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RDC/Beni : la plus grave épidémie d’Ebola jamais connue au pays, déjà 215 morts
Trois mois après son apparition, cette 10ème épidémie d’Ebola en RDC est devenue la plus grave jamais connue par le pays. 341 cas ont été signalés, dont 303 confirmés. L’épicentre s’est déplacé de la ville de Mangina, où les premiers cas ont été signalés, vers la grande ville de Beni où le nombre des nouveaux cas suspects et confirmés Ebola a augmenté pendant plusieurs semaines, jusqu’à saturer la structure de prise en charge en place. Depuis le 1er aout 2018, l’épidémie a fait 215 morts et mobilisé de nombreux acteurs afin de tenter d’endiguer sa propagation. Plus de cent patients sont guéris de la maladie. Dans un contexte où l’insécurité et les difficultés d’accès aux communautés ralentissent la riposte, l’épidémie ne semble toujours pas être endiguée.
« Depuis que le foyer de l’épidémie c’est déplacé de Mangina à Beni, nous constatons que l’épidémie est plus difficile à contenir ; en observant maintenant une tendance à l’augmentation des nouveaux cas vers le sud dans la ville de Butembo, nous craignons que la situation devienne encore plus difficile à maîtriser, sans une intensification de la riposte sur cet axe » dit Gwenola Séroux, Responsable des Urgences pour MSF à Paris.
Impliquer la communauté
En plus des mouvements de population, une des difficultés récurrentes pour l’intervention est représentée par la peur de la communauté vers cette maladie très meurtrière, qui peut rendre difficile la relation avec les acteurs de la riposte. Cela se traduit dans une certaine réticence à lancer l’alerte sur les cas suspects, se rendre aux centres de traitement et accepter l’accompagnement des équipes qui assurent les enterrements dignes et sécurisés.
« On constate le besoin d’une communication meilleure et plus efficace de la part de tous les acteurs de la riposte afin de gagner la confiance de la population. Certes, la mortalité de la maladie est très élevée. Les gens peuvent penser que les centres de traitement sont des endroits où l’on se rend pour mourir, mais nous voyons aussi des dizaines des patients sortir guéris, et le fait d’arriver au centre de traitement à un stade précoce de la maladie augmente leurs chances de guérison. » rappelle Dr Axelle Ronsse, Coordinatrice d’urgence MSF sur l’urgence Ebola.
MSF engagé sur les piliers de la riposte
Actif à Béni depuis le début de l’épidémie en aout 2018, MSF est engagé sur plusieurs fronts pour contribuer à endiguer l’épidémie et répondre au mieux aux besoins des populations du Nord Kivu. Aux côtés des autres membres de la riposte Ebola, les équipes de MSF se rendent avec des visites régulières sur 24 centres de santé pour des formations et donations et au quotidien auprès des populations afin d’informer sur la maladie et les moyens de s’en prémunir. Dans le cadre des activités de prévention et contrôle des infections, MSF effectue des opérations de décontamination après l’identification et le transfert de cas confirmés dans les structures adaptées.
Les équipes MSF ont par ailleurs vacciné plus de 600 personnes identifiées comme des travailleurs de santé ou comme potentiels contacts avec des malades atteints d’Ebola dans la ville de Béni en octobre. Des vaccinations ont également commencé dans la ville de Butembo début Novembre.
Depuis le début de l’épidémie le 1er aout 2018, les équipes de MSF participent à la riposte Ebola au Nord Kivu et en Ituri. MSF a ouvert des centres de traitement dans les villes de Mangina, Butembo et Tchomia, un centre d’isolement dans la ville de Bunia et désormais un centre de transit dans la ville de Béni. Indépendante de tous pouvoirs politiques, religieux ou militaires, MSF agit en toute impartialité, d’après une évaluation des besoins médicaux. L’indépendance de l’association est permise par un financement assuré à plus de 80% par des dons privés.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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ONU, Francophonie, processus de Luanda : La RD Congo est de retour en force !
