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Lettre ouverte à Monsieur Olivier Kamitatu Etsu : Le fédéralisme, cheval de Troie de la balkanisation ?

« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. » – Winston Churchill
Monsieur le Directeur de Cabinet du Président Moïse Katumbi Chapwe,
Votre tribune du 12 avril 2025, intitulée « République Fédérale du Congo : nouveaux défis, nouveau pays », a de quoi laisser perplexe. Alors que notre pays subit une occupation étrangère flagrante dans l’Est, que le Rwanda, sous couvert de M23, une émanation du CNDP, lui-même issu du RCD qui est sorti de l’AFDL conçue, équipée et dirigée par Paul Kagame et Yoweri Kaguta Museveni.
À l’heure où cette force nocive déploie une stratégie de balkanisation aussi claire qu’agressive, vous choisissez ce moment critique pour prôner un fédéralisme qui, sous des atours progressistes, ressemble étrangement à un renoncement à l’unité congolaise. Votre plaidoyer, lyrique mais historiquement myope, repose sur trois piliers : l’inefficacité supposée de l’État centralisé, la prétendue nécessité d’un fédéralisme culturel, et l’illusion d’une gestion équitable des ressources.
En nos qualités de polymathe, patriote, journaliste, chercheur et écrivain, nous nous proposons de vous opposer des faits avérés qui contredisent votre postulat c’est-à-dire votre proposition qui ne peut être démontrée, mais qui est nécessaire pour établir une démonstration. Permettez-nous de vous répondre avec la rigueur que mérite ce débat vital pour notre survie en tant que peuple et nation.
1. L’échec de la décentralisation : la faute à un état faible, pas à un état unitaire
Vous dépeignez la centralisation comme un « héritage colonial » responsable de tous nos maux. Pourtant, l’histoire nous enseigne que le Congo a connu ses périodes les plus stables et prospères sous un pouvoir central fort – à commencer par les premières années post-indépendance, avant que le Président Mobutu ne transforme l’État en kleptocratie.
– Premier exemple : le Kasaï sous Kasa-Vubu.
En 1960, le fédéralisme fut imposé par la loi fondamentale belge, créant une cacophonie institutionnelle. Résultat ? Le Kasaï, érigé en État autonome sous Albert Kalonji Mulopwe, sombra dans des conflits ethniques et économiques, facilitant l’implosion du pays. Ce n’est pas la centralisation qui a échoué ici, mais bien l’absence d’un État capable d’imposer son autorité.
– Deuxième exemple : le Katanga de Moïse Tshombe.
Votre référence aux « six grandes régions historiques » omet soigneusement de mentionner que le fédéralisme Katangais des années 1960 était un instrument de sécession, soutenu par des puissances étrangères pour contrôler les mines. Aujourd’hui, le Rwanda reproduit ce schéma dans l’Est. Votre modèle ne ferait que légitimer des entités vassalisées par nos voisins.
– Troisième exemple : l’échec de la décentralisation de 2006.
Vous reconnaissez vous-même que l’article 175 (40 % des recettes aux provinces) n’a jamais été appliqué. Mais est-ce la faute du centralisme ? Non. C’est celle d’une élite corrompue qui a saboté la décentralisation pour préserver ses privilèges. Le problème n’est pas le système, mais ceux qui le détournent.
Plutôt que de morceler le Congo en « régions autonomes », ne devrions-nous pas exiger un État fort, capable de faire respecter la Constitution et de redistribuer équitablement les richesses ?
2. Le fédéralisme culturel : une menace pour l’unité nationale
Vous évoquez nos « 250 groupes ethniques » comme une raison de passer au fédéralisme. C’est un argument dangereux.
– Premier contre-exemple : le Nigeria.
Le modèle fédéral nigérian, souvent cité en exemple, a engendré des guerres ethnico-religieuses (Biafra), une corruption démultipliée et des gouverneurs plus puissants que le président de la République. Voulons-nous importer cette instabilité ?
– Deuxième contre-exemple : la Belgique.
Ce pays, que vous admirez sans doute pour son fédéralisme, est au bord de l’implosion : la Flandre et la Wallonie ne partagent plus en réalité qu’une monarchie symbolique. Est-ce vraiment ce que nous souhaitons pour le Congo ?
– Troisième contre-exemple : l’Éthiopie.
Le fédéralisme ethnique y a conduit à la guerre du Tigré (2020-2022), avec des centaines de milliers de morts. En République démocratique du Congo, où les frontières ethniques sont floues et mouvantes, un tel système serait une bombe à retardement. Vous êtes trop intelligent pour ignorer ce fait. Alors qu’en tant que Secrétaire Général du MLC, vous avez été aux premières loges en Ituri.
Vous ne pouvez pas devenir volontairement amnésique par cynisme. Notre force réside dans notre unité. Le fédéralisme culturel est un piège qui transformera nos différences en lignes de fracture.
3. La gestion des richesses : l’autonomie régionale = l’autonomie des prédateurs
Vous proposez que 60 % des revenus miniers restent dans les régions. En théorie, c’est séduisant. En pratique, c’est une catastrophe.
– Premier scandale : le Kivu et le trafic de coltan.
Aujourd’hui déjà, des milices et des gouverneurs locaux pillent nos minerais. Avec un fédéralisme, ces réseaux deviendraient des « gouvernements » légaux, institutionnalisant la prédation.
– Deuxième scandale : le Katanga sous Gécamines.
