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RDC : J-2 pour la libération des prisonniers politiques

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En marge de la présentation de son programme d’urgence de 100 jours, le samedi 2 mars dernier, le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, avait promis la signature d’une ordonnance proclamant la libération des prisonniers politiques dans les 10 prochains jours qui suivaient son discours. « Sur le plan politique, pour consolider les acquis de la démocratie dans notre pays, j’ai décidé de faire de la décrispation un objectif majeur pendant les 100 jours. A cet effet, dans les dix jours, je vais prendre une mesure de grâce présidentielle au bénéfice de prisonniers politiques ayant été condamnés par des décisions coulées force de chose jugée. En même temps, je vais instruire le ministre de la Justice de prendre, dans le même délai susdit, toutes les mesures nécessaires, dans les conditions prévues de par loi, pour une libération conditionnelle de toutes les personnes détenues pour les délits d’opinion, notamment dans le cadre des manifestations politiques d’avant les élections », avait-il précisément déclaré à la Place de l’Echangeur de Limete.

Le compte à rebours enclenché depuis cette annonce indique qu’il ne reste, au Chef de l’Etat, que 48 heures pour matérialiser sa promesse, transformer sa parole en acte. L’opinion publique attend vivement la concrétisation de la parole de la plus haute personnalité du pays et voir, par ricochet, les bénéficiaires de cette grâce présidentielle dont les conditions d’éligibilité ont été clairement définies.

Il convient de rappeler que cette volonté de libérer les prisonniers politiques a été déjà exprimer par le Chef de l’Etat dans son discours d’investiture, le 24 janvier 2019 au Palais de la nation à Gombe, et devant nos compatriotes de l’étranger, respectivement le 05 février à Luanda, le 07 février à Nairobi, le 08 février à Brazzaville et le 10 février à la tribune de l’Union Africaine, à Addis-Abeba, lors de la 32me session ordinaire de cette organisation.

Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET

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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

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Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.

Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.

Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.

Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.

Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.

Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.

« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».

Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe

TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

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