kilomètres de là, d’autres préfèrent aller au-delà et franchir la frontière avec le Rwanda. Reportage.
À Goma, en RDC, l’angoisse est palpable sur la route principale qui relie les quartiers de Ndosho et de Katindo. Des colonnes de déplacés circulent à pied, à moto ou en bus en direction du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Désespérées, Alice et Kanyere racontent leur calvaire. « Il y a de nombreuses détonations et des avions qui bombardent là d’où nous venons. Il y a aussi beaucoup de militaires sur la route. Tout le monde s’enfuit ! », confie la première. « Beaucoup de bombes explosent et les balles sifflent. Nous avons dû quitter les huttes de notre camp, témoigne la seconde, dépitée, avant de poursuivre : je n’ai pas de famille à Goma. Il faut que le gouvernement termine la guerre ! »
Âgé d’une trentaine d’années, Haguma Banga marche, lui, avec un matelas sur la tête. Après avoir fui Sake, il est toujours sans nouvelle de sa famille. « Je ne sais pas où sont ma femme et mes cinq enfants. Ce serait un miracle de les retrouver », se désole-t-il.
A l’hôpital CBCA Ndosho, le personnel soignant s’active pour recevoir les blessés qui affluent également en masse, comme Mariam Kashindi, 22 ans, qui a quitté Sake en urgence après avoir reçu un éclat d’obus dans le bras. « Nous avions commencé à fuir, nous étions devant le marché de Mubambiro quand ma fille a été touchée par une bombe dont les éclats m’ont atteint, raconte-t-elle avant de poursuivre : nous fuyons le M23. J’ai trois enfants. L’un a été blessé, quant à l’autre, je ne sais pas où il est ».
« Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup »
Un peu plus loin, Neema Jeannette pleure allongée sur un lit. Elle a été touchée par une explosion alors qu’elle se trouvait avec un groupe d’amies. « Une bombe est tombée sur nous. Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup. Moi, je suis la seule survivante. Je remercie le CICR de m’avoir prise en charge à l’hôpital », sanglote-t-elle.
Cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Nord-Kivu, Miriam Favier explique que l’établissement a été contraint d’activer ses quatre blocs opératoires en raison de l’afflux de blessés. « Depuis ce matin, plus de 70 patients sont déjà arrivés et ce n’est pas fini. C’est assez inquiétant », déplore-t-elle.
Si, à Goma, les autorités militaires comme la société civile appellent au calme, des écoles et plusieurs boutiques ont toutefois fermé leurs portes, tout comme l’Institut français, qui a décidé de suspendre temporairement ses activités. Les billets de tous les spectacles annulés seront intégralement remboursés, explique la structure dans un communiqué.
« Même ici, on vient d’entendre un obus tomber »
Anticipant une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire, certains habitants ont, quant à eux, décidé de prendre les devants et sont passés au Rwanda voisin, où ils ont trouvé refuge dans la ville frontalière de Rubavu pour la plupart. « Mon mari habite ici, il m’a dit de le rejoindre pour fuir la panique qui s’empare de la ville de Goma », déclare ainsi Amina, une valise à la main et accompagnée de ses deux enfants.
Innocent, lui, a trouvé une chambre dans un hôtel. « Il y avait foule au niveau de la douane, c’était plein à craquer, rapporte-t-il. Alors, quand on a des enfants en bas âge, on ne va pas attendre la dernière minute pour partir, car on ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer, on n’est pas sur la ligne de front. Même ici, on vient d’entendre un obus tomber, alors imaginez : quand on est à Goma, c’est comme si l’explosion avait lieu dans la parcelle d’à côté. Voilà pourquoi on a décidé de partir » poursuit celui-ci.
Comme beaucoup d’autres habitants du chef-lieu du Nord-Kivu, Innocent prévoit de rester à Rubavu, le temps de voir comment évolue la situation, avec l’espoir de pouvoir rentrer chez lui le plus rapidement possible.
RFI
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