À la Une
Programme des 100 jours : Vital Kamerhe ce lundi sur le banc des accusés !
Ce lundi 11 mai s’ouvre à Kinshasa, le premier procès relatif au détournement de fonds alloués au financement du « programme des 100 jours » de Félix Tshisekedi. Sur le banc des accusés du tribunal de grande instance de la Gombe se trouvera Vital Kamerhe, le directeur de cabinet, toujours en fonction, du chef de l’État congolais, avec deux co-accusés, l’homme d’affaires libanais Samih Jammal, et le responsable import-export de la présidence Jeannot Muhima.
Selon les réquisitions du procureur en revanche, Vital Kamerhe et l’homme d’affaires libanais Samih Jammal auraient, entre mars 2019 et janvier 2020, détourné près 49 millions de dollars. Les deux hommes risquent chacun jusqu’à vingt ans de prison.
L’argent a été payé à la société Samibo Congo, appartenant au Libanais. Il était destiné à la construction de 1500 maisons préfabriquées au profit de cinq provinces.
Ils sont aussi accusés d’avoir détourné plus de 2,1 millions de dollars payés à une autre société de Samih Jammal, la société Husmail. Cela correspond à une avance d’une enveloppe globale de plus 57 millions de dollars destinés à la construction de 3000 maisons préfabriquées pour les policiers et militaires de la ville de Kinshasa. Les avocats de Samih Jammal rejettent les accusations de détournement parce que, disent-ils, les travaux de construction sont financés et sont en cours.
Le troisième accusé s’appelle Jeannot Muhima Ndoole, chargé du service import-export de la présidence, à qui de l’argent a été remis pour le dédouanement de ces maisons.
Mais la défense de Vital Kamerhe est confiante. Elle insiste même pour que le procès soit public. « Je souhaitais que toutes les audiences soient publiques, que toute la population soit informée que notre client n’est pas un voleur, pas un détourneur, et aujourd’hui, on le voit comme s’il était déjà condamné », déplore le bâtonnier Joseph Guhanika Ganywamulume, qui coordonne la défense du directeur de cabinet du président. Il faut, précise-t-il, « que toutes ces opinions n’influencent pas l’oeuvre du juge qui doit être indépendant et trancher en âme et conscience. »
Sur le fond, il « ne voit rien dans le dossier. C’est au ministère public, à l’accusation de nous apporter la preuve qu’il y a eu détournement. Ce n’est pas lui qui gérait cet argent, ce n’est pas lui à qui l’État a mis cet argent à disposition, je ne vois pas pourquoi on le poursuit pour détournement. »
Dossier des sauts-de-mouton à Kinshasa
Ce n’est pas la première fois que le directeur de cabinet et allié du chef de l’État est cité dans une procédure.
En effet, le 31 juillet 2019, l’Inspection générale des finances faisait apparaître son nom dans un rapport pointant le détournement de 15 millions de dollars sur de l’argent dû aux sociétés de distribution de produits pétroliers. À l’époque, Félix Tshisekedi avait soutenu Vital Kamerhe, assurant que cet argent n’avait pas été « volé au Trésor ».
C’est finalement sur un autre dossier, celui de la gestion du programme d’urgence du chef de l’État que le directeur de cabinet se retrouve à devoir rendre des comptes. Début février, sous pression de la population de Kinshasa, Félix Tshisekedi ordonne un audit sur le chantier des sauts-de-mouton qui créent des embouteillages dans la capitale.
Le Conseil des ministres, dominé par la coalition de son prédécesseur, transforme cet audit en procédure judiciaire et l’étend à l’ensemble du programme. La présidence ne s’est jamais exprimée sur cette arrestation. Officiellement, Vital Kamerhe reste le directeur de cabinet du chef de l’État.
Fébrilité à Bukavu
À Bukavu, son fief électoral du Sud-Kivu, les avis sont partagés par rapport à cette première audience et la tension monte dans les discussions au fur et à mesure que l’heure de la comparution approche, constate notre envoyé spécial sur place, William Basimike.
