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P-DDRCS : L’éjection de l’équipe Tommy Tambwe unanimement saluée en Ituri !
Le départ de l’équipe Tommy Tambwe de la tête du « Programme de Désarmement Démobilisation Relèvement Communautaire et Stabilisation » ( P-DDRCS) est visiblement « une bonne nouvelle » pour les couches socio-politiques de l’Ituri. Le long moment de suspens est, enfin, fini.
En effet, la présence de Tommy Tambwe à la coordination du P-DDRCS ne faisait pas l’unanimité dès sa désignation. Le prix Nobel de la paix 2018, Dr Mukwege, une figure emblématique de Sud-Kivu, province dont est originaire le désormais « ancien coordonnateur», critiquait sévèrement cette nomination.
“ En gratifiant ainsi des criminels au lieu de les traduire en justice, cette stratégie de tireurs de ficelles tapis à Kinshasa, Kigali, Kampala et Bujumbura encourage les groupes armés en brousse à attendre leur tour ”, indiquait Denis Mukwege, faisant allusion aux liens de Tommy Tambwe avec notamment le M23.
Une version soutenue par les groupes armés locaux lors de la troisième session des consultations de paix de Nairobi en décembre 2022 qui ont « désavoué» l’autorité de Tambwe mais en acceptant d’adhérer au P-DDRCS.
Le 16 octobre 2023, dans une ordonnance lue sur les antennes de la télévision nationale, 3 jours après sa signature, le Président de la République a finalement décidé de tourner la page Tommy Tambwe Ushindi, en ouvrant celle de Jean Bosco Bahala qui prend la relève. Un ouf de soulagement pour les forces vives de l’Ituri, l’une des provinces prioritaires dudit programme.
“ Le P-DDRCS est un pilier très important pour la province de l’Ituri ”, indique le député national Jackson Ausse, élu de l’Ituri qui voit même « un retard dans ce remplacement ». Pour ne pas partir du remplacement au remplacement, cet élu du peuple affirme «attendre mieux de la nouvelle équipe ».
Une satisfaction aussi pour l’acteur politique Luc Malembe qui « n’était pas rassuré de la présence de Tambwe». Promettant l’accompagnement aux nouveaux animateurs, ce cadre de l’Ecidé, souhaite voir « toute l’équipe de l’Ituri être aussi remplacée».
Un souhait non partagé par le notable Ayendu Bin Ekwale qui par contre, plaide pour la libération de Willy Abibu pour « l’avancement de ce programme en Ituri ».
Willy Abibu, coordonnateur provincial du P-DDRCS en Ituri, est aux arrêts depuis fin juillet 2023 pour présumé détournement.
Depuis août 2021, Tommy Tambwe Emmanuel Ushindi Rudima dirige le P-DDRCS, ce programme institué un mois plutôt, qui vise la promotion d’une cohabitation pacifique des populations, dans une totale synergie pour un développement durable.
Dieudonné Lossa pense aussi que le remplacement cet ancien cadre du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD, pour lequel il fut notamment vice-gouverneur du Sud-Kivu, et ancien dirigeant de l’Alliance de libération de l’est du Congo (Alec), deux rébellions soutenues à l’époque par le Rwanda, a traîné.
Ce répondant des forces vives en Ituri, saluant la décision, s’interroge par ailleurs si » le P-DDRCS sera-t-il révisé avec notamment le phénomène Wazalendo ».
En Ituri où opèrent généralement les groupes armés locaux, l’on estime que la province se stabilisera à travers ce programme. Cependant, même la majorité des agents à la coordination provinciale et antennes territoriales se plaignent jusqu’ici du non payement, plus d’une année après.
L’ONG Human Rights Watch avait aussi contesté la nomination de Tambwe à la tête de ce programme né pour corriger l’échec des précédentes tentatives de DDR et estimait, dans un communiqué, que cette nomination soulevait « de sérieuses inquiétudes ».
Au Sud-Kivu, des organisations de la société civile aussi diverses que la Solidarité des jeunes Fuliiru (Sojef) et le Comité de coordination des mutualités Banyamulenge, avaient dénoncé ce choix. Finalement, c’est une page close.
Dorcas Ntumba/CONGOPROFOND.NET
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Menaces répétées du chef de l’UPDF sur Bunia : Le silence des autorités inquiète la population
Depuis le 15 février 2025, le général Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major de l’armée ougandaise (UPDF), multiplie les déclarations menaçantes à l’encontre de la ville de Bunia, évoquant une possible attaque ou l’envoi de ses troupes dans la région. Malgré la gravité de ces propos, les autorités congolaises, tant au niveau provincial qu’à Kinshasa, restent étrangement silencieuses.
Cette absence de réaction alimente l’inquiétude grandissante de la population, plongée dans un climat de peur et d’incertitude.
Ces menaces interviennent alors que le vice-ministre de la Défense séjourne en Ituri, une région déjà fragilisée par des tensions sécuritaires. En août 2024, un drone de l’armée ougandaise s’était écrasé à Kotoni, dans le territoire de Djugu, une zone où l’UPDF n’est pourtant pas censée opérer. Cet incident avait déjà soulevé des questions sur les activités ougandaises en RDC.
Par ailleurs, un rapport des experts des Nations-Unies datant de juillet 2024 a accusé l’Ouganda de soutenir le Rwanda, pays agresseur de la RDC. Selon ce document, Kampala aurait facilité le transit des troupes du M23 sans aucune restriction. Malgré ces révélations, la RDC continue de collaborer militairement avec l’Ouganda dans le cadre d’opérations conjointes FARDC-UPDF, une coopération en place depuis novembre 2021. Cependant, l’efficacité de ces opérations est vivement critiquée sur le terrain.
En novembre 2024, la question avait été abordée lors d’une rencontre entre le président Félix Tshisekedi et son homologue ougandais à Kampala. Peu après, une dizaine de députés congolais se sont déplacés en Ouganda pour notamment évoquer cette question.
Le répondant de l’UPDF n’est pas à sa première déclaration du genre.
Déjà en décembre 2024, la ministre d’État des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, avait convoqué le chargé d’affaires ougandais en RDC, Matata Twaha, pour exiger des explications concernant les propos jugés « déplacés » du général Kainerugaba. Ce dernier avait, via des messages publiés sur X, menacé les mercenaires blancs opérant aux côtés des FARDC dans l’est de la RDC, promettant de les attaquer à partir du 2 janvier 2025. Bien que le tweet ait été supprimé, les inquiétudes demeurent.
Aujourd’hui, c’est la ville de Bunia qui est directement visée par ces menaces. Pourtant, Kinshasa n’a toujours pas réagi officiellement, un silence qui suscite de vives préoccupations, notamment parmi les habitants de la province.
L’armée ougandaise, présente sur le sol congolais dans le cadre de la coopération militaire, est notamment déployée dans le territoire d’Irumu. Cette situation soulève des interrogations : l’Ouganda est-il toujours un allié dans la lutte contre l’ennemi commun, les ADF ? Récemment, face aux rumeurs d’un renforcement des effectifs ougandais à Irumu, les FARDC se sont contentées d’affirmer que cela s’inscrivait dans le cadre des opérations conjointes.
Pour de nombreux observateurs, ces menaces récurrentes du général Kainerugaba, relayées sur les réseaux sociaux, doivent être prises au sérieux. Ils appellent à une réaction ferme de Kinshasa et à des éclaircissements de la part des autorités ougandaises. Dans un contexte déjà volatile, le silence des dirigeants congolais ne fait qu’accroître les craintes d’une escalade dans la région.
CONGOPROFOND.NET/ buniaactualite.cd
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