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RDC/Budjala: échauffourées entre policiers et population à la résidence de J.L. Bussa, 1 mort
Un policier tué, deux civils grièvement blessés, deux maisons incendiées et 42 personnes arrêtées. Tel est le bilan des échauffourées qui ont eu lieu le vendredi 19 octobre 2018 à Budjala, chef-lieu du territoire du même nom, dans la province du Sud-Ubangi (RDC).
D’après le correspondant de politiquerdc.net, les évènements se sont déroulés à la résidence du ministre d’État chargé du commerce extérieur, Jean-Lucien Bussa Tongba.
À l’en croire, tout serait parti du passage de Jean-Lucien Bussa, dans ce territoire , dans le cadre de sa tournée politique entamée depuis quelques jours dans la province du Sud-Ubangi.
En effet, une délégation d’ enseignants et élèves du Complexe Scolaire Lumière 2 ayant reçu un don d’équipements sportifs, dans la soirée de jeudi 18 octobre, s’était rendue le lendemain à la résidence de ce membre du gouvernement où est installée également la station de Radio Telema Budjala (RTB), une propriété de Jean-Lucien Bussa, afin de lui transmettre leurs remerciements et lui soumettre en même temps quelques préoccupations.
Arrivés sur place, ils se sont vus empêchés d’ accéder sur le site pour rencontrer leur bienfaiteur, qui avait cependant déjà quitté le lieu nuitamment, vers une autre destination.
Du coup, s’en suivra une incompréhension générale entre les bénéficiaires de ce don et les agents de l’ordre commis à la sécurité de cette résidence. Les esprits surchauffés, un policier se verra blessé par la crosse de son arme. Troublé, celui-ci va tirer dans le vide pour disperser la foule. Deux élèves touchés, le policier a cherché à fuir pour échapper à la colère de la population. Il sera vite récupéré dans un ravin et tabassé prèsqu’à la mort par la foule, avant d’être ramené à l’hôpital général de référence de Budjala avec les deux élèves grièvement blessés.
Malheureusement, 24 heures après, l’agent de l’ordre va succomber.
Informé de la situation, l’état-major de la police du Sud-Ubangi va dépêcher des éléments du Groupe Mobile d’Intervention(GMI) de la police de Gemena pour calmer la situation sur le terrain.
Aussitôt arrivés, ils ont procédé à l’arrestation d’au moins 42 personnes, le samedi soir. Certains noms sont cités parmi les interpellés, notamment Tonton Mogbaka, Emanou, Mobaku, Albert Mokuku Nzoku et Mosange Ngele.
Par ailleurs, des témoins rapportent des pillages de bétails et autres biens de la population, surtout de la communauté Kunda ( population riveraine) accusée d’être à la base de cette situation par les éléments de la police.
Jusqu’à samedi 20 octobre, une bonne partie de la population de cette communauté s’était toujours réfugiée dans la forêt pour ne pas subir les représailles de la police.
Information confirmée sous le sceau de l’anonymat par des autorités locales.
Tous les efforts fournis pour atteindre le ministre du Commerce extérieur, Jean-Lucien Bussa, afin d’avoir sa version se sont avérés vains.
CONGOPROFOND.NET
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Guerre du M23/Rwanda : Des milliers de personnes fuient les combats en direction de Goma et au-delà
Les violents affrontements autour de la localité de Sake, dans l’est de la RDC, qui opposent l’armée congolaise, appuyée par ses alliés locaux, et le M23, soutenu par le Rwanda, poussent des milliers d’habitants de la région à fuir les combats. Si la plupart vont chercher refuge à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu situé à seulement une vingtaine de kilomètres de là, d’autres préfèrent aller au-delà et franchir la frontière avec le Rwanda. Reportage.
À Goma, en RDC, l’angoisse est palpable sur la route principale qui relie les quartiers de Ndosho et de Katindo. Des colonnes de déplacés circulent à pied, à moto ou en bus en direction du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Désespérées, Alice et Kanyere racontent leur calvaire. « Il y a de nombreuses détonations et des avions qui bombardent là d’où nous venons. Il y a aussi beaucoup de militaires sur la route. Tout le monde s’enfuit ! », confie la première. « Beaucoup de bombes explosent et les balles sifflent. Nous avons dû quitter les huttes de notre camp, témoigne la seconde, dépitée, avant de poursuivre : je n’ai pas de famille à Goma. Il faut que le gouvernement termine la guerre ! »
Âgé d’une trentaine d’années, Haguma Banga marche, lui, avec un matelas sur la tête. Après avoir fui Sake, il est toujours sans nouvelle de sa famille. « Je ne sais pas où sont ma femme et mes cinq enfants. Ce serait un miracle de les retrouver », se désole-t-il.
A l’hôpital CBCA Ndosho, le personnel soignant s’active pour recevoir les blessés qui affluent également en masse, comme Mariam Kashindi, 22 ans, qui a quitté Sake en urgence après avoir reçu un éclat d’obus dans le bras. « Nous avions commencé à fuir, nous étions devant le marché de Mubambiro quand ma fille a été touchée par une bombe dont les éclats m’ont atteint, raconte-t-elle avant de poursuivre : nous fuyons le M23. J’ai trois enfants. L’un a été blessé, quant à l’autre, je ne sais pas où il est ».
« Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup »
Un peu plus loin, Neema Jeannette pleure allongée sur un lit. Elle a été touchée par une explosion alors qu’elle se trouvait avec un groupe d’amies. « Une bombe est tombée sur nous. Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup. Moi, je suis la seule survivante. Je remercie le CICR de m’avoir prise en charge à l’hôpital », sanglote-t-elle.
Cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Nord-Kivu, Miriam Favier explique que l’établissement a été contraint d’activer ses quatre blocs opératoires en raison de l’afflux de blessés. « Depuis ce matin, plus de 70 patients sont déjà arrivés et ce n’est pas fini. C’est assez inquiétant », déplore-t-elle.
Si, à Goma, les autorités militaires comme la société civile appellent au calme, des écoles et plusieurs boutiques ont toutefois fermé leurs portes, tout comme l’Institut français, qui a décidé de suspendre temporairement ses activités. Les billets de tous les spectacles annulés seront intégralement remboursés, explique la structure dans un communiqué.
« Même ici, on vient d’entendre un obus tomber »
Anticipant une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire, certains habitants ont, quant à eux, décidé de prendre les devants et sont passés au Rwanda voisin, où ils ont trouvé refuge dans la ville frontalière de Rubavu pour la plupart. « Mon mari habite ici, il m’a dit de le rejoindre pour fuir la panique qui s’empare de la ville de Goma », déclare ainsi Amina, une valise à la main et accompagnée de ses deux enfants.
Innocent, lui, a trouvé une chambre dans un hôtel. « Il y avait foule au niveau de la douane, c’était plein à craquer, rapporte-t-il. Alors, quand on a des enfants en bas âge, on ne va pas attendre la dernière minute pour partir, car on ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer, on n’est pas sur la ligne de front. Même ici, on vient d’entendre un obus tomber, alors imaginez : quand on est à Goma, c’est comme si l’explosion avait lieu dans la parcelle d’à côté. Voilà pourquoi on a décidé de partir » poursuit celui-ci.
Comme beaucoup d’autres habitants du chef-lieu du Nord-Kivu, Innocent prévoit de rester à Rubavu, le temps de voir comment évolue la situation, avec l’espoir de pouvoir rentrer chez lui le plus rapidement possible.
RFI
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