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Lomami : tension à la suite d’une révolte des détenus de la prison centrale de Mwene-Ditu

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Une vive tension a été observée ce mercredi 20 janvier 2021, à la prison centrale de Mwene-ditu dans la province de Lomami.

Quelques tirs à balles réelles ont été entendus aux alentours de cette maison carcérale.

Jules César Mupong Mwiit, directeur de la prison, parle des tensions suscitées par des détenus non jugés, qui réclament leur comparution. D’autres, indiquent-ils, ont déjà fait plus de 18 mois de détention, sans être jugés!

Avant d’ajouter:  » la goutte d’eau qui a fait déborder le vase serait le décès d’un détenu, incarcéré depuis plusieurs mois sans avoir été fixé sur son sort car, il n’avait jamais comparru au tribunal depuis son arrestation ».

C’est ainsi que ces prisonniers réclament leurs droits car, disent-ils, nous mourrons sans comparaître.

Notons que leur tentative de s’évader n’a pas abouti, parce que les forces de l’ordre ont maîtrisé la situation, même si quelques portes et fenêtres sont cassés.

Des tirs entendus, indique l’autorité carcérale, c’était pour calmer la tension. Aucun décès ni blessé n’a été signalé.

Le directeur de la prison a conclutm en disant que « la prison centrale de Mwene-ditu fonctionne dans des conditions très difficiles et précaires. Depuis plusieurs mois, elle ne bénéficie pas de médicaments ni même de nourriture.

 

Jude Munganga/CONGOPROFOND.NET

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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

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Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.

Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.

Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.

Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.

Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.

Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.

« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».

Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe

TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

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