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RDC-Belgique : importante visite du couple royal chez Mukwege à l’hôpital de Panzi à Bukavu
L’hôpital de Panzi à Bukavu dans la province du Sud-Kivu s’avère être l’ultime étape de la visite du couple royal belge en République démocratique du Congo (RDC).
En séjour dans l’ex-colonie belge depuis lundi 7 juin après trois reports dus à la pandémie de Covid-19, le septième Roi de Belgique, Philippe, et la Reine Matilde sont attendus le dimanche 12 juin 2022 à l’Hôpital de Panzi, où ils rencontreront le Prix Nobel de la paix, le Docteur Denis Mukwege, médecin directeur de cet établissement hospitalier dont la réputation a traversé les frontières congolaises. La visite de l’hôpital de Panzi à Bukavu était inscrite en priorité dans l’agenda du couple royal belge en périple en RDC, en dépit de l’insécurité ambiante dans l’Est du pays. C’est en fait l’expression de l’amitié forte qui lie le couple royal au docteur Denis Mukwege.
« L’homme qui répare les femmes » est par ailleurs détenteur du « Prix Roi Baudouin » en 2011 pour avoir dénoncé haut et fort le silence total face aux atrocités perpétrées contre les femmes dans l’Est de la RDC. A l’époque, il avait obtenu un immense soutien du Roi Albert II, père de l’actuel monarque belge, au Conseil de sécurité des Nations Unies, afin que l’injustice contre les femmes soit prise en compte, et que celles-ci bénéficient d’une protection assurée. Après avoir obtenu le prix Roi Baudouin, Denis Mukwege avait initié un fonds spécial en vue d’octroyer des bourses d’étude « Roi Baudouin » aux écoliers et étudiants congolais. Créé donc en 2011, ce fonds spécial offre aussi des bourses d’étude aux médecins spécialistes, généralistes et aux enfants des victimes des violences sexuelles. Depuis son lancement en 2013, ce fonds a déjà été bénéfique à 59 jeunes boursiers. Et en cette année 2022, 22 jeunes, dont 11 garçons et 11 filles, sont bénéficiaires des bourses.
Active dans la lutte contre les violences sexuelles, la Reine Mathilde a vivement appuyé les efforts académiques du Docteur Mukwege, étant à la première loge lors de l’inauguration de la chaire Mukwege à Liège. L’épouse du Roi Philippe a également assisté à plusieurs conférences du réputé médecin congolais en Belgique où Docteur Mukwege a été reçu le 5 mars dernier par le couple royal. Aussi la présence de la Reine Mathilde à l’Hôpital de Panzi à Bukavu dans le Sud-Kivu fait partie des efforts qu’elle déploie pour la lutte contre les violences sexuelles, avec l’important soutien de son mari, le Roi Philippe.
Disposant ainsi de bonnes raisons de le faire, le couple royal belge ne pouvait donc pas ne pas visiter la Fondation Panzi, afin de communier avec les victimes et survivantes des violences sexuelles qui sévissent dans la partie Est de la RDC en proie à de l’insécurité quasi chronique.
M. Enyimo/CONGOPROFOND.NET
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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national
La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.
L’héritage colonial et ses répercussions actuelles
L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.
Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.
Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques
Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.
Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.
De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.
Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.
Le monde académique : reproduction des schémas tribaux
Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.
L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.
Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.
Impact sur le développement national
Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.
Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.
Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.
Le jeu dangereux des alliances politiques
L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.
Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.
Vers des solutions : initiatives et perspectives
Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.
Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.
L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC
Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.
La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.
Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.
Franck Tatu
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