On ne l’attendait sans doute pas à ce niveau-là. Surtout pas en un moment où les éléments semblaient s’aligner pour précipiter la chute de la « bête », et offrir sa peau aux prédateurs. L’hallali était décrété mais les étoiles en ont décidé autrement.
Dans son rôle de porte-parole de toutes les causes perdues, Fridolin Ambongo Besungu a de nouveau embouché sa trompette pour entonner l’arlésienne de la faillite de l’état congolais, dont il se garde de situer le début dans le temps et l’espace, apparemment pour mieux épouser le tempo des réseaux sociaux et récolter leurs vivats.
Le cardinal ne s’est pas contenté de tâter le terrain. Il est allé plus loin en revendiquant les attaques les plus invraisemblables déversées par les croisés de la nouvelle révolution. Ces derniers, comble d’ironie, se sont comme par hasard donné rendez-vous dans la capitale du Royaume de Belgique transformée comme dans les années Mobutu en place forte de la subversion. Mais aussi à Genève devant le Conseil des Nations Unies pour les droits de l’homme, ainsi qu’à New York pour ceux qui ont fait le choix des soirées arrosées en copinant avec les multinationales, ou de se faire coacher par quelques démocrates dans l’espoir d’arracher une improbable légitimité.
Bref, le casting comme le timing avaient permis de surfer sur des relations qui se dégradent à vue d’œil entre la RDC et l’Union Européenne. Dont les principaux leaders ont fait le choix incroyable du double standard plutôt que celui de la justice pour asseoir des relations internationales plus saines et plus équitables ; mais aussi dans l’ambiguïté de l’attitude américaine face à la crise aujourd’hui tri-décennale de l’Est de la République Démocratique du Congo. Avec des conflits qui se suivent et se ressemblent, attisant les tribalismes et les irrédentismes, entretenant les égoïsmes pour mieux souffler sur les braises de la division et du pillage des ressources.
Les observateurs congolais sont des gens si subtils que ce qu’ils proclament comme analyses ne sont en réalité que des litanies d’émotions et frustrations qu’ils espèrent cacher à leurs compatriotes forcément naïfs sous le drap d’un flux d’informations ramassées vaille que vaille et qui n’ont pas toujours entre elles un lien logique.
Seulement voilà. Il y a des moments où la réalité, après avoir atteint et dépassé le stade de la fiction, confine au paradoxe pour les faibles d’esprit. Ceux qui voyaient, notamment, dans les voyages de Félix Antoine Tshisekedi de simples villégiatures destinées à égayer ses proches et à distraire ses compatriotes avouent désormais, quoique du bout des dents, leur surprise. Un : la plupart des états du monde n’hésitent plus aujourd’hui pour considérer le Rwanda comme un pays agresseur, tout en lui exigeant de retirer ses troupes de la RDC et de stopper les pillages découlant de son occupation. Deux : lentement mais sûrement, l’armée congolaise se reconstruit et conclut des alliances qui portent sur la durée. Trois : un nouveau rapport de force se dessine de plus en plus en s’inscrivant dans la durée face à des voisins qui regardent désormais la RDC d’un œil moins condescendant et plus respectueux.
La RD Congo est de retour
La politique des petits pas offre cette vertu rare que, comme la marche du caméléon, elle tient à s’assurer de ne pas se jeter les yeux fermés juste pour flatter son orgueil blessé, sans offrir la garantie de la justesse et de la fermeté de chaque pas engagé.
Qu’on le veuille ou non, qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, la République Démocratique du Congo est bel et bien de retour sur la scène internationale. Passé les effets pervers et déformants de la communication cathodique, souvent boursouflée et chaotique, où chacun des acteurs a tendance à se considérer comme le « nec plus ultra » sinon le nombril de la terre, force est de se rendre à l’évidence que, bon an mal an, la RD Congo est de nouveau là, en tout cas sur tous les théâtres où le dossier congolais se traite, afin d’être défendu par ses propres enfants.
