À la Une
RDC : suspension de Bahati lukwebo, le spectre de doublement plane sur l’AFDC-A

Réunis ce mercredi 10 juillet 2019 à l’hôtel MERIBA à Kinshasa, la conférence des présidents des partis politiques et personnalités politiques AFDC-A prend acte de sa suspension au Front commun pour le Congo et annonce que le regroupement politique reprend son autonomie totale vis-à-vis des institutions de la République, des associations de la société civile ainsi que d’autres regroupements et partis politiques.
Rémy Musungayi, le rapporteur de ladite conférence, a fait remarquer qu’à la suite du communiqué suspendant son président et autorité morale de la conférence des présidents des partis politiques et personnalités politiques du FCC, c’est L’AFDC-A qui est membre du FCC et non autorité morale. De ce fait, seule cette dernière engage ses membres au sein d’autres instances et n’enverra personne au FCC quant à ce.
La conférence des présidents a rappelé qu’à l’issue des élections de décembre 2018, l’AFDC-A est l’une de deux organisations politiques ayant franchi le seuil de 1000 000 des suffrages exprimés en sa faveur soit exactement 1 243 326. « Ceci traduit la confiance de la population à l’AFDC-A et son président. Avec cette confiance de la population, l’AFDC-A mérite de diriger l’institution sénat », ont-ils soutenu.
Par ailleurs, Il invite particulièrement les députés nationaux à examiner scrupuleusement les dispositions pertinentes des articles 110 in fine de la Constitution et 95 du règlement intérieur de la chambre basse du Parlement.
L’occasion faisant le larron, il est demandé au groupe parlementaire AFDC-A de reconstituer son bureau.
Il sied de rappeler que le président de l’AFDC, Modeste Bahati Lukwebo, a été suspendu, mardi 09 juillet 2019, pour une durée indéterminée, du Front Commun pour le Congo (FCC), regroupement dirigé par Joseph Kabila, a indiqué le même jour, à l’issue d’une réunion de la conférence des présidents tenue à Rotana Hôtel, à Kinshasa, le porte-parole de ladite plate-forme, le sénateur Jean-Lucien Bussa.
Cette réunion a été dirigée par Néhémie Mwilanya, coordonateur du FCC. Il est reproché au Sénateur BAHATI LUKWEBO d’avoir maintenu sa candidature au poste de président du Sénat, en dépit du soutien affiché publiquement par certains députés de son regroupement AFDC-A à Alexis Thambwe Mwamba, choix de Joseph Kabila au nom du Front Commun pour le Congo (FCC).
Cependant, un groupe de députés et 1 sénateurs de l’AFDC et alliés avec à sa tête la députée nationale Néné Nkulu, ont juré fidélité à la position du FCC et comptent bien respecter le mot d’ordre de Joseph Kabila.
Pour sa part, Modeste Bahati Lukwebo ne bronche pas et attend l’élection à pieds fermes.
Clément Muamba/CONGOPROFOND.NET
À la Une
Ouganda-RDC : Muhoozi aligne Kampala derrière Tshisekedi

Le chef des forces armées ougandaises, le général Muhoozi Kainerugaba, a pris une position remarquablement directe sur l’avenir politique de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une série de tweets percutants publiés vendredi, il a déclaré que l’ancien président Joseph Kabila ne devait en aucun cas revenir au pouvoir, tout en exprimant un soutien clair au président Félix Tshisekedi.
« Je ne laisserai pas Joseph Kabila redevenir président de la RDC ! Oubliez cette idée », a tweeté le général Muhoozi. Il a critiqué Kabila pour avoir permis aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise, de s’installer dans l’est du Congo pendant près de deux décennies. « Kabila a laissé les ADF prospérer dans l’est de la RDC pendant 17 ans. Il ne nous a jamais autorisés à agir contre eux. Son Excellence Tshisekedi est bien meilleur à cet égard », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Mon grand frère, Son Excellence Félix Tshisekedi, est le président de la RDC, et je le soutiendrai autant que possible. »
Ces déclarations sont intervenues à un moment clé, quelques heures après la signature, à Washington, d’une Déclaration de principes pour la paix entre le Rwanda et la RDC, sous l’égide des États-Unis et en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Cet accord engage les deux pays à respecter leur souveraineté respective, à promouvoir l’intégration régionale et à démanteler les groupes armés opérant le long de leurs frontières communes.
