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RDC: Lettre aux enfants de la RD Congo (part 5)

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Connaissez-vous Monsieur Amadou Mahtar Mbow ?

Un après-midi de printemps 2020, un de mes enfants me trouve au salon, en train de lire un livre consacré à monsieur Amadou Mahtar Mbow…
Qui est cet homme ? me demande-il ?
Je lui réponds que c’est un intellectuel et homme de culture qui a participé à tous les combats du vingtième siècle et qui a vu juste avant tout le monde…

La vérité sortant de certaines bouches a mauvaise odeur dit-on … c’est à cause de lui ou grâce à lui (c’est selon…) que les Etats Unis d’Amérique, suivis par la Grande Bretagne et Singapour ont quitté l’Unesco (une des agences spécialisées de l’Organisation des Nations Unies)
Comment cela est-il arrivé ? Me demande alors mon fils.

A. Mahtar Mbow

Nous sommes en 1982, le nouveau Directeur de l’Unesco, nouvellement élu lance un grand projet appelé « NOMIC » Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication.
Ce fils du Sénégal, premier africain élu comme responsable d’une haute institution internationale de ce gabarit, bouscule l’ordre établi. Les grandes puissances l’accusent du tiers-mondisme et veulent lui bloquer la route, mais il tiendra bon …il se défendra avec superbe et dignité, sûr de ses convictions. Il va résister face à l’imposture et la forfaiture, devant des positions à la coloration raciste mal dissimulée de la part de certains qui avaient du mal à admettre la personne d’un Noir à un si haut niveau de responsabilité, s’agissant de science, d’éducation et de culture.
Monsieur Amadou Mahtar Mbow dira à cette époque : « le devenir des sociétés contemporaines s’inscrit dans un espace qui s’élargit désormais aux dimensions de la planète. La circulation des produits, des savoirs et des savoir-faire, des idées, des messages et hommes s’étend d’un point à l’autre du globe »

Monsieur Federico Mayor, ancien Directeur général de l’Unesco de 1987 à 1999 dira de lui : « Amadou Mahtar Mbow c’est le courage, la vision et la résistance. Ce sénégalais universel a comme traits les plus marquants de sa personnalité : la capacité d’anticipation, d’être un vigile pour prévenir, anticiper. Son immense courage : rester débout à contrevent, rester débout et, avec lui, cette organisation qu’on voulait à genoux ».
Son parcours est élogieux, il est de la génération des pionniers qui ont eu à affronter le monde colonial pour se frayer un chemin et montrer le génie africain trop longtemps occulté.

A. Mahtar Mbow

Il est né le 20 mars 1921 à Dakar, après ses études primaires et secondaires au Sénégal, il ira poursuivre ses études supérieures en France ; à côté des études d’ingénieur en aéronautique, il va passer une licence ès lettres d’enseignement à la Sorbonne. Pendant son séjour en France il va fonder la fédération des étudiants d’Afrique noire.
Il est déjà ministre de l’Education et de la culture du Sénégal pendant la période d’autonomie interne de 1957 à 1958, il va démissionner pour s’engager dans la lutte pour l’indépendance du Sénégal, qui sera effective en 1960.
Il sera ensuite plusieurs fois ministre dans son pays (éducation, culture) et député à l’assemblée nationale.
En 1970, il va intégrer l’Unesco au rang de sous-directeur général pour l’éducation. Il sera par la suite élu puis ré élu Directeur général en 1974 et 1987 ; il va donc diriger cette institution célèbre de 1974 à 1987.
Pendant son mandat, la commission dirigée par Séan MacBride délivre le rapport intitulé Many Voices, one World qui présente des recommandations pour établir un nouvel ordre mondial de l’information de communication, plus équitable.


En 2008, âgé de 87 ans, il accepte de présider les assises nationales du Sénégal où seront réunies les forces politiques du pays, la société civile et les représentants des confessions religieuses. Ces assises ont proposé le 24 mai 2009, une charte pour le Sénégal que beaucoup de pays africains pourraient prendre en exemple, charte qui a été écrite en grande partie par monsieur Amadou Mahtar Mbow…
Charte de gouvernance démocratique, une vision pour le Sénégal :
« Le Sénégal est une République laïque. Le Sénégal est un Etat souverain, uni dans sa diversité dans une Afrique solidaire, intégrée et ouverte dans le monde. Le Sénégal, Etat de droit, est un pays où la gouvernance est fondée sur l’Ethique, la démocratie participative, la concertation, le respect des institutions et des libertés individuelles et collectives et la défense des intérêts nationaux. Le Sénégal est un pays de justice sociale et d’équité, avec des citoyennes et citoyens égaux en droit, animés d’un haut degré de sens civique, engagés dans un développement durable s’appuyant sur un aménagement harmonieux et équilibré du territoire, et une sécurité crédible ».