La récente sortie fracassante de Félix Antoine Tshisekedi de son 19ème sommet de Paris a sonné comme l’amorce d’une nouvelle ère au sein de la francophonie, faisant bouger les lignes au point d’aboutir à la condamnation de la présence du Rwanda sur le territoire congolais et à la réaffirmation du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Le prochain rendez-vous de Luanda devrait entériner cette évolution en exigeant un plan détaillé des troupes de Kigali, l’acceptation du principe de la responsabilité et de la judiciarisation des actes posés dans le cadre d’un éventuel accord.
Alors qu’on attend dans les prochaines semaines le dénouement du dossier du vote des membres non permanents du Conseil de sécurité (2025-2027), pour lequel la RDC jouit des chances réelles, force est de saluer, du coup, les efforts de la diplomatie de Félix Tshisekedi, même s’il y en a toujours parmi les Congolais qui trouvent des raisons de faire la fine bouche. La RDC est à nouveau un acteur sur lequel on peut compter et avec lequel il faut compter. Tous ces développements sont adossés à la signature d’une série d’accords inédits et dans plusieurs secteurs avec Pékin, mais aussi d’un partenariat non exclusif, centré sur la sécurité et la défense, avec la Russie.
L’amertume des partisans d’une approche par émotions, genre coup sur coup excluant une démarche réfléchie sur le long terme, ne se consolent pas. Leur amertume les pousse jusqu’à bouder le fait pourtant visible que la marge de manœuvre du Rwanda se réduit chaque jour sensiblement, et qu’à l’intérieur du pays des mille collines, le volcan de la contestation est proche de vomir sa lave incandescente.
Consolider le front intérieur
Il restera évidemment à assainir la scène politique nationale en l’expurgeant de tous ses moutons noirs au profit des cadres compétents certes, mais surtout, dont la loyauté est indiscutable. D’ici-là, Il est pour le moins symptomatique que pour des besoins de positionnement personnel sur la scène politique ou de buzz sur les réseaux sociaux, certains Congolais ne s’accordent aucune limite. Quitte, par exemple, à remettre à des calendes incertaines l’urgence de la question de la constitution, au motif pernicieux qu’elle ne résout ni celle du pain ni celle du miel.
S’il est vrai que ventre affamé n’a point d’oreille, il est tout aussi vrai, d’expérience, que ceux qui ont vendu leurs pays à travers l’histoire avaient toujours ventre rebondi et panse pleine, estimant néanmoins que leur boulimie ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin.
Sont tout aussi pathétiques ceux qui, après avoir soutenu à cors et à cris la loi Tshiani sur la nationalité lors de la campagne électorale, récusent désormais le principe d’une constitution qui lui accorderait pourtant la préférence, en raison des motivations et des frustrations d’ordre manifestement personnel. Au nom des mêmes motivations personnelles, on devrait ainsi s’abstenir de corriger les dérives du parlementarisme, l’impact négatif des assemblées provinciales et de leur émanation qui est le sénat, l’excès des immunités accordées aux anciens dirigeants, le poids des critères excessivement complaisants dans le choix des candidats aux fonctions politiques et managériales, la question de l’abandon de la souveraineté au profit d’une hypothétique unité africaine…
L’homme, dit le Sage, ne vit pas que du pain. Mais aussi de l’esprit qui est en lui et qui s’abreuve à la seule source qui le relie aux générations présentes, passées et à venir. Une évaluation rigoureuse de leur démarche globale devrait convaincre les Congolais que la faillite de l’état que déplore avec un certain aplomb le cardinal Ambongo, s’il n’était pas complaisant, plonge en réalité ses racines loin dans une décolonisation ratée depuis 1960 et non depuis l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi.
Jean Kenge Mukengeshayi
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