Les relations Ouganda-RDC : un enjeu économique majeur
Les liens entre l’Ouganda et la RDC se sont considérablement renforcés au cours de la dernière décennie. Selon la Banque de l’Ouganda, la RDC est désormais la deuxième destination des exportations ougandaises, après le Kenya. En 2023, les exportations officielles vers la RDC ont dépassé 500 millions de dollars, auxquelles s’ajoutent environ 200 millions de dollars via le commerce transfrontalier informel. Les principaux produits exportés incluent le ciment, l’acier, les denrées alimentaires et les produits pétroliers.
L’intégration de la RDC dans la Communauté est-africaine (EAC) en 2022 a encore accéléré ces échanges, soutenue par des investissements dans les infrastructures, comme le poste frontalier de Mpondwe et les routes reliant l’Ouganda aux villes de l’est congolais. Maintenir la paix et renforcer les relations avec Kinshasa est donc crucial pour la croissance économique de l’Ouganda.
Une coopération sécuritaire renforcée sous Tshisekedi
Contrairement à l’administration de Kabila, qui bloquait les initiatives ougandaises sous prétexte de souveraineté, Tshisekedi a permis une coopération militaire accrue. L’opération conjointe « Shujaa », lancée par l’Ouganda et les forces congolaises, vise à neutraliser les ADF dans l’est du Congo. Par ailleurs, des rapports de l’ONU et des services de renseignement congolais accusent des réseaux proches de Kabila de soutenir des groupes armés comme le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui déstabilisent l’est du pays et menacent les corridors commerciaux ougandais.
Tshisekedi a lui-même accusé Kabila d’être le « véritable leader » de l’AFC, qui s’est alliée au M23 pour combattre son gouvernement. Lors d’une récente visite à Goma, ville contrôlée par l’AFC/M23, Kabila a déclaré s’y sentir « plus en sécurité » qu’ailleurs en RDC, laissant entendre des liens étroits avec ces mouvements rebelles.
Les risques d’un retour de Kabila
Un retour de Kabila au pouvoir pourrait raviver l’insécurité le long des frontières ougandaises, compromettre le commerce et annuler les progrès sécuritaires obtenus. En dénonçant publiquement Kabila et en soutenant Tshisekedi, Muhoozi aligne l’Ouganda sur un agenda de stabilité régionale, alors que les voisins du Congo et les acteurs internationaux, notamment les États-Unis, œuvrent pour des accords de paix durables. Ses propos rassurent également Kinshasa de la loyauté de l’Ouganda, dans un contexte où des intérêts régionaux concurrents menacent les alliances.
Un marché stratégique pour l’Ouganda
Au-delà de la sécurité, l’est du Congo représente un marché inexploité pour les produits ougandais, avec des opportunités d’investissement dans l’agriculture, l’énergie, la construction et la logistique. Soutenir Tshisekedi permet à l’Ouganda de sécuriser ces intérêts économiques et de renforcer son rôle dans l’intégration régionale.
Les tweets de Muhoozi, bien que d’une franchise inhabituelle pour un haut responsable militaire, traduisent une stratégie calculée : l’avenir de l’Ouganda passe par un partenariat renforcé avec un leadership légitime et stable en RDC. Ils envoient un message clair : Kampala soutient les alliés de la stabilité, de la coopération économique et des efforts de paix internationaux, tout en se distanciant des acteurs accusés d’alimenter les conflits dans l’une des régions les plus riches mais les plus instables d’Afrique.
Alors que la RDC se prépare à sa prochaine transition politique, la bataille pour son futur leadership aura des répercussions majeures, non seulement pour les Congolais, mais aussi pour toute l’Afrique de l’Est.
FNK