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RDC/Ituri : « Paix et Sécurité » au centre de l’audience accordée par F. Tshisekedi aux anciens seigneurs de guerre

La problématique de l’instauration d’une paix durable et définitive dans la province de l’Ituri a fait l’objet de l’entretien que le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a eu tour à tour ce lundi à la Cité présidentielle de la N’sele, avec les délégations des anciens seigneurs de guerres Lendu et Hema de la province de l’Ituri, conduites respectivement par MM. Floribert Nzabu Ngabu et Thomas Lubanga.
Il s’agit d’une démarche initiée par le Chef de l’État en vue de trouver les voies et moyens pour ramener la paix et la sécurité, de manière durable et définitive, dans la province meurtrie de l’Ituri.
Selon Floribert Nzabu Ngabu de la délégation de la tribu Lendu, leur rencontre avec le Chef de l’État s’inscrit dans le cadre du soucis permanent du Président de la République, garant de la Nation, d’œuvrer davantage avec toutes les parties concernées pour que la paix et la sécurité soient ramenées définitivement en Ituri.
Il a ajouté que le Président de la République leur a confié, à cette occasion, la mission d’aller sensibiliser tous les compatriotes de l’Ituri pour que, eux tous, parlent un même langage en regardant dans la même direction pour ramener la paix et la sécurité en Ituri. » Nous avons accepté la mission qu’il nous a confiée pour la paix dans notre province », a-t-il souligné.
Célestin Mbodina Iribi, également de la délégation de la tribu Lendu, a, quant à lui, précisé que le message leur transmis par le Chef de l’État a été clair, à savoir : la province de l’Ituri regorge d’énormes potentialités, il n’est donc pas normal que les filles et fils de cette province continuent à s’entretuer au lieu qu’ils mettent à profit toutes ces richesses au bénéfice de la population.
Il a indiqué, par ailleurs, que le Président de la République leur a fait remarquer que, déjà, ils ont expérimenté la haine, maintenant il est temps d’expérimenter l’amour, avant d’exhorter tous les belligérants à déposer les armes et de n’oeuvrer que pour la paix, rien que la paix, car sans celle-ci on ne peut pas prétendre à un quelconque développement.
A une question, il a répondu qu’ils ont toujours travaillé avec le gouverneur Bamanisa de l’Ituri dans cet effort commun pour la paix.
Thomas Lubanga, lui aussi ancien seigneur de guerres, qui conduisait la délégation Hema, a, pour sa part, déclaré que la province de l’Ituri traverse pour le moment une situation catastrophique qui frise le crime contre l’humanité et le génocide ce qui, a-t-il dit, préoccupe au premier chef le Président de la République.
Pour Thomas lubanga, le Chef de l’État les a ainsi invités afin qu’ils échangent sur l’ensemble de la situation sécuritaire en Ituri, affirmant avoir rencontré le Chef de l’État déterminé à trouver des solutions au problème d’insécurité en Ituri.
Aussi, a-t-il promis, qu’ils vont réunir tous les éléments permettant au Président de la République de prendre les meilleures décisions possibles pour ramener la paix définitive dans la province de l’Ituri.
Dorcas Ntumba/CONGOPROFOND.NET
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Corridor de Lobito, PGII, AGOA : à Luanda, Kinshasa veut sortir de l’ombre

La participation du président congolais Félix Tshisekedi au 17ᵉ Sommet des affaires États-Unis-Afrique, qui s’est ouvert ce 23 juin à Luanda, dépasse la simple logique de présence protocolaire. Elle marque une inflexion stratégique dans la diplomatie économique de la République démocratique du Congo (RDC), qui cherche à redéfinir sa place dans la nouvelle cartographie industrielle du continent.
Ce sommet, organisé par le Corporate Council on Africa, réunit plus de 1 500 décideurs publics et privés. Il s’inscrit dans un contexte où les rapports entre puissances et pays africains connaissent une redéfinition accélérée, sous l’effet conjugué des rivalités sino-américaines, des pressions climatiques et de la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales.
Changement de posture : la RDC ne veut plus subir la mondialisation, elle veut la façonner
La prise de parole attendue de Félix Tshisekedi sur le projet du Corridor de Lobito révèle une ambition politique claire : transformer les infrastructures régionales en leviers d’influence géoéconomique. Ce corridor ferroviaire, qui vise à relier les provinces minières de la RDC et de la Zambie aux ports angolais, incarne bien plus qu’un chantier logistique. Il symbolise une volonté de rupture avec un modèle extractif qui a longtemps cantonné le pays à un rôle périphérique.
À travers ce projet, soutenu par le Partnership for Global Infrastructure and Investment (PGII) — la réponse américaine à l’initiative chinoise Belt and Road — Kinshasa tente de s’imposer comme un point nodal dans la stratégie d’approvisionnement occidental en minerais critiques, tout en défendant une industrialisation localisée.
Cette démarche s’inscrit dans une double logique : sécuriser les débouchés tout en renforçant la capacité du pays à générer de la valeur ajoutée sur place. En d’autres termes, la RDC aspire à passer du statut de fournisseur de matières premières à celui de co-producteur dans les chaînes globales.
Une fenêtre diplomatique à exploiter avec précaution
Les discussions bilatérales de Tshisekedi, notamment avec l’entourage du président américain Donald Trump, interviennent dans un climat d’incertitude commerciale. L’accord AGOA (African Growth and Opportunity Act), instrument central des relations économiques USA-Afrique depuis plus de deux décennies, arrive à expiration en septembre 2025. Son avenir reste flou, et les signaux politiques en provenance de Washington oscillent entre maintien sélectif et refonte structurelle.
Dans ce contexte, la RDC tente de capitaliser sur une présence active et ciblée : elle se positionne comme un interlocuteur stable, doté d’un agenda industriel affirmé, dans un environnement régional encore marqué par des instabilités récurrentes. Ce positionnement est d’autant plus stratégique que les États-Unis cherchent à rééquilibrer leur influence face à la Chine, qui vient d’annoncer une quasi-suppression des droits de douane pour plusieurs produits africains.
Un test grandeur nature pour la crédibilité de Kinshasa
Mais cette ambition ne peut se contenter d’annonces. Elle appelle des résultats tangibles, à commencer par la capacité du gouvernement congolais à structurer ses filières industrielles, sécuriser ses réformes foncières et fiscales, et garantir un cadre juridique attractif pour les investisseurs.
Le sommet de Luanda sert donc de test : il ne s’agit plus simplement d’attirer l’attention, mais de démontrer la solidité d’un projet économique cohérent. La RDC devra prouver qu’elle peut sortir du cycle bien connu « ressources-extraction-exportation » pour entrer dans un schéma « ressources-transformation-partage de valeur ».
Vers un repositionnement structurel ou simple opération de communication ?
L’activisme économique de la RDC, visible à Luanda, traduit une prise de conscience : celle que l’avenir du pays ne réside pas dans le volume de ses exportations brutes, mais dans sa capacité à intégrer les standards et les exigences des chaînes de production mondiales.
Il reste à savoir si cette dynamique s’inscrira dans la durée ou si elle demeurera circonstancielle, dictée par le calendrier électoral américain, la volatilité des cours des métaux, ou les aléas internes congolais. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la RDC s’est engagée dans une reconfiguration stratégique qui ne laisse plus de place à la passivité. Elle veut compter. Il lui faudra maintenant convaincre.
Franck Tatu