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Monusco : retrait définitif des Kasaï en juin 2021 et Tanganyika en 2022

La ministre d’État, ministre des Affaires étrangères Marie Tumba Nzeza, et le représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations-Unies, David McLachlan- Karr, ont signé lundi 19 octobre à Kinshasa, une stratégie commune de transition et de retrait progressif et responsable de la MONUSCO de la RDC.
Cette stratégie, selon le représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies, prévoit une réduction graduelle et responsable de la MONUSCO dans les deux Kasaï( 2021) Tanganyika(2022) et le renforcement de la présence de la MONUSCO dans l’Est du pays pour les années prochaines 2021- 2022. Ce retrait progressif se fera en parallèle d’un renforcement temporaire de la composante police et civile qui viendra soutenir la consolidation des fonctions régaliennes de l’Etat de droit.
Il a indiqué que cette stratégie est le résultat d’un très bon travail entre le gouvernement de la RDC et l’équipe de la MONUSCO.
« La MONUSCO reste ici pour travailler avec le gouvernement de la RDC et dans l’avenir « , a souligné David Maclachlan Karr. Puis d’ajouter : « Je suis honoré d’être ici aujourd’hui pour représenter Mme Leila Zerrougui, représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies pour cette cérémonie de signature ».
A une question de savoir si cette fois ça va aller pour que la population congolaise dorme tranquille parce que la MONUSCO a déjà fait plus de 20 ans en RDC, alors que l’insécurité continue, David Maclachlan -Karr a répondu: « Bien sûr ! C’est en partenariat avec la RDC que nous assurons la sécurité mais aussi la paix et le développement du pays ». Avant d’ajouter : » On va travailler ensemble les prochaines années ici, on reste ici « .
Pour sa part, la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Marie Tumba Nzeza, a remercié la MONUSCO et son représentant adjoint, avant d’ajouter : « Nous pensons que nous allons évoluer ainsi jusqu’à ce que nous arrivions au bout de nos peines. Je crois que nous avons travaillé en harmonie ».
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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