Place de l’Indépendance, l’un des principaux carrefours de Bukavu, toutes les opinions se croisent. Il y a des partisans de Vital Kamerhe comme Espoir, la trentaine, qui croient Vital Kamerhe victime d’un complot politique :
« Kamerhe est un grand leader du Sud-Kivu et de la RDC en général. Je crois que c’est un complot qui ne dit pas son nom. Je suis sûr, très sûr que Vital Kamerhe va sortir la tête haute et sera le gagnant de ce procès et ceux qui complotent contre lui auront tellement honte! Je le dis et je l’assume! Notre leader était à l’Assemblée nationale comme président à l’époque, il avait démissionné en 2009 et on n’a jamais appris qu’il avait volé. Pourquoi salir sa réputation aujourd’hui ? »
À deux pas de lui, il y a Édouard, 35 ans, dont l’avis est tout autre. Pour lui, le peuple congolais a besoin de connaître la vérité sur tous les bons projets annoncés mais qui n’ont jamais été réalisés :
« Évitons de faire l’amalgame dans ce qui est en train de se passer. Nous sommes en face d’une situation qui est claire : il y a eu un programme des 100 jours ; on nous a dit qu’à Bukavu on devrait avoir 20 km de route alsphaltée. Où sont ces 20 km ? C’est la justice qui peut nous dire réellement ce qui s’est passé. Pourquoi vous voulez politiser ? »
Ce lundi, le parti de Vital Kamerhe l’UNC/Sud-Kivu appelle à une journée ville morte à Bukavu. « Que tout le monde puisse observer un petit repos pendant cette journée pour que nous puissions avoir la chance de suivre la vérité que notre président national va exposer dans ce procès et que chacun d’entre nous puisse savoir ce qui est vrai et ce qui est faux dans toutes les accusations lui infligées », indique Richard Bunani, le président fédéral du parti.
La société civile comme les autres formations politiques du Sud-Kivu hésitent à embrayer le pas à l’UNC et le justifient par les difficultés socio-économiques que traversent la province suite au coronavirus.
RFI
There is no ads to display, Please add some
À la Une
Menaces répétées du chef de l’UPDF sur Bunia : Le silence des autorités inquiète la population
Depuis le 15 février 2025, le général Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major de l’armée ougandaise (UPDF), multiplie les déclarations menaçantes à l’encontre de la ville de Bunia, évoquant une possible attaque ou l’envoi de ses troupes dans la région. Malgré la gravité de ces propos, les autorités congolaises, tant au niveau provincial qu’à Kinshasa, restent étrangement silencieuses.
Cette absence de réaction alimente l’inquiétude grandissante de la population, plongée dans un climat de peur et d’incertitude.
Ces menaces interviennent alors que le vice-ministre de la Défense séjourne en Ituri, une région déjà fragilisée par des tensions sécuritaires. En août 2024, un drone de l’armée ougandaise s’était écrasé à Kotoni, dans le territoire de Djugu, une zone où l’UPDF n’est pourtant pas censée opérer. Cet incident avait déjà soulevé des questions sur les activités ougandaises en RDC.
Par ailleurs, un rapport des experts des Nations-Unies datant de juillet 2024 a accusé l’Ouganda de soutenir le Rwanda, pays agresseur de la RDC. Selon ce document, Kampala aurait facilité le transit des troupes du M23 sans aucune restriction. Malgré ces révélations, la RDC continue de collaborer militairement avec l’Ouganda dans le cadre d’opérations conjointes FARDC-UPDF, une coopération en place depuis novembre 2021. Cependant, l’efficacité de ces opérations est vivement critiquée sur le terrain.
En novembre 2024, la question avait été abordée lors d’une rencontre entre le président Félix Tshisekedi et son homologue ougandais à Kampala. Peu après, une dizaine de députés congolais se sont déplacés en Ouganda pour notamment évoquer cette question.
Le répondant de l’UPDF n’est pas à sa première déclaration du genre.
Déjà en décembre 2024, la ministre d’État des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, avait convoqué le chargé d’affaires ougandais en RDC, Matata Twaha, pour exiger des explications concernant les propos jugés « déplacés » du général Kainerugaba. Ce dernier avait, via des messages publiés sur X, menacé les mercenaires blancs opérant aux côtés des FARDC dans l’est de la RDC, promettant de les attaquer à partir du 2 janvier 2025. Bien que le tweet ait été supprimé, les inquiétudes demeurent.
Aujourd’hui, c’est la ville de Bunia qui est directement visée par ces menaces. Pourtant, Kinshasa n’a toujours pas réagi officiellement, un silence qui suscite de vives préoccupations, notamment parmi les habitants de la province.
L’armée ougandaise, présente sur le sol congolais dans le cadre de la coopération militaire, est notamment déployée dans le territoire d’Irumu. Cette situation soulève des interrogations : l’Ouganda est-il toujours un allié dans la lutte contre l’ennemi commun, les ADF ? Récemment, face aux rumeurs d’un renforcement des effectifs ougandais à Irumu, les FARDC se sont contentées d’affirmer que cela s’inscrivait dans le cadre des opérations conjointes.
Pour de nombreux observateurs, ces menaces récurrentes du général Kainerugaba, relayées sur les réseaux sociaux, doivent être prises au sérieux. Ils appellent à une réaction ferme de Kinshasa et à des éclaircissements de la part des autorités ougandaises. Dans un contexte déjà volatile, le silence des dirigeants congolais ne fait qu’accroître les craintes d’une escalade dans la région.
CONGOPROFOND.NET/ buniaactualite.cd
There is no ads to display, Please add some