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RDC: L’UE en passe de renouveler ses sanctions contre les officiels congolais, y compris Ramazani Shadary

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L’Union européenne doit renouveler ses sanctions en décembre pour les hauts responsables de la République démocratique du Congo, dont le candidat à la présidence, Emmanuel Ramazani Shadary, ont déclaré à l’agence de presse Reuters quatre diplomates occidentaux ce mardi 30 octobre 2018.

À en croire la source précitée, le renouvellement nécessite un vote unanime des 28 États membres de l’UE, avec une décision attendue à peine 11 jours avant les élections au Congo (23 décembre). Deux diplomates ont déclaré que l’UE avait accepté de se renouveler malgré l’opposition initiale de l’Espagne, qui avait proposé de retirer Ramazani Shadary de la liste.

Ceci fait suite de la signature, il y a deux semaines d’un accord commun avec un consortium sous contrôle espagnol avec le gouvernement congolais pour développer un projet hydroélectrique (Inga) de 14 milliards de dollars.

Deux diplomates ont déclaré à Reuters que le projet avait influencé la position de l’Espagne. Un porte-parole espagnol n’était pas immédiatement disponible pour commenter.

Rappelons-le, l’année dernière, l’UE a imposé des sanctions à Shadary Emmanuel à l’époque où il fut ministre de l’Intérieur, et à 15 autres Congolais, à la suite d’une répression contre les manifestants qui s’opposaient à un report de la tenue d’élections.

Ce retard a permis au président Joseph Kabila de rester en poste deux ans après son mandat légal, bien que des élections soient maintenant fixées au 23 décembre.

Le gouvernement congolais a toujours déclaré que les sanctions, y compris les interdictions de déplacement et le gel des avoirs, étaient illégales, et qu’il était inutile de les renouveler car Kabila a l’intention de se retirer après les élections.

*CONGOPROFOND.NET*

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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

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Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.

Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.

Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.

Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.

Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.

Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.

« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».

Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe

TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

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