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« Lomami » : Valérien Mulangu Tshishi signe un vibrant hommage à la terre de ses ancêtres
Dans « Lomami », son 4ème ouvrage, l’écrivain congolais Valérien Mulangu Tshishi tisse un récit sensible et profondément enraciné dans les traditions du Kasaï. Inspiré par la rivière éponyme et par Mwene-Ditu, berceau de sa famille, l’auteur mêle fiction, mémoire et défense des valeurs culturelles dans une œuvre qui se veut à la fois universelle et intimement locale.

Au cours d’un entretien téléphonique, à l’occasion de la parution de son nouveau livre, Valérien Mulangu Tshishi n’a rien perdu de son enthousiasme pour la littérature et la transmission de l’héritage culturel congolais. « Ce nouvel opus est un ouvrage en l’honneur principalement de la population territoriale de Mwene-Ditu, terre natale de mes parents », explique-t-il.
Lomami raconte l’histoire d’un pêcheur, passionné mais confronté à une activité peu lucrative, dont la vie bascule lorsqu’il découvre, flottant dans un panier sur les eaux tranquilles de la rivière Lomami, un bébé abandonné. Cet événement imprévu bouleverse son existence et devient le point de départ d’une réflexion sur les liens familiaux, l’entraide et la mémoire collective.

Pour Valérien Mulangu, ce récit dépasse la simple fiction : « Je voudrais encore et toujours valoriser notre culture, nos us et coutumes. Le vent de la mondialisation ne doit en aucun cas nous détourner de nos valeurs que nous devons absolument préserver. »
L’écrivain, connu pour sa plume à la fois poétique et ancrée dans la réalité sociale, adresse aussi un plaidoyer passionné en faveur du livre : « Très chers passionnés de lecture et de connaissance, ne négligez aucunement le livre papier à cause des écrans. Le livre ne mourra jamais ! »
Né à Kinshasa, Valérien Mulangu Tshishi est enseignant, communicologue et écrivain. Passionné de culture et de transmission des savoirs, il a déjà publié trois autres ouvrages avant Lomami, explorant tour à tour la fiction, la poésie et la chronique sociale. Ses écrits, empreints d’humanisme, mettent en lumière la richesse du patrimoine immatériel congolais tout en interrogeant les défis de la modernité.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Kisangani : Quand les victimes de la guerre de 6 jours se rebellent contre la corruption au FRIVAO
Un quart de siècle après le drame, les survivants handicapés refusent le silence et interpellent l’État sur la justice qui leur échappe encore._
Sous le soleil pesant de la Tshopo, ce week-end, ils sont venus, béquilles et cicatrices en avant, porter une même plainte, celle de la dignité bafouée. Les victimes de la guerre de 6 jours, ce conflit sanglant de juin 2000 qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise au cœur de Kisangani, ne demandent plus la pitié. Elles réclament des comptes.

Devant le ministre d’État en charge de la Justice, Guillaume Ngefa, un groupe de survivants a brisé le silence. Ces hommes et femmes, marqués à vie par la guerre, dénoncent aujourd’hui un nouveau fléau : la corruption au sein du Fonds pour la Réparation et l’Indemnisation des Victimes de l’Agression Ougandaise (FRIVAO). « Nous sommes venus voir le ministre pour lui montrer une situation indécente qui se passe ici à la Tshopo », confie Moïse Ndawele, amputé de la jambe droite depuis cette guerre.
« Les agents du FRIVAO nous réclament 500 dollars américains pour être enregistrés sur les listes d’indemnisation. Et si tu n’as pas cet argent, ils te proposent d’y figurer en échange de la moitié de ton indemnité. »
Un témoignage glaçant, partagé par de nombreuses autres victimes.
Ces pratiques présumées ternissent le visage d’un programme censé incarner la justice réparatrice voulue par l’État congolais. Pour ceux qui ont tout perdu, l’attente d’une compensation tourne à la désillusion, voire à l’humiliation.
Face à la gravité des faits rapportés, le ministre Guillaume Ngefa a promis d’agir. Selon les plaignants, il aurait assuré qu’il portera le dossier au Conseil des ministres et qu’il s’engage à « remettre de l’ordre » dans cette affaire. Une promesse saluée avec prudence par les victimes, qui redoutent que le dossier ne s’enlise dans les méandres administratifs, comme tant d’autres avant lui.
Mais à Kisangani, l’heure n’est plus à la résignation.
Les survivants de la guerre de 6 jours, dont beaucoup vivent aujourd’hui dans la pauvreté et l’oubli, veulent croire que leur combat pour la reconnaissance et la justice trouvera enfin un écho réel au sommet de l’État. « Nous ne voulons pas de faveur, seulement la justice. Nous avons assez attendu », lance l’un d’eux, le regard ferme.
À travers leur voix s’exprime toute une génération de Congolais meurtris, témoins d’un passé sanglant mais toujours debout, décidés à ne plus être les oubliés de l’histoire.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
