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RDC/Nord-Kivu: présence d’au moins 40 miliciens NDC panique la population au sud de Lubero

La population en territoire de Lubero dans la province du Nord-Kivu est dans une panique terrible.
Cette situation de terreur est consécutive à la présence à Bunyatenge de plus de 40 miliciens maï maï de Nduma Défense of Congo/Rénove. Lourdement armés, ils sont arrivés ce Mardi 02 octobre 2018 dans la matinée, conduite par un certain Tondeze Nyolala. Les activités socio-économiques ont tourné au ralenti et les cours ont été paralysés dans des écoles situées aux villages Bunyatenge et Muhanga.
Une grande partie de la population ont fui ces villages, craignant pour sa sécurité. Ces miliciens maï maï NDC/R sont venus de Bukumbirwa dans le Walikale, renseignent les sources sur place.
Ces présumés combattants auraient exigé à la population locale de reconstruire leur camp, incendié il y a quelques semaines dans une attaque par un autre groupe maï maï de Kabido selon les habitants.
Plusieurs sources concordantes dans la région expliquent que ce nouveau groupe des miliciens NDC Rénové seraient venus renforcer les positions de Bunyatenge, Kanyatsi et Mbwavinywa, nouvellement récupérées par une autre faction.
Entremps, le mouvement de population est revu à la hausse à la suite de la recrudescence des groupes maï maï dans cette partie sud-Ouest de Lubero.
Cette situation inquiète la société civile ainsi que les autorités administratives dans la région.
Nos sources à Mbingi, Alimbongo et Luofu affirment avoir accueilli ce mardi des nouvelles vagues des déplacés en provenance des villages occupés par des groupes armés.
Deux factions maï maï se disputent cette zone
Depuis la semaine passée, les affrontements récurrentes opposent deux factions de ces groupes armés.
Après une petite accalmie, les affrontements ont repris ce lundi 01 octobre matin à Kanyatsi entre les combattants dirigés par Kabido et ceux de Nduma Defense of Congo de Guidon.
Selon la société civile locale, les éléments de Kabido tentent de reconquérir leurs anciennes positions tombées dimanche 30 septembre entre les mains de NDC/R.
Cette structure citoyenne invite le gouvernement congolais à mettre fin à ces hostilités qui endeuillent la population civile. Un membre de la force vive locale pense qu’amener tous ces belligérants sur une table de dialogue serait parmi les voies pour pacifier complétement la partie sud-Ouest de Lubero.
CONGOPROFOND.NET
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Corridor de Lobito, PGII, AGOA : à Luanda, Kinshasa veut sortir de l’ombre

La participation du président congolais Félix Tshisekedi au 17ᵉ Sommet des affaires États-Unis-Afrique, qui s’est ouvert ce 23 juin à Luanda, dépasse la simple logique de présence protocolaire. Elle marque une inflexion stratégique dans la diplomatie économique de la République démocratique du Congo (RDC), qui cherche à redéfinir sa place dans la nouvelle cartographie industrielle du continent.
Ce sommet, organisé par le Corporate Council on Africa, réunit plus de 1 500 décideurs publics et privés. Il s’inscrit dans un contexte où les rapports entre puissances et pays africains connaissent une redéfinition accélérée, sous l’effet conjugué des rivalités sino-américaines, des pressions climatiques et de la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales.
Changement de posture : la RDC ne veut plus subir la mondialisation, elle veut la façonner
La prise de parole attendue de Félix Tshisekedi sur le projet du Corridor de Lobito révèle une ambition politique claire : transformer les infrastructures régionales en leviers d’influence géoéconomique. Ce corridor ferroviaire, qui vise à relier les provinces minières de la RDC et de la Zambie aux ports angolais, incarne bien plus qu’un chantier logistique. Il symbolise une volonté de rupture avec un modèle extractif qui a longtemps cantonné le pays à un rôle périphérique.
À travers ce projet, soutenu par le Partnership for Global Infrastructure and Investment (PGII) — la réponse américaine à l’initiative chinoise Belt and Road — Kinshasa tente de s’imposer comme un point nodal dans la stratégie d’approvisionnement occidental en minerais critiques, tout en défendant une industrialisation localisée.
Cette démarche s’inscrit dans une double logique : sécuriser les débouchés tout en renforçant la capacité du pays à générer de la valeur ajoutée sur place. En d’autres termes, la RDC aspire à passer du statut de fournisseur de matières premières à celui de co-producteur dans les chaînes globales.
Une fenêtre diplomatique à exploiter avec précaution
Les discussions bilatérales de Tshisekedi, notamment avec l’entourage du président américain Donald Trump, interviennent dans un climat d’incertitude commerciale. L’accord AGOA (African Growth and Opportunity Act), instrument central des relations économiques USA-Afrique depuis plus de deux décennies, arrive à expiration en septembre 2025. Son avenir reste flou, et les signaux politiques en provenance de Washington oscillent entre maintien sélectif et refonte structurelle.
Dans ce contexte, la RDC tente de capitaliser sur une présence active et ciblée : elle se positionne comme un interlocuteur stable, doté d’un agenda industriel affirmé, dans un environnement régional encore marqué par des instabilités récurrentes. Ce positionnement est d’autant plus stratégique que les États-Unis cherchent à rééquilibrer leur influence face à la Chine, qui vient d’annoncer une quasi-suppression des droits de douane pour plusieurs produits africains.
Un test grandeur nature pour la crédibilité de Kinshasa
Mais cette ambition ne peut se contenter d’annonces. Elle appelle des résultats tangibles, à commencer par la capacité du gouvernement congolais à structurer ses filières industrielles, sécuriser ses réformes foncières et fiscales, et garantir un cadre juridique attractif pour les investisseurs.
Le sommet de Luanda sert donc de test : il ne s’agit plus simplement d’attirer l’attention, mais de démontrer la solidité d’un projet économique cohérent. La RDC devra prouver qu’elle peut sortir du cycle bien connu « ressources-extraction-exportation » pour entrer dans un schéma « ressources-transformation-partage de valeur ».
Vers un repositionnement structurel ou simple opération de communication ?
L’activisme économique de la RDC, visible à Luanda, traduit une prise de conscience : celle que l’avenir du pays ne réside pas dans le volume de ses exportations brutes, mais dans sa capacité à intégrer les standards et les exigences des chaînes de production mondiales.
Il reste à savoir si cette dynamique s’inscrira dans la durée ou si elle demeurera circonstancielle, dictée par le calendrier électoral américain, la volatilité des cours des métaux, ou les aléas internes congolais. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la RDC s’est engagée dans une reconfiguration stratégique qui ne laisse plus de place à la passivité. Elle veut compter. Il lui faudra maintenant convaincre.
Franck Tatu