Analyses et points de vue
Monusco: une présence plus que jamais pertinente en RDC ! ( Tribune de Joseph Sekabo)
Lors de la 73ème session ordinaire de l’assemblée générale des Nations-Unies, le président Joseph Kabila, du haut de la tribune, avait réitéré le départ de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation de la RD Congo (Monusco) au regard des « résultats mitigés » sur le plan opérationnel. Il s’avère que la situation sécuritaire dans l’ensemble du pays demeure aussi fragile, particulièrement à l’Est du pays où elle est autant catastrophique que préoccupante de l’Ituri jusqu’à Kalemie, en province du Tanganyika, en passant par le Nord et le Sud Kivu.
Ainsi, depuis cette adresse du chef de l’Etat sur le début du retrait effectif et substantiel de la mission Onusienne en RDC, la tension est montée d’un cran entre le gouvernement et l’ONU à tel enseigne qu’un convoi transportant le matériel des contingents des casques bleus indonésiens a été bloqué par les autorités congolaises. Ce matériel destiné au bataillon indonésien « de déploiement rapide » a été bloqué, durant presqu’une semaine, au niveau de la cité d’Uvira, au Sud-Kivu avant que les mêmes autorités puissent débloquer la situation le mardi 02 octobre 2018. Ainsi, selon certains confrères journalistes basés au Sud Kivu, ce convoi a repris son chemin en direction de Kalemie en province du Tanganyika. Cet épisode d’Uvira peut donc être considérée comme la face visible de l’iceberg démontrant la ferme volonté du gouvernement congolais d’obtenir du Conseil de Sécurité de l’ONU le départ de la Monusco alors que son appui pour la stabilisation du pays et de la réussite du processus électoral s’avère indispensable pour le moment. L’opinion ne cessera de s’interroger sur les réelles motivations du gouvernement quant au départ précipité de la Monusco dès lors que tout est encore fragile en RDC et que cette assistance demeure très importante.
Joseph Kabila, chef de l’État congolais du haut de la tribune des Nations-Unies
Si au Nord-Kivu l’efficacité de l’action des casques bleus qui viennent en appui aux FARDC dans le cadre de l’opération Sokola I fait l’objet des nombreuses critiques au regard des massacres récurrents des civils à Beni, dans d’autres coins du pays par contre elle est à saluée. Il en est le cas de la mise en déroute des rebelles du mouvement Maï-maï Yakutumba, qui avaient tenté de s’emparer de la cité d’Uvira en septembre 2017, par les FARDC avec un appui aussi impressionnant des casques bleus de l’ONU qui étaient obligés de mettre en contribution leurs hélicoptères de combat. De même la situation d’accalmie qui est observée ce dernier temps à Bijombo, dans le territoire d’Uvira au Sud-Kivu, n’est rendue possible que grâce au déploiement des soldats de l’ONU afin de maintenir la paix entre les communautés en conflit. En Ituri, l’intervention des troupes Onusiennes a été d’une importance aussi capitale pour restaurer la paix dans le territoire de Djugu bien que la situation demeure volatile du fait de la résurgence, tout au début de cette année 2018, du conflit entre les communautés Hema et Lendu. Au-delà de ces quelques cas d’appui sécuritaire sus-évoqué, il y a lieu de souligner aussi l’assistance logistique de la Monusco aux autorités tant nationales que provinciales pour ainsi joindre les contrées aussi isolées de la RDC.
Il en ressort de ce qui précède que la situation sécuritaire en RDC est autant plus précaire qu’il en requiert jusque-là l’assistance de la mission Onusienne. Le gouvernement congolais, pour l’intérêt général soit de l’intérêt de la population, est appelé à poursuivre sa collaboration avec la Monusco pour ainsi parvenir à une stabilisation effective de toute la RDC. Le processus électoral en cours ne rassure guère au regard de sa gestion, ainsi l’assistance de la communauté internationale par l’entremise de la Monusco est plus que nécessaire durant cette période électorale, voire post-électorale.
Joseph Sekabo
Journaliste indépendant et activiste des droits de l’Homme
Uvira/RDC
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Analyses et points de vue
Du tripalium à la pénibilité : Une relecture du travail
L’étymologie du mot « travail » trouve ses racines dans le terme latin « tripalium », un instrument de torture utilisé pour infliger la douleur. Cette origine sémantique soulève une question provocante : le travail, en tant que concept et pratique, est-il intrinsèquement lié à la souffrance ? Nous vous proposons une exploration du travail, tout en interrogeant sa signification moderne à la lumière de son passé troublé.
Le tripalium était un dispositif constitué de trois pieux, utilisé dans l’Antiquité pour punir les esclaves et les criminels. L’association du terme avec la souffrance physique a perduré à travers les siècles. Au Moyen Âge, le mot « travail » commence à être utilisé pour désigner les efforts physiques et mentaux que l’on doit fournir pour accomplir une tâche. Cette transition sémantique est révélatrice d’une culture où le travail est souvent perçu comme une nécessité douloureuse, une peine à endurer.
À l’époque médiévale, le travail est intimement lié à la notion de servitude. Les paysans, souvent enchaînés à la terre, travaillent durement pour survivre, leur labeur étant considéré comme une punition divine pour le péché originel. Toutefois, avec l’émergence de la Renaissance et des idées humanistes, une nouvelle vision du travail commence à voir le jour. Il est alors valorisé comme un moyen d’épanouissement personnel et de contribution à la société.
Au XVIIIe siècle, la Révolution industrielle transforme encore cette perception. Le travail devient synonyme d’exploitation, les conditions de travail étant souvent dégradantes. Cela soulève une question cruciale : le travail est-il un acte de création ou de souffrance ? Cette ambivalence persiste dans nos sociétés contemporaines, où le travail est à la fois un moyen d’expression et une source de stress et de burn-out.
La notion de travail a évolué, mais le spectre du tripalium plane encore sur nos têtes. Aujourd’hui, nous parlons de « pénibilité » du travail, de « stress au travail », et de « burn-out ». Ces termes rappellent que, même dans un monde moderne où le travail est souvent perçu comme un choix, il peut toujours être vécu comme une forme de torture. Les exigences croissantes et la pression pour performer peuvent transformer le travail en un véritable tripalium moderne.
Pour sortir de cette spirale de souffrance, il est impératif de réinventer notre rapport au travail. Cela implique de reconsidérer nos valeurs, de privilégier l’épanouissement personnel et de promouvoir des conditions de travail dignes. En redonnant au travail sa dimension créatrice et positive, nous pourrions enfin tourner la page sur son héritage douloureux. Le défi est de transformer le tripalium en un outil d’émancipation plutôt qu’un instrument de torture.
En revisitant l’histoire du travail à travers le prisme du tripalium, nous sommes confrontés à une réalité dérangeante mais nécessaire à affronter. Repenser le travail, c’est non seulement libérer les individus de leurs chaînes modernes, mais aussi redonner un sens à l’effort, à la créativité et à la contribution à la société. Il est temps d’écrire un nouveau chapitre, où le travail ne serait plus synonyme de souffrance, mais d’épanouissement.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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