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RDC/Kwango: le partage du « gâteau » bloque Peti Peti

Le nouveau gouverneur de la province du Kwango, Jean-Marie Peti-Peti, a dû fil à retordre pour finaliser la composition de son gouvernement et rendre public l’équipe de l’appareil exécutif.

JM Peti Peti
Et pour cause ! Le gouverneur se retrouve, à la lumière des informations qui se recoupent, devant la difficulté de satisfaire les forces politiques en présence au Kwango et qui l’ont aidé à remporter l’élection.
Selon nos sources, le partage du « gâteau » se ferait selon un quota réservé à chaque parti politique. Ainsi, sur dix ministères prévus, les partis politiques Renovac (André Kimbuta), CRD (Mboso Nkodiapwanga), Palu (Luigi Gizenga) et ABG (Jonathan Wata Bialosukwa) a chacun d’eux ministères. Le gouverneur lui-même a un ministère de souveraineté. A cela s’ajoute, 3 postes de « Commissaires Spéciaux ». Ces trois postes de Commissaires Spéciaux sont distribués entre le PPRD, le président de l’assemblée provinciale et le vice-gouverneur.

Gouvernorat de Kwango
CONGOPROFOND.NET a appris que les partis politiques qui ont soutenu la candidature de JM Peti-Peti seront servis en priorité.
Le gouverneur a aussi promis aussi de prendre en compte la société civile et suivre à la lettre le prescrit de la constitution en ce qui concerne la représentativité de 30% des femmes.
L’élément qui bloque JM Peti-Peti pour publier son gouvernement, c’est le discorde entre les deux formations politiques Renovac et Abg et CRD et Palu.
Renovac et Abg se disputent le ministère de la Santé. Il convient de noter en passant que c’est le portefeuille provincial le plus juteux au Kwango. C’est le ministère le mieux équipé et qui bénéficie de l’appui des partenaires au développement.
D’après nos sources, Mboso Nkodiapwanga, le leader de CRD est revenu à la charge en dernière minute pour dire qu’il tient au ministère de l’Education. Ministère déjà attribué au Palu, pourtant ! Les politiciens semblent avoir raison de se battre pour l’Education. C’est le ministère qui, en terme d’entrées (recettes), vient en deuxième position du classement.
Cette situation ne permet pas au gouverneur de publier son gouvernement. Car il doit répondre aux aspirations de ceux qui l’ont porté. A l’assemblée provinciale, le Palu contrôle 4 sièges ; tandis que la CRD, l’ABG et le Renovac en compte 3 chacun.
Pour les observateurs, cette situation inaugure un mauvais départ pour le Kwango. Car le gouverneur issu du territoire de Kenge (gestion par rotation) ne fera que la volonté des partis politiques en lieu et place de travailler en faveur de la population.
Le gouverneur devait rencontrer les membres du bureau de l’assemblée provinciale au milieu de la soirée ce mardi, et tous les députés mercredi. L’on croit savoir qu’il vise d’obtenir un consensus en vue de mettre d’accord tout le monde pour éviter ce qui convient d’éviter.
Émile YIMBU/CONGOPROFOND.NET
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Ouganda-RDC : Muhoozi aligne Kampala derrière Tshisekedi

