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RDC: les agents de la dprk accusent le gouverneur du Kwango de vouloir annexer sa province au Kwilu

Le dernier arrêté du gouverneur Jean-Marie Peti-Peti, nommant les agents à la Dprk (Direction provinciale des recettes du Kwango), saigne la province du Kwango. Les anciens agents de cette régie financière ont réagi par un mémorandum adressé à l’Assemblée provinciale et ont exprimé leur ras-le-bol face aux nominations opérées par le gouverneur.
Ces agents, qui se moquent de l’arrêté du gouverneur de province, fustigent sa « manière de faire », manière qu’ils jugent non conforme à l’esprit des politiques publiques, ni aux principes de l’administration publique.
Dans leur document parvenu à CONGOPROFOND.NET et diffusé dans les réseaux sociaux, les cadres de la Dprk font savoir que le gouverneur Jeran-Marie Peti-Peti a préféré les remplacer par des novices, des membres de sa famille et de son clan et les recommandés de Palu/Kwilu. « Les motifs évoqués – dont la pléthore des effectifs et le comportement des agents – sont mensongers », s’emportent-ils.
Pour démontrer la mauvaise foi du gouverneur et justifier que cet acte est un coup monté, les contestataires de l’arrêté du gouverneur évoquent des cas d’un agent révoqué pour détournement et de celui qui a introduit une demande de mise à disponibilité et qui n’a jamais introduit une lettre de réintégration à la régie.
Pour les contestataires, le rejet en bloc des agents et cadres de la Dprk est conçu pour diviser les Kwangolais. Ils voient en cela une preuve de l’accomplissement d’un projet caché qui viserait à faire annexer la province du Kwango au Kwilu à l’issue de l’évaluation annoncée par le Chef de l’État.
« En agissant ainsi, le gouverneur a signé l’affiliation du Kwango au Kwilu, mais aussi détruit l’unité du Kwango dans tous les actes de nomination pour imposer la volonté du Kwilu ».
Prenant le gouverneur au mot, les agents déçus de la Dprk et signataires du mémorandum rappellent la promesse d’organiser un test d’embauche pour le recrutement à la Dprk comme le préconise l’arrêté la créant. La promesse a été faite par le gouverneur Peti-Peti lui-même devant les députés provinciaux et témoins, à l’occasion de l’investiture par l’Assemblée de son gouvernement.
Entre les lignes du document, les agents et cadres de la Dprk dénoncent également la tentative du gouverneur à vouloir travailler uniquement avec les tribus suku, mbala et hungana (originaires de Kolokoso, fief du gouverneur), et écartant les bapelende et les bayaka.
Ils prétendent aussi que les nominations qu’ils décrient sont conçues comme ruse pour induire les nouveau Dg à l’échec. Ils en veulent pour preuve le fait que la nomination du Dg lui-même est intervenue sur fonds de conflits avec les leaders des partis politiques.
Au Directeur général récemment nommé, ils lui suggèrent de refuser de travailler avec un personnel qu’il ne saura pas maitriser et qui ne l’obéira pas.
Selon Hugues Ikomba, l’un des signataires du memo que nous avons contacté ce matin, les bureaux de la Dprk resteront fermés; les agents et cadres ont décidé de sécher et d’empêcher la prise des fonctions du nouveau dg qu’ils conditionnent par la satisfaction de leurs réclamations.
Jusqu’où iront les déçus de la Dprk ? L’avenir nous le dira.
Emile YIMBU/CONGOPROFOND.NET
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Ouganda-RDC : Muhoozi aligne Kampala derrière Tshisekedi

Le chef des forces armées ougandaises, le général Muhoozi Kainerugaba, a pris une position remarquablement directe sur l’avenir politique de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une série de tweets percutants publiés vendredi, il a déclaré que l’ancien président Joseph Kabila ne devait en aucun cas revenir au pouvoir, tout en exprimant un soutien clair au président Félix Tshisekedi.