Monsieur Amadou Mahtar Mbow a eu une reconnaissance mondiale, il a obtenu plus de 40 Doctorat honoris causa des prestigieuses universités du monde.
Près de 40 ans après son combat pour le NOMIC, Monsieur Amadou Mahtar Mbow bientôt centenaire peut être fier de lui…les jeunes générations ont le devoir de le connaitre….
Lui qui est considéré comme le sourcier du futur peut réaliser, tout en profitant de sa paisible retraite, que les choses ont vraiment bougé au niveau de l’ordre mondial de l’information car à ce jour et sur la planète entière ( sauf problème d’équipement) , tous les citoyens du monde peuvent , grâce aux réseaux sociaux et les nouvelles technologies de l’information , interférer avec le monde de l’information et même être à la base de la création de l’information…Aujourd’hui ,les révoltes ou révolutions en cours dans plusieurs parties du monde donnent infiniment raison à tous ceux qui ont combattu pour le monde nouveau qui, avec internet, s’uniformise de plus en plus par la rapidité de diffusion des connaissances théoriques et pratiques nouvelles.
C’est donc la responsabilité de chacun d’entre nous de faire honneur à ce grand monsieur du monde et respecter le travail qu’il a accompli…


Pour cela nous devons adopter un code éthique quand nous utilisons les réseaux sociaux pour participer à la création de l’information.
Nous devons rester vigilants, résister et dénoncer les fausses informations (infox ou fake news), les vidéos truquées (Deepfakes) ; nous devons lutter contre les injures, les calomnies, les appels à la haine ou au terrorisme…nous devons garder notre capacité de réserve et de vérification des informations avant de les relayer…
Nous devons surtout utiliser ces nouveaux moyens mis enfin à notre disposition pour repenser l’Afrique, changer de paradigme pour le développement du continent en privilégiant l’autosuffisance alimentaire, l’éducation et l’instruction des jeunes , la transformation de nos matières premières sur le continent et non leur exportation tous azimuts hors du continent …pour améliorer le quotidien des citoyens par la création des emplois et l’amélioration de leurs conditions de vie …,nous devons revoir notre partenariat avec les grandes puissances, les multinationales et les institutions de Bretton Woods , en privilégiant les intérêts de nos Etats et non la jouissance personnelle.
Le discours de monsieur Amadou Mahtar Mbow a une saveur particulière pour l’Afrique au moment où le monde entier se mobilise pour briser le racisme érigé en institution ou caché dans les habitudes de certaines personnes (dont certains dirigeants du monde).


Les actes symboliques auxquels nous assistons en Amérique ou en Europe où l’on déboulonne certaines statues ou monuments de certains personnages de l’histoire, symboles du passé colonial et esclavagiste (Christophe Colomb, général Robert E Lee, Léopold II, Edward Colston…) qui ont piétiné l’honneur des africains ou des amérindiens plusieurs siècles passés, prouvent à suffisance que la vérité universelle finit toujours par triompher….
J’ai conclu en disant à mon fils que l’Afrique est un grand continent, avec une histoire parfois tragique mais riche et que tous ses enfants doivent s’unir pour œuvrer pour sa renaissance en s’inspirant de nos aînés comme monsieur Amadou Mahtar Mbow dans son combat pour l’Afrique et son destin pour l’humanité.
Je lui ai promis que je vais lui parler prochainement de quelques figures du panafricanisme…

Fait à Rosoy (France), le 12/06/2020
Tonduangu Kuezina Daniel


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Horreur à Goma : assassinat de l’artiste révolutionnaire Idengo en pleine journée

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L’artiste musicien révolutionnaire du Nord-Kivu (RD Congo), Delcat Idengo, a été tué par balle, ce jeudi 13 février 2025, dans la ville de Goma, en pleine journée.

D’après plusieurs sources concordantes, cet artiste âgé d’au moins 27 ans a été assassiné par des bandits armés jusqu’à présent non autrement identifiés, à Kilijiwe, zone trouble, au nord de la ville volcanique de Goma.

Il y a peu, le natif de Beni a réussi à s’évader de la prison centrale Munzenze de Goma où il était détenu, lors de l’occupation de la capitale provinciale du Nord-Kivu, par le M23/AFC.

De son vivant, Delcat Idengo s’est démarqué, dans son parcours musical, par des chansons qui interpellent le Gouvernement congolais, dans ce qu’il qualifiait de « mégestion ». Comme conséquence, il a été mainte fois arrêté par les services de l’ordre.

Pour la mémoire, à Beni, Idengo il avait également critiqué l’état de siège. Il avait été arrêté et traduit en justice. Condamné à 10 ans de prison, et envoyé à la prison Munzenze à Goma. Lors de la campagne électorale en décembre 2023, au cours d’un meeting de Félix Tshisekedi, le public avait réclamé la libération de Idengo. Ce qui fut fait quelques jours après.

D’abord libéré, l’artiste est revenu une fois de plus à Beni où il avait enchaîné avec des activités de mobilisation contre le pouvoir qu’il reprochait de ne rien faire pour mettre fin à l’insécurité à Beni et dans l’est du pays. C’est ainsi qu’en 2024, lors d’une manifestation contre la Monusco à Beni, il a été arrêté de nouveau et déféré devant la justice militaire. Sans condamnation, il avait été jeté d’abord à la prison Kangbayi à Beni avant d’être transféré une fois de plus à Goma à la prison Munzenze.

Cedrick Sadiki Mbala/CONGOPROFOND.NET


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