Dans les années 1980, la Gécamines finançait directement la province, mais l’argent disparaissait dans les poches de l’élite locale. Sans contrôle central, les régions riches (Katanga, Kivu) seront des proies pour les multinationales et les voisins prédateurs.
– Troisième scandale : l’or de l’Ituri.
Les groupes armés se disputent déjà cette ressource. Imaginez avec un « gouvernement régional » faible, manipulé par le Rwanda et l’Ouganda.
Seul un État central fort peut négocier avec les multinationales et imposer une redistribution nationale. Le fédéralisme, dans un contexte de corruption chronique et d’agression étrangère, est un permis de piller. Votre plaidoyer pour un Congo fédéral, Monsieur le Président Honoraire de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, omet élégamment l’essentiel pour s’occuper des périphériques.
La décentralisation congolaise n’a jamais été conçue pour servir le peuple, mais pour satisfaire l’appétit vorace d’une élite politique affamée de prébendes. Le découpage en 26 provinces n’était pas une réforme administrative, mais une sinistre foire aux postes, où chaque cacique du régime de Joseph Kabila exigeait sa part du gâteau – un fief pour y installer ses cousins, ses créanciers électoraux et ses obligés, trop encombrants pour Kinshasa mais assez dociles pour piller en silence.
Vous invoquez l’autonomie régionale comme un remède ? C’est un leurre : regardez les « gouvernements provinciaux » actuels, ces coquilles vides dirigées par des gouverneurs plus occupés à détourner les fonds miniers qu’à construire des écoles. Le fédéralisme que vous prônez ne serait qu’une étape de plus dans cette mascarade, transformant des seigneurs de guerre en présidents régionaux et des trafiquants de minerais en ministres « autonomes ».
Pendant que vous rêvez de régions fortes, l’élite congolaise, elle, rêve de douze petits Kinshasa où reproduire, en miniature, les mêmes rackets, les mêmes magouilles – mais avec en prime, cette fois, la bénédiction constitutionnelle. La décentralisation, chez nous, n’est pas un projet : c’est la capitulation d’une classe politique incapable de grandeur, préférant morceler le pays plutôt que de le gouverner.
Le retour aux 9 provinces, seule issue crédible
Excellence Monsieur le Ministre Honoraire du plan Olivier Kamitatu Etsu, votre tribune tombe au pire moment. Pendant que le Rwanda pille notre pays, viole nos femmes, tue notre jeunesse, arme des milices et grignote nos terres, vous proposez de diviser la République démocratique du Congo en « États autonomes ». C’est exactement ce que veulent nos ennemis.
Notre solution :
1.Revenir aux 9 provinces (supprimer le morcellement de 2015 qui a créé des entités ingouvernables).
2.Renforcer l’État central pour qu’il impose la sécurité, lutte contre la corruption et redistribue équitablement.
3.Mettre l’armée et la diplomatie au cœur du projet national, pas les régionalismes.
Le fédéralisme, dans le contexte actuel, est un suicide. Comme le disait Patrice Lumumba : « Le Congo est un seul pays, un seul peuple, sous un seul drapeau. »
L’histoire vous jugera, Monsieur Olivier Kamitatu Etsu. Espérons qu’elle retiendra que vous n’avez pas été, par naïveté ou calcul, l’artisan de la dislocation finale. La RDC n’a pas besoin de « régions fortes », mais d’un État fort. Le reste est littérature.
Veuillez agréer, Monsieur le Porte-parole d’Ensemble pour la République, l’expression de notre vigilance patriotique.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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Katanda : Quand le pacte de paix révèle son pouvoir mystique

La localité de Katanda est le théâtre d’événements pour le moins insolites depuis la signature d’un pacte de paix et de vivre-ensemble historique entre les communautés Bena Muembia, Bena Kapuya et Bena Nshimba. Cet accord, fruit de longues négociations et de la médiation des grands chefs coutumiers de la région, visait à mettre un terme aux tensions et aux conflits intercommunautaires qui ont, par le passé, assombri la vie de ces populations.
Si le pacte a engendré une atmosphère d’harmonie et de fraternisation inédite, des incidents récents ont suscité l’étonnement et l’interprétation au sein de la communauté, certains y voyant la manifestation d’un pouvoir mystique inhérent à cet engagement solennel.
Les faits rapportés, bien que distincts, ont en commun leur caractère singulier et leur survenance dans la période consécutive à la signature du pacte de paix. Le premier incident concerne une femme de la communauté Bena Nshimba qui s’était rendue à Katabua, une localité voisine, dans le but de collecter du bois mort. Selon les témoignages recueillis sur place, alors qu’elle déterrait des maniocs dans un champ qui ne lui appartenait pas, elle a été victime de la morsure simultanée de trois serpents.
Le second incident, tout aussi étrange, s’est déroulé à Dipumba. Un jeune homme, dont l’appartenance communautaire n’a pas été officiellement précisée mais qui, selon certaines sources locales, serait lié à l’une des communautés autrefois en conflit, se serait accidentellement tiré dessus en manipulant une arme à feu. L’arme en question aurait été initialement apportée dans le but d’une attaque, vestige des anciennes animosités intercommunautaires.
Ces deux incidents, survenus dans un laps de temps relativement court après la signature du pacte de paix, sont perçus par une partie significative de la population locale comme étant plus que de simples coïncidences. Certains habitants y voient une manifestation tangible du pouvoir mystique qui sous-tend l’accord de paix et de vivre-ensemble, auquel ont participé les plus hauts dignitaires coutumiers de la région. L’interprétation dominante suggère que ces événements pourraient être des avertissements ou des