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RDC : Kokonyangi et Pius Muabilu à couteaux tirés pour le contrôle de AA/a

La conférence des présidents du regroupement politique Alliance pour l’Avenir (AA/a), élargie aux députés nationaux, sénateurs, membres du gouvernement central et des gouvernements provinciaux ainsi que les mandataires, a décidé de la suspension du Ministre d’État, ministre de l’urbanisme et habitat Pius Muabilu. L’annonce a été faite lundi 26 octobre 2020 à Kinshasa dans une déclaration politique lue par la députée nationale Geneviève Inagosi.
À l’en croire, une commission de discipline a été mise en place pour statuer sur les cas de Pius Muabilu, et Marie Nyange, présidente a.i du regroupement AA/a.
« Dans l’attente de l’issue de cette action disciplinaire, les deux camarades sont suspendus de toute activité du regroupement politique AA/a et par conséquent, ne peuvent plus engager le regroupement AA/a à dater de ce jour », a-t-elle précisé dans la déclaration.
Par la même occasion, précise l’élue de Wamba et ancienne Ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, la conférence des présidents du regroupement politique AA/a a jeté son dévolu sur l’élu de Pangi dans la province du Maniema, Joseph Kokonyangi, comme président ad intérim et comme membre de la conférence des Présidents, elle-même Geneviève Inagosi.
« La conférence des présidents donne mandat à ces deux camarades de les représenter au Front Commun pour le Congo et vis-à-vis des tiers », a-t-elle conclu.
Ne nous poussez pas à quitter le FCC !
Au sein de son parti le CNC, la pilule est difficile à avaler. Au cours d’une entrevue accordée à la presse kinoise, ces élus saluent l’attitude de leur autorité morale qui avait répondu à l’invitation du protocole d’État. Ils estiment que leur leader (Pius Mwabilu)
a prouvé qu’il est réellement un homme d’État. S’exprimant au nom de ses collègues, le député national Adubango a réitéré leur soutien à Pius Muabilu. Tout en lui demandant de toujours se comporter comme un homme d’État au service de la nation.
« Ce regroupement est regroupement grâce à nous les élus. Il a notre accompagnement et bénédiction dans tout ce qu’il a fait pour l’intérêt général. Nous continuons d’être membres du regroupement politique Alliance pour l’Avenir, mais les gens de mauvaise foi veulent nous pousser à quitter le FCC, pendant que ce n’est pas notre intention. Pius Muabilu est la seule autorité Morale de ce regroupement et rien ne peut se faire sans lui », ont-ils prévenu.
Rappelons-le, depuis sa participation à la cérémonie de prestation de serment de trois nouveaux juges constitutionnels, le triple élu de Mont-Amba, Pius Muabilu, n’est plus en odeur de sainteté au Front commun pour le Congo qui avait jugé ces nominations d’irrégulières et non conformes à la constitution.
MUAMBA MULEMBUE CLÉMENT/CONGOPROFOND.NET
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Grossesse à l’école : Faut-il exclure ou accompagner ? La RDC face à une réalité dérangeante !

Ce lundi 14 juillet 2025, une note circulaire du Secrétaire Général intérimaire à l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté, Alexis Yoka Lapulimangu, a ravivé un débat sensible dans les milieux scolaires congolais : les élèves enceintes doivent-elles être maintenues à l’école ou exclues ?
Dans sa correspondance adressée aux directeurs provinciaux de l’éducation, Alexis Yoka Lapulimangu insiste sur le droit des filles enceintes à poursuivre leur scolarité, conformément aux engagements nationaux et internationaux en matière d’éducation inclusive et d’égalité des genres.
« Aucune sanction ou exclusion ne sera tolérée en raison d’une grossesse, » précise-t-il dans sa note. Et d’ajouter : « Les abandons scolaires liés aux grossesses précoces compromettent l’avenir des filles et renforcent les inégalités. »
Des réactions mitigées sur le terrain
La décision, largement relayée sur les réseaux sociaux, suscite depuis lors une vague de réactions. Si certains saluent une avancée dans la protection des droits des jeunes filles, d’autres y voient une légitimation implicite d’un problème moral et éducatif plus profond.
À Kinshasa, plusieurs chefs d’établissements confirment qu’en pratique, les écoles congolaises n’excluent pas systématiquement les filles enceintes. Mais ces situations sont souvent gérées discrètement. « Chaque année, mon école enregistre des cas de grossesse chez les élèves. Celles qui abandonnent le font par honte ou sous pression familiale. Les plus courageuses, surtout les finalistes, terminent leur parcours sans être inquiétées », confie un chef d’établissement de la commune de Kisenso.
Alors pourquoi une telle circulaire si la tolérance est déjà la norme ? Pour certains observateurs, la décision officielle expose un malaise éducatif et sociétal. Des voix s’élèvent pour dénoncer « l’immoralité » d’une élève qui tombe enceinte alors qu’elle est censée être mineure. D’autres pointent du doigt les enseignants ou les adultes qui profitent de leur position d’autorité pour abuser des jeunes filles.
Entre inclusion, prévention et responsabilités partagées
La loi-cadre N°14/004 du 11 février 2014 sur l’Enseignement National en RDC prône l’éducation pour tous. Cela implique, entre autres, de garantir l’accès à l’éducation aux filles mères, aux orphelins, aux déplacés ou encore aux personnes vivant avec un handicap. Dans ce contexte, interdire aux jeunes filles enceintes de poursuivre leur scolarité serait contraire à cette vision inclusive.
Mais cette inclusion soulève d’autres questions :
– L’école doit-elle seulement accueillir ou aussi prévenir ?
– Comment mieux encadrer les élèves pour éviter les grossesses précoces ?
– Quelle est la part de responsabilité des familles, des enseignants et de la société dans son ensemble ?
Le phénomène des grossesses en milieu scolaire n’est pas toujours lié au cadre scolaire lui-même. Bien souvent, ces situations surviennent dans les milieux de vie des élèves, en dehors de l’école, mettant les établissements devant le fait accompli. Cependant, les établissements sont aussi appelés à accompagner ces jeunes filles au lieu de les stigmatiser, tout en renforçant l’éducation sexuelle et civique.
Des dispositifs d’accompagnement possibles
Dans plusieurs pays, la prise en charge des élèves enceintes s’accompagne d’un encadrement spécifique :
– Des aménagements d’horaires pour les consultations médicales,
– Un suivi psychologique,
– La possibilité de suivre les cours à distance ou de reprendre les cours après l’accouchement grâce à des programmes adaptés.
Ces alternatives permettent d’éviter la déscolarisation, dont les conséquences peuvent être dramatiques : précarité, exclusion sociale, vulnérabilité accrue pour la jeune mère et son enfant.
Conclusion : Un débat entre éthique, éducation et pragmatisme
Loin d’être une simple question administrative, le maintien des filles enceintes à l’école touche aux valeurs, à l’éducation et à l’avenir de la société congolaise. Faut-il prioriser l’inclusion, même dans des situations délicates ? Ou doit-on redouter les effets pervers d’un message perçu par certains comme une banalisation de comportements jugés contraires aux normes morales ?
Une chose est certaine : la prévention, le dialogue avec les familles et un encadrement responsable restent les clés pour faire face à ce phénomène sans condamner l’avenir des jeunes filles concernées.
Jules Kisema Kinkatu & Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET