Coopération
Prévenir plutôt que guérir : un tournant décisif pour la RDC face aux risques de catastrophe

Les travaux d’adoption de la Politique Nationale de Gestion des Risques de Catastrophe (2025–2050) pour la République Démocratique du Congo ont eu lieu du 23 au 25 septembre 2025, sous l’impulsion notamment du ministère de l’Intérieur, de la Sécurité et des Affaires coutumières, affirmant ainsi une volonté politique forte : celle de rompre avec une logique de réaction permanente pour instaurer une culture de prévention, de résilience et de développement durable. Ce choix, à la fois audacieux et lucide, témoigne d’une ambition nationale de transformation profonde. Elle définit quatre priorités stratégiques, adaptées du Cadre de Sendai et contextualisées pour la RDC : Compréhension des risques ; Renforcement de la gouvernance ; Investissement dans la réduction des risques pour la résilience ; Renforcement de la préparation, de la réponse et d’un relèvement résilient.
La RDC est un pays d’une richesse exceptionnelle. Sa diversité humaine, ses ressources naturelles et son patrimoine culturel en font un territoire unique sur le continent africain. Pourtant, cette richesse est mise à l’épreuve par une série d’aléas récurrents — inondations, glissements de terrain, éruptions volcaniques, épidémies, conflits — qui ne relèvent pas de l’exceptionnel, mais d’une réalité structurelle. Ces chocs successifs affaiblissent les communautés, entravent le développement et la trajectoire du pays dans la mise en œuvre des Objectifs du Développement Durable, et exercent une pression considérable sur les finances publiques et les investissements privés.
En tant que Coordonnateur humanitaire, je le répète souvent : la meilleure réponse humanitaire est celle qui réduit les besoins humanitaires. Et cette réduction passe nécessairement par une gestion proactive des risques. Trop souvent, nous parlons de ‘’catastrophes naturelles’’, comme si elles relevaient de l’inévitable. Or, les catastrophes ne sont pas naturelles. Elles sont les conséquences d’un manque de préparation, d’un déficit de gouvernance, d’une absence d’anticipation.
Gouverner, c’est prévoir. Prévoir, c’est prévenir.
La politique que la RDC s’apprête à adopter ne se limite pas à un cadre technique. Elle constitue un véritable instrument de transformation, un levier stratégique pour inscrire la résilience au cœur de l’action publique. Alignée sur les engagements régionaux et internationaux, elle vise à intégrer la gestion des risques dans chaque plan, chaque projet, chaque décision publique. Sa gouvernance, confiée à Madame la Première Ministre à travers le futur ‘Conseil Exécutif de Gestion des Risques de catastrophe’, incarne un leadership affirmé et une volonté d’action concertée et multisectorielle. Cette Politique va plus loin, en proposant une approche de gestion conforme à l’approche de décentralisation, plaçant les gouverneurs et les administrateurs de territoire à la tête de structures de gouvernance aux niveaux provincial et territorial.
De plus, cette politique est également un vecteur de paix. Car prévenir les risques, c’est prévenir les conflits. C’est renforcer le lien de confiance entre l’État et ses citoyens. C’est affirmer que la protection des populations est une priorité nationale. C’est investir intelligemment les ressources publiques et l’aide internationale — non pas pour éteindre les incendies, mais pour les éviter et construire ainsi un avenir plus sûr.
Aujourd’hui, une part importante des ressources est mobilisée pour répondre aux conséquences des crises. Pourtant, la prévention coûte souvent moins cher et produit des effets durables. Elle génère des habitudes, des réflexes communautaires, des mécanismes d’appropriation. À l’inverse, les réponses ponctuelles, souvent hors de portée des communautés, les rendent plus dépendantes, sans perspective d’autonomisation.
La prévention n’est pas un luxe. C’est un investissement stratégique. Pour sauver des vies. Pour préserver les écoles, les hôpitaux, les routes, les récoltes. Pour permettre aux enfants d’apprendre, aux familles de rester unies, aux communautés de vivre dignement, même face aux aléas.
C’est aussi une manière de réorienter les ressources budgétaires — nationales et internationales — vers des solutions durables. Trop souvent, l’aide publique au développement est absorbée par la réponse humanitaire. Cette politique ouvre la voie à des partenariats catalytiques et innovants, notamment avec l’approche d’assurance paramétrique, le Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) du système des Nations Unies, les fonds verts climat, les fonds pertes et dommages, les mécanismes de résilience de la Banque mondiale et du FMI.
Compte tenu de la position géographique de la RDC et de ses écosystèmes partagés, la coopération transfrontalière est également essentielle. Cette politique l’intègre pleinement, à travers des instruments et institutions régionales, pour une réponse coordonnée aux risques communs.
Ce texte fondateur n’est pas une fin en soi car le chemin est long. Mais il marque le début d’un nouveau chapitre : celui où la prévention devient une culture, où la résilience devient un choix collectif, où chaque vie compte, chaque communauté est protégée. D’autres pays ont parcouru ce chemin, y compris dans la région, et la culture de prévention et de gestion des risques y est maintenant bien ancrée.
La mise en œuvre de cette nouvelle Politique Nationale de Gestion des Risques de Catastrophe ne sera pas simple et nécessitera un leadership politique fort et constant, une coordination des multiples acteurs impliqués, et une mise en œuvre graduelle avec un pilotage rigoureux. Un projet de décret portant institutionnalisation de cette politique est attendu à la Primature pour approbation. Elle exigera un engagement collectif — des institutions nationales, des autorités provinciales, de la société civile, du secteur privé, des partenaires techniques et financiers. Mais elle est essentielle. Car chaque catastrophe évitée est une victoire. Chaque vie sauvée est un pas vers un avenir plus équitable.
Le Système des Nations Unies est pleinement mobilisé pour accompagner cette mise en œuvre, dans une approche intégrée liant urgence humanitaire, développement et consolidation de la paix. Le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNDRR) et les agences du Système des Nations Unies se tiennent aux cotés de la République Démocratique du Congo pour soutenir ces efforts. La RDC mérite mieux qu’une gestion de crise perpétuelle. Elle mérite une gouvernance préventive, un développement attentif aux risques, une société résiliente et confiante en son avenir, car gouverner c’est prévoir. Ensemble, transformons les risques en opportunités, les crises en leviers de transformation, et la vulnérabilité en force collective.
À la Une
Soirée « Karibu Kwetu » : Les alumni IVLP accueillent le diplomate américain Garrett à Kinshasa

Vendredi 26 septembre, la résidence de la sénatrice Madeleine Nikomba, à Kinshasa, a vibré au rythme de l’initiative « Karibu Kwetu » (« bienvenue chez nous » en swahili) . Une soirée conviviale, placée sous le signe de l’amitié américano-congolaise, qui a permis de souhaiter la bienvenue au nouveau chef de la section Diplomatie publique de l’ambassade des États-Unis en RDC, M. Garrett.
Autour de la table, une mosaïque représentative de la société congolaise : des journalistes, des opérateurs économiques, des acteurs politiques, des militants des droits humains et bien d’autres, tous anciens participants du prestigieux programme IVLP (International Visitor Leadership Program), financé par le Département d’État américain.
Les alumni en première ligne
La soirée a été introduite par l’artiste Alesh, figure de proue de la coordination des alumni IVLP. Dans son mot de circonstance, il a tenu à présenter les principaux collaborateurs de l’ambassade des États-Unis à Kinshasa qui accompagnent les anciens boursiers dans leurs initiatives. Citons, entre autres, Victor Lungungu, Kerry Byamungu, Nelly Kazadi, Trésor Abaziza, Do Nsonsene et le photographe Mohindo.
Alesh a encouragé vivement les anciens boursiers à multiplier les interactions avec ces points focaux, afin de consolider les projets et synergies entre l’ambassade et la communauté des alumni.
Le message du nouvel hôte
Prenant la parole, le diplomate Garrett a exprimé son enthousiasme de rencontrer les Visiteurs des États-Unis. Fort d’une carrière diplomatique qui l’a conduit aux quatre coins du monde – de l’Asie à l’Europe, en passant par les Caraïbes – il a souligné combien il était honoré de servir pour la première fois en Afrique, et plus particulièrement en RDC.
« Mon objectif ici est simple : bâtir l’avenir ensemble, dans un esprit d’ouverture, d’opportunités et d’amitié entre nos deux pays », a-t-il déclaré, saluant l’engagement et le dynamisme des alumni IVLP.
Une soirée d’échanges et de convivialité
Au-delà des discours, l’atmosphère était celle d’une véritable célébration : bon repas, ambiance chaleureuse, musique live et karaoké ont rythmé la soirée. De quoi renforcer les liens entre les alumni et donner à ce premier rendez-vous de M. Garrett à Kinshasa des accents mémorables.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET