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Nord-Kivu : « Les groupes armés sont instrumentalisés à partir de Kinshasa ! « ( Mgr Willy Ngumbi Ngelengele, nouvel évêque de Goma)

La passation canonique du pouvoir entre le nouvel Evêque de Goma, Mgr Willy Ngumbi Ngelengele et Mgr Théophile Kaboy, a eu lieu ce dimanche 19 mai à la place Saint Jean-Paul II du collège Mwanga de Goma. Plusieurs personnalités dont les archevêques, les prêtres diocésains, les religieux, les religieuses et des chrétiens venus de tout bord ont pris part à cette célébration.
La première partie de cette cérémonie de haute facture a été présidée par l’envoyé du Pape en RDC, le Nonce Apostolique, Mgr Elo Balestro, jusqu’au kyrié. Il a ainsi procédé à la lecture de la bulle apostolique du Pape François nommant Mgr Willy Ngumbi Ngelengele, 54 ans révolu, comme Evêque du diocèse de Goma en remplacement du, désormais, Mgr Emérite de ce diocèse, Théophile Kaboy. Ce dernier a remis à son tour la croix pectorale ou crosse du diocèse à son remplaçant. Puis le nouveau pasteur a pris place dans sa cathedrale. La messe s’est poursuivie sous son officience.
Dans sa première homélie, le nouveau berger de Goma a centré son message à ses brebis sur l’amour.
« Jésus nous a aimé sans limite et moi, je veux que nous nous aimions sans discrimination. Je serai l’evêque des chrétiens de toutes les tendances communautaires, les Nyanga, les Lega, les Hunde, les Tutsi, les Nandes ; Et ma porte sera grandement ouverte pour écouter tout le monde », a promis Mgr Willy Ngumbi Ngelengele.
Parlant de la prolifération des groupes armés dans cette partie de la RDC, le nouveau Berger du diocèse de Goma a indiqué qu’il va collaborer étroitement avec les autorités pour tenter d’endiguer ce phénomène, même si ces groupes armés, selon lui, sont instrumentalisés à partir de Kinshasa.
Le président de la République s’est fait représenter à cette cérémonie de passation canonique du pouvoir par son directeur de cabinet, Vital Kamerhe Lwakaningini. Il a relayé le message du chef de l’Etat qui reconnait l’implication de l’Eglise catholique dans l’essor de certains secteurs de la vie nationale dont la santé et l’éducation. Il a dit que l’Eglise universelle peut encore faire mieux surtout dans la pacification de l’Est avant de lui remettre les clés de contact d’une jeep neuve, comme cadeau du président la République afin de lui faciliter la mobilité.
Précisons que Mgr Willy Ngumbi Ngelengele vient du diocèse de Kindu au Maniema et remplace, Mgr Théophile Kaboy, désormais Emérite, du diocèse de Goma qu’il a géré pendant environ 10 ans.
Dalmond Ndungo/CONGOPROFOND.NET
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RDC – Gouvernance : Polémique autour de la réhabilitation d’Honoré Mulumba à la tête du fonds forestier national

Dans une décision controversée datée du 8 juillet 2025, le Conseil d’État a prononcé la réhabilitation d’Honoré MULUMBA KALALA à la tête du Fonds Forestier National (FFN), en dépit de lourdes accusations documentées dans plusieurs rapports d’audit. Cette décision a suscité une vive indignation au sein de la société civile et des observateurs de la gouvernance publique.
Deux rapports d’audit celui de la Cour des Comptes et celui du Collège des Commissaires aux Comptes dressent un tableau accablant de la gestion d’Honoré Mulumba. Il lui est notamment reproché d’avoir engagé des dépenses importantes sans autorisation du Conseil d’administration, comme l’ouverture irrégulière d’une antenne provinciale à Mbuji-Mayi ou encore l’exécution de budgets non approuvés.
L’audit révèle aussi de graves irrégularités telles que :
• Le financement de projets fictifs ou non éligibles à hauteur de plus de 4,9 millions USD ;
• L’octroi de fonds à 83 ONG sans agrément ministériel ;
• La passation de marchés publics sans appel d’offres, notamment pour des véhicules vétustes surfacturés.
Le Collège des Commissaires aux Comptes, quant à lui, a souligné un manque criant de transparence comptable, des justifications bancales pour des opérations financières importantes, et l’absence d’inventaire physique des biens de l’établissement.
Un retour controversé malgré les alertes
Malgré ces éléments accablants, le Conseil d’État a ordonné la réhabilitation de M. Mulumba, décision qualifiée par certains d’incompréhensible, voire de scandaleuse. D’après plusieurs sources proches du dossier, une somme suspecte avoisinant les 300.000 USD aurait été mobilisée dans les coulisses de cette institution judiciaire pour obtenir ce revirement.
La tutelle ministérielle avait pourtant déjà mis en garde contre la gestion solitaire et opaque du Directeur Général suspendu, soulignant son refus de transmettre des informations essentielles, comme les comptes bancaires du FFN ou la liste des ONG bénéficiaires.
Une atteinte grave à l’État de droit
Pour de nombreux analystes, cette décision porte un coup sérieux à la lutte contre la corruption et à la promotion de la bonne gouvernance en RDC. L’ingérence présumée de l’argent dans une institution aussi sensible que le Conseil d’État met en péril l’image et la crédibilité de l’État de droit congolais.
Des voix s’élèvent pour demander l’implication urgente des institutions de contrôle comme l’Inspection Générale des Finances (IGF), l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), le Parquet et Interpol, afin de faire toute la lumière sur cette affaire et préserver les intérêts de la nation.
Vers une action judiciaire ?
Au regard de la gravité des faits documentés, nombreux sont ceux qui appellent à la publication officielle du rapport final de la Cour des Comptes et à l’ouverture d’une procédure judiciaire contre les responsables impliqués.
La réhabilitation d’Honoré Mulumba pourrait bien devenir le symbole d’un système judiciaire sous influence, à moins que les autorités compétentes ne prennent les mesures nécessaires pour redresser la situation.
Désiré Rex Owamba/Congoprofond.net