« Je ne laisserai pas Joseph Kabila redevenir président de la RDC ! Oubliez cette idée », a tweeté le général Muhoozi. Il a critiqué Kabila pour avoir permis aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise, de s’installer dans l’est du Congo pendant près de deux décennies. « Kabila a laissé les ADF prospérer dans l’est de la RDC pendant 17 ans. Il ne nous a jamais autorisés à agir contre eux. Son Excellence Tshisekedi est bien meilleur à cet égard », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Mon grand frère, Son Excellence Félix Tshisekedi, est le président de la RDC, et je le soutiendrai autant que possible. »
Ces déclarations sont intervenues à un moment clé, quelques heures après la signature, à Washington, d’une Déclaration de principes pour la paix entre le Rwanda et la RDC, sous l’égide des États-Unis et en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Cet accord engage les deux pays à respecter leur souveraineté respective, à promouvoir l’intégration régionale et à démanteler les groupes armés opérant le long de leurs frontières communes.
Les relations Ouganda-RDC : un enjeu économique majeur
Les liens entre l’Ouganda et la RDC se sont considérablement renforcés au cours de la dernière décennie. Selon la Banque de l’Ouganda, la RDC est désormais la deuxième destination des exportations ougandaises, après le Kenya. En 2023, les exportations officielles vers la RDC ont dépassé 500 millions de dollars, auxquelles s’ajoutent environ 200 millions de dollars via le commerce transfrontalier informel. Les principaux produits exportés incluent le ciment, l’acier, les denrées alimentaires et les produits pétroliers.
L’intégration de la RDC dans la Communauté est-africaine (EAC) en 2022 a encore accéléré ces échanges, soutenue par des investissements dans les infrastructures, comme le poste frontalier de Mpondwe et les routes reliant l’Ouganda aux villes de l’est congolais. Maintenir la paix et renforcer les relations avec Kinshasa est donc crucial pour la croissance économique de l’Ouganda.
Une coopération sécuritaire renforcée sous Tshisekedi
Contrairement à l’administration de Kabila, qui bloquait les initiatives ougandaises sous prétexte de souveraineté, Tshisekedi a permis une coopération militaire accrue. L’opération conjointe « Shujaa », lancée par l’Ouganda et les forces congolaises, vise à neutraliser les ADF dans l’est du Congo. Par ailleurs, des rapports de l’ONU et des services de renseignement congolais accusent des réseaux proches de Kabila de soutenir des groupes armés comme le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui déstabilisent l’est du pays et menacent les corridors commerciaux ougandais.
Tshisekedi a lui-même accusé Kabila d’être le « véritable leader » de l’AFC, qui s’est alliée au M23 pour combattre son gouvernement. Lors d’une récente visite à Goma, ville contrôlée par l’AFC/M23, Kabila a déclaré s’y sentir « plus en sécurité » qu’ailleurs en RDC, laissant entendre des liens étroits avec ces mouvements rebelles.
Les risques d’un retour de Kabila
Un retour de Kabila au pouvoir pourrait raviver l’insécurité le long des frontières ougandaises, compromettre le commerce et annuler les progrès sécuritaires obtenus. En dénonçant publiquement Kabila et en soutenant Tshisekedi, Muhoozi aligne l’Ouganda sur un agenda de stabilité régionale, alors que les voisins du Congo et les acteurs internationaux, notamment les États-Unis, œuvrent pour des accords de paix durables. Ses propos rassurent également Kinshasa de la loyauté de l’Ouganda, dans un contexte où des intérêts régionaux concurrents menacent les alliances.
Un marché stratégique pour l’Ouganda
Au-delà de la sécurité, l’est du Congo représente un marché inexploité pour les produits ougandais, avec des opportunités d’investissement dans l’agriculture, l’énergie, la construction et la logistique. Soutenir Tshisekedi permet à l’Ouganda de sécuriser ces intérêts économiques et de renforcer son rôle dans l’intégration régionale.
Les tweets de Muhoozi, bien que d’une franchise inhabituelle pour un haut responsable militaire, traduisent une stratégie calculée : l’avenir de l’Ouganda passe par un partenariat renforcé avec un leadership légitime et stable en RDC. Ils envoient un message clair : Kampala soutient les alliés de la stabilité, de la coopération économique et des efforts de paix internationaux, tout en se distanciant des acteurs accusés d’alimenter les conflits dans l’une des régions les plus riches mais les plus instables d’Afrique.
Alors que la RDC se prépare à sa prochaine transition politique, la bataille pour son futur leadership aura des répercussions majeures, non seulement pour les Congolais, mais aussi pour toute l’Afrique de l’Est.
FNK