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Marchés publics : un parfum de corruption dans l’attribution de la réfection de l’ex Maman Yemo à Modern Construction
Modern Construction, une entreprise appartement à l’homme d’affaires indien Harish Jagtani, a annoncé avoir remporté le marché public de réfection et de modernisation de l’Hôpital général de référence de Kinshasa, ex Maman Yemo, à en croire la presse parue mercredi à Kinshasa. Problème : Modern Construction n’a jamais rempli les conditions pour être l’attributaire de ce marché, de l’avis de plusieurs sources internes au sein du Bureau central de Coordination (BCECO). Ces dernières ont fait savoir que neuf entreprises ont présenté leurs dossiers au BCECO. Mais l’offre présentée par Modern Construction, soit 18.367.310,42 dollars, est plus chère et place l’entreprise de Harish Jagtani de HJ Hospital en quatrième position sur la liste, derrière Safrimex, Sino Hydro et MW Afritec. Ces trois sociétés sont arrivées en tête à l’issue de l’évaluation des offres.
Elles ont respectivement proposé 16.450.827,05 dollars ; 16.504.425,97 dollars et 16.920.759,82 dollars. « Rien ne saurait expliquer que les soumissionnaires les moins-disants puissent être écartés au profit de l’offre la plus chère, celle de Modern Construction », ont fait comprendre des cadres du BCECO.
Ces sources internes au Bureau central de coordination ont souligné « qu’un parfum de corruption systémique flotte sur ce dossier en demandant au Président Félix Tshisekedi et à l’Inspection générale des finances de demander des explications claires à Monsieur Matondo Mbungu, Directeur général du BCECO ».
Ces sources ont accusé Matondo Mbungu surtout qu’il n’a pas voulu obtempérer aux instructions du ministre de la Santé Eteni Longondo, contenues dans sa lettre datée du 26 janvier 2021, demandant au BCECO de renvoyer sine die tous les projets de réfection des hôpitaux publics faute des moyens financiers. Au sein même du BCECO, cadres et agents ont dit ne pas comprendre l’empressement du DG Matondo Mbungu de transmettre le dossier frauduleux de Modern Construction à la Direction générale du contrôle des marchés publics (DGCMP ) pour un Avis de non objection et son silence après sa publication sur le site de l’autorité de régulation des marchés publics (ARMP) tout en sachant qu’aucun contrat n’a été signé à cet effet.
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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Kisangani : Quand les victimes de la guerre de 6 jours se rebellent contre la corruption au FRIVAO
Un quart de siècle après le drame, les survivants handicapés refusent le silence et interpellent l’État sur la justice qui leur échappe encore._
Sous le soleil pesant de la Tshopo, ce week-end, ils sont venus, béquilles et cicatrices en avant, porter une même plainte, celle de la dignité bafouée. Les victimes de la guerre de 6 jours, ce conflit sanglant de juin 2000 qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise au cœur de Kisangani, ne demandent plus la pitié. Elles réclament des comptes.

Devant le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, un groupe de survivants a brisé le silence. Ces hommes et femmes, marqués à vie par la guerre, dénoncent aujourd’hui un nouveau fléau : la corruption au sein du Fonds pour la Réparation et l’Indemnisation des Victimes de l’Agression Ougandaise (FRIVAO). « Nous sommes venus voir le ministre pour lui montrer une situation indécente qui se passe ici à la Tshopo », confie Moïse Ndawele, amputé de la jambe droite depuis cette guerre.
« Les agents du FRIVAO nous réclament 500 dollars américains pour être enregistrés sur les listes d’indemnisation. Et si tu n’as pas cet argent, ils te proposent d’y figurer en échange de la moitié de ton indemnité. »
Un témoignage glaçant, partagé par de nombreuses autres victimes.
Ces pratiques présumées ternissent le visage d’un programme censé incarner la justice réparatrice voulue par l’État congolais. Pour ceux qui ont tout perdu, l’attente d’une compensation tourne à la désillusion, voire à l’humiliation.
Face à la gravité des faits rapportés, le ministre Guillaume Ngefa a promis d’agir. Selon les plaignants, il aurait assuré qu’il portera le dossier au Conseil des ministres et qu’il s’engage à « remettre de l’ordre » dans cette affaire. Une promesse saluée avec prudence par les victimes, qui redoutent que le dossier ne s’enlise dans les méandres administratifs, comme tant d’autres avant lui.
Mais à Kisangani, l’heure n’est plus à la résignation.
Les survivants de la guerre de 6 jours, dont beaucoup vivent aujourd’hui dans la pauvreté et l’oubli, veulent croire que leur combat pour la reconnaissance et la justice trouvera enfin un écho réel au sommet de l’État. « Nous ne voulons pas de faveur, seulement la justice. Nous avons assez attendu », lance l’un d’eux, le regard ferme.
À travers leur voix s’exprime toute une génération de Congolais meurtris, témoins d’un passé sanglant mais toujours debout, décidés à ne plus être les oubliés de l’histoire.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