Le chef des forces armées ougandaises, le général Muhoozi Kainerugaba, a pris une position remarquablement directe sur l’avenir politique de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une série de tweets percutants publiés vendredi, il a déclaré que l’ancien président Joseph Kabila ne devait en aucun cas revenir au pouvoir, tout en exprimant un soutien clair au président Félix Tshisekedi.
« Je ne laisserai pas Joseph Kabila redevenir président de la RDC ! Oubliez cette idée », a tweeté le général Muhoozi. Il a critiqué Kabila pour avoir permis aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise, de s’installer dans l’est du Congo pendant près de deux décennies. « Kabila a laissé les ADF prospérer dans l’est de la RDC pendant 17 ans. Il ne nous a jamais autorisés à agir contre eux. Son Excellence Tshisekedi est bien meilleur à cet égard », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Mon grand frère, Son Excellence Félix Tshisekedi, est le président de la RDC, et je le soutiendrai autant que possible. »
Ces déclarations sont intervenues à un moment clé, quelques heures après la signature, à Washington, d’une Déclaration de principes pour la paix entre le Rwanda et la RDC, sous l’égide des États-Unis et en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Cet accord engage les deux pays à respecter leur souveraineté respective, à promouvoir l’intégration régionale et à démanteler les groupes armés opérant le long de leurs frontières communes.
Les relations Ouganda-RDC : un enjeu économique majeur
Les liens entre l’Ouganda et la RDC se sont considérablement renforcés au cours de la dernière décennie. Selon la Banque de l’Ouganda, la RDC est désormais la deuxième destination des exportations ougandaises, après le Kenya. En 2023, les exportations officielles vers la RDC ont dépassé 500 millions de dollars, auxquelles s’ajoutent environ 200 millions de dollars via le commerce transfrontalier informel. Les principaux produits exportés incluent le ciment, l’acier, les denrées alimentaires et les produits pétroliers.
L’intégration de la RDC dans la Communauté est-africaine (EAC) en 2022 a encore accéléré ces échanges, soutenue par des investissements dans les infrastructures, comme le poste frontalier de Mpondwe et les routes reliant l’Ouganda aux villes de l’est congolais. Maintenir la paix et renforcer les relations avec Kinshasa est donc crucial pour la croissance économique de l’Ouganda.
Une coopération sécuritaire renforcée sous Tshisekedi
Contrairement à l’administration de Kabila, qui bloquait les initiatives ougandaises sous prétexte de souveraineté, Tshisekedi a permis une coopération militaire accrue. L’opération conjointe « Shujaa », lancée par l’Ouganda et les forces congolaises, vise à neutraliser les ADF dans l’est du Congo. Par ailleurs, des rapports de l’ONU et des services de renseignement congolais accusent des réseaux proches de Kabila de soutenir des groupes armés comme le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui déstabilisent l’est du pays et menacent les corridors commerciaux ougandais.
Tshisekedi a lui-même accusé Kabila d’être le « véritable leader » de l’AFC, qui s’est alliée au M23 pour combattre son gouvernement. Lors d’une récente visite à Goma, ville contrôlée par l’AFC/M23, Kabila a déclaré s’y sentir « plus en sécurité » qu’ailleurs en RDC, laissant entendre des liens étroits avec ces mouvements rebelles.
Les risques d’un retour de Kabila
Un retour de Kabila au pouvoir pourrait raviver l’insécurité le long des frontières ougandaises, compromettre le commerce et annuler les progrès sécuritaires obtenus. En dénonçant publiquement Kabila et en soutenant Tshisekedi, Muhoozi aligne l’Ouganda sur un agenda de stabilité régionale, alors que les voisins du Congo et les acteurs internationaux, notamment les États-Unis, œuvrent pour des accords de paix durables. Ses propos rassurent également Kinshasa de la loyauté de l’Ouganda, dans un contexte où des intérêts régionaux concurrents menacent les alliances.
Un marché stratégique pour l’Ouganda
Au-delà de la sécurité, l’est du Congo représente un marché inexploité pour les produits ougandais, avec des opportunités d’investissement dans l’agriculture, l’énergie, la construction et la logistique. Soutenir Tshisekedi permet à l’Ouganda de sécuriser ces intérêts économiques et de renforcer son rôle dans l’intégration régionale.
Les tweets de Muhoozi, bien que d’une franchise inhabituelle pour un haut responsable militaire, traduisent une stratégie calculée : l’avenir de l’Ouganda passe par un partenariat renforcé avec un leadership légitime et stable en RDC. Ils envoient un message clair : Kampala soutient les alliés de la stabilité, de la coopération économique et des efforts de paix internationaux, tout en se distanciant des acteurs accusés d’alimenter les conflits dans l’une des régions les plus riches mais les plus instables d’Afrique.
Alors que la RDC se prépare à sa prochaine transition politique, la bataille pour son futur leadership aura des répercussions majeures, non seulement pour les Congolais, mais aussi pour toute l’Afrique de l’Est.
FNK