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RDC : les structures sanitaires et logistiques médicales présentées au réseau parlementaire de l’APF

Le réseau parlementaire de lutte contre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie a effectué une descente, ce lundi 18 novembre 2019, dans les structures ciblées de la ville de Kinshasa qui prennent en charge les malades de ces fléaux ainsi que le centre de logistique.
La visite a commencé par l’entrepôt Bolloré Logistics qui joue le rôle de site primaire pour l’entreposage des médicaments et intrants des subventions du Fonds mondial en RDC, dans le cadre du nouveau modèle de financement. Bolloré a contractualisé avec les récipiendaires tel que CORDAID et Sanru pour assurer les entreprosages et la distribution des intrants.
Après cette visite d’ensemble à Bolloré Logistics, le groupe des parlementaires s’est scindé en trois petits groupes dont le premier a rendu visite au centre Hospitalier Boyambi dans la commune de Barumbu. Ce centre hospitalier est engagé dans la lutte contre les VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme. Il a comme activités : la prise en charge des personnes vivant avec les VIH et autres intrants, charge virale disponible pour toutes les PVVIH;
Le deuxième sous-groupe s’est rendu au Centre Médical Bwanya tandis que le dernier a visité le Centre de santé Kabinda dans la commune de Lingwala. Ce centre ouvert 24 heures sur 24, et offre des services préventifs et curatifs aux PVVIH et aux patients tuberculeux. Il est appuyé par l’ONG « Médecins sans frontières » et bénéficie également du soutien de CORDAID dans la prise en charge et les suivis des patients.
Il est à noter que c’était après ces visites, que les travaux proprement dit, ont débuté à Kempinski Fleuve Hôtel à Gombe.
Petit Ben Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR