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Nord-Kivu : La DGM expulse 11 sujets indiens, faute de visas d’établissement
Neuf citoyens indiens ont été interceptés à la barrière de Lubero la semaine dernière par le service local de la Direction Générale des Migrations (DGM) alors qu’ils se rendaient à Bunia, dans la province de l’Ituri, on ne sait pas pour quel objectif.
La DGM provinciale a eu des instructions claires du Directeur général de ce service étatique, Roland Kashantwala, d’interpeller ces infiltrés pour manque de visas d’établissement alors qu’ils brandissaient des visas des touristes.
Cinq parmi eux, dont deux femmes, ont quitté Goma pour Addis-Abeba en Ethiopie par la compagnie d’aviation Ethiopian et de là, ils vont se rendre en Inde, leur pays d’origine. Les six autres partiront ce vendredi 17 mai parce qu’ils ont manqué de place dans le premier avion.
“Ces indiens sont vraiment des récidivistes, car nos services les avaient encore interceptés l’année 2018 et les avaient demandé de se mettre en ordre, en se procurant des visas d’établissements s’ils veulent exercer leur business ici”, selon le directeur provincial adjoint en charge des opérations.
« Notre Chef de poste de Lubero nous avait signalé que la population a vu des étrangers, précisément des blancs, dans un bus alors que c’est un territoire où les ennemis de la paix y opèrent en tuant et en kidnappant nos comptatriotes. Nous avons saisi l’autorité et nous avons demandé à notre chef de poste de nous les ramèner, nous avons constaté que ce sont des Indiens que nous avions interpellés l’année passée; ce sont des tradi-praticiens, ils vendent des produits traditionnels de leur médecine. Nous leur avons demandé de se mettre en ordre avec les migrations congolaises. Curieusement, cette bande de 11 personnes avait disparu dans la nature. En 2019, la semaine dernière, nous les avons appréhendés trop loin de la ville, à Lubero. Maintenant, nous sommes en train de faire les formalités administratives pour qu’ils rentrent chez eux. Ils ne peuvent pas rester chez nous, prester avec des visas touristiques et gagner de l’argent chez nous illégalement. Donc, ils n’ont pas respecter la loi congolaise surtout que nous les avons sensibilisés depuis l’année dernière et se sont volatilisés dans la nature en faisant le tour du Congo. Ils ont été à Bukavu, je ne sais par quelle magie, pour faire quoi ? Et maintenant, on les retrouve à Lubero », a déclaré à la presse Edouard Bwato Pero.
Et d’ajouter que “ces étrangers étaient escortés par un colonel des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), dont l’identité reste jusqu’à présent inconnue”.
Mais les incriminés rejettent ces accusations, en brandissant la thèse selon laquelle ils sont venus seulement pour visiter la RDC, surtout les 10 Indiens. La seule qui s’exprime un peu en français et swahili a dit qu’il vit à Lubumbashi voici deux ans et il y vend des produits cosmétiques.
« Je viens de passer deux ans au Congo et j’ai un établissement des cométiques à Lubumbashi. Je suis dans le marketing de mon entreprise. C’est pour des visites ici afin de voir comment je peux ouvrir un bureau à Goma, Kisangani, Bunia même à Bukavu. Ces gens font parti de ma famille, il y a ma femme, ma mère, mes frères et sœurs et d’ailleurs, eux sont là juste pour visiter ce pays. Mais moi, j’ai le visa d’établissement commercial de mon travail partout en RDC. À Bunia, il y a aussi un de mes petits frères et j’ai une résidence là-bas. Je suis dans la légalité. Si on estime que je ne suis pas en ordre, je vais me rendre en Inde et je suis respectueux de la loi, après deux mois, je retournerai au Congo avec tous mes documents afin de continuer mes business », a dit Puneethkumar Rivalzu.
Le Directeur provincial adjoint de la DGM a profité de cette occasion pour lancer un message à tous les étrangers se trouvant en province et n’ayant pas des documents à se mettre en ordre avec ses services, car comme les Congolais en situation irrégulière sont chassés dans d’autres pays étrangers, la RDC a aussi commencé à le faire. Hier, c’était Kinshasa et maintenant, c’est le tour de la ville de Goma.
Dalmond Ndungo/CONGOPROFOND.NET
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“Les rébellions rwandaises au Kivu ( 1996-2024)” de Nicaise Kibel’Bel : Mettre fin à l’instrumentalisation de Kigali et batir, enfin, un système de défense digne d’un Congo convoité
Question : Monsieur Nicaise, votre dernier ouvrage dérange par son titre « Les rébellions rwandaises au Kivu ». Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Nicaise Kibel’Bel Oka : Un titre n’est jamais choisi au hasard. Son choix répond au contenu et aux réalités du livre. Effectivement, le livre décrit toutes ces rébellions rwandaises depuis 1996 qui ont trouvé un terrain d’expérimentation sur le sol congolais. Pour l’illustrer par un exemple. A chaque fois qu’il y a dialogue entre le gouvernement et les « rebelles » congolais, avez-vous déjà vu les rebelles remettre armes et équipements militaires ? Ils ne peuvent pas le faire parce que ces armes ne sont pas les leurs. Et pire, ce ne sont pas les Congolais qui les manient au front.
Q. : Comment expliquez-vous alors cette stratégie du régime Kagame d’instrumentaliser des Congolais ?
N.K.O. : C’est une stratégie simple qui fonde toute la philosophie du pouvoir au Rwanda. Elle consiste à créer des zones de tensions et à les maintenir indéfiniment. Il y a des personnes, des médias et institutions payées pour alimenter ces conflits. Ces tensions sont à la base de la guerre hybride dans la région. En réalité, Kigali n’a que faire des « rebelles » congolais pour qui il n’a aucune considération. Depuis Laurent-Désiré Kabila jusqu’à Corneille Nangaa, ils sont vilipendés et jamais leurs noms ne sont cités au Rwanda.
Q. : Les rébellions rwandaises au Kivu. Comment comprendre que derrière elles, ce sont des revendications des populations d’expression kinyarwanda qui sont mises en avant ?
N.K.O. : Il faut apporter un bémol. Paul Kagame ne défend pas les populations d’expression kinyarwanda comme il a voulu longtemps le faire croire. Il défend selon lui les populations martyrisées Hamites en RDC. C’est toute la différence idéologique. Et tant qu’on ne comprendra pas cette distinction, on naviguera à vue dans la déstabilisation de la région.
Q. : Pouvez-vous être plus explicite dans ce que vous avancez ?
N.K.O. : Au Rwanda comme au Burundi, il y a trois ethnies (Hutu, Tutsi et Twa). Les Hutu et les Tutsi parlent tous le kinyarwanda mais ne sont pas des Hamites. Défendre les populations d’expression kinyarwanda signifierait défendre les Tutsi et les Hutu. Or, Kagame voue une haine viscérale contre les Hutu qu’il qualifie à tous les niveaux des « génocidaires ». Et donc, à défaut de les défendre et de les protéger, il doit les combattre, les neutraliser. C’est ce qu’il demande au gouvernement congolais. Comment la RDC perçoit la notion du génocide ? Est-ce que tous les Hutu même ceux qui sont Congolais sont des génocidaires ? Les populations Hamites du Congo subissent-elles de réprimandes ?
Q. : Selon vous, comment mettre fin alors à toutes ces rébellions rwandaises au Kivu ?
N.K.O. : Tout d’abord il faut établir une nette différence entre le Rwanda et la RDC. Cet exercice pédagogique poursuit deux finalités. Primo, faire comprendre aux populations Hamites du Congo que ce n’est pas Kigali qui va résoudre leurs problèmes. On ne peut pas indéfiniment vivre en seigneur de guerre au bénéfice d’un autre État contre son pays. Secundo, le pouvoir au Rwanda a été construit sur la violence, sur les oppositions entre Hutu et Tutsi. Ce qui n’est pas le cas pour la RDC. Il faut d’abord aider le Rwanda à trouver des solutions aux problèmes de la cohabitation entre Hutu et Tutsi. Il n’y a que le dialogue et la réconciliation comme thérapie à des tensions ethniques.
Nicaise Kibel’Bel Oka, journaliste d’investigation et auteur du livre, en méditation. Archives Les Coulisses).
Q. : Apparemment vous êtes le seul à faire ce diagnostic. N’est-ce pas que vous rêvez ?
N.K.O. : C’est le vrai diagnostic pour une paix dans la région. Et je ne suis pas le seul. De nombreux rwandais (Hutu comme Tutsi) sont convaincus qu’il faille un dialogue pour une réconciliation au Rwanda. Ceci, pour éviter le cycle infernal de tensions et de guerre. Aucune ethnie ne prendra indéfiniment le dessus sur l’autre.
L’ex-président Hutu du Rwanda, Pasteur Bizimungu, prédécesseur de Paul Kagame, a exprimé ce regret devant le Parlement avant d’être démis.
Q. : « Toutes les composantes au niveau national ne se sentent pas représentées dans l’autorité du Rwanda ».
Et d’ajouter à notre micro en 2001 : « Ce qui a déchiré le Rwanda, c’est plus particulièrement l’exclusion de certaines sections de la population. Pendant 150 années, se sont succédé des luttes de pouvoir entre les élites tutsi et hutu. Chaque fois que l’une arrivait au pouvoir, elle monopolisait à son profit excluant d’autres tout en violant les droits fondamentaux. Le FPR a suivi malheureusement le sentier bâti.
De par l’histoire de notre pays, il est démontré que les gens qui se sont emparés du pouvoir par la force militaire n’ont jamais réussi quelle que soit la durée au pouvoir. Toute exclusion mène forcément à la force ».
Au Rwanda, comme l’écrit Gaël Faye dans son livre « Jacaranda » : « La paix n’est qu’une guerre suspendue ». Le cycle de violence au Rwanda n’est que momentanément suspendu.
Q. : Votre livre parle de l’impunité dont jouit le régime de Kigali. Pourquoi les deux poids, deux mesures ? Pensez-vous que l’Occident ne comprend pas le drame de la région ?
N.K.O. : Les Occidentaux jouent au sapeur-pompier pour maintenir les tensions qui garantissent leurs intérêts. En choisissant le « Bon » et le « Mauvais » au Rwanda, ils ont tout fait pour que le FPR ne puisse jamais répondre de ses actes devant la justice internationale. Ce qui lui donne la force de narguer les autres. La logique des Occidentaux ne résiste pas à la logique normale. Prenez le cas de l’Ukraine. Ils livrent des armes à l’Ukraine mais lui interdisent de frapper des cibles russes. C’est exactement un embargo qui ne dit pas son nom. C’est le même cas avec la RDC. On nous impose de négocier avec le Rwanda qui occupe des pans entiers de notre territoire. Qui arme le Rwanda ?
Notre livre essaie de passer au peigne fin cette mésaventure tout en épinglant aussi les faiblesses dans notre système de défense qui est resté dans le ghetto et aujourd’hui incapable de faire face aux menaces actuels et à venir. Ce livre baigne dans la couleur locale. Mon livre est un appel à la prise de conscience contre l’instrumentalisation rwandaise et à la mise en place d’un système de défense digne du Congo. Rome a été hospitalière tout en étant expansionniste.
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A bâtons rompus avec Nicaise Kibel’Bel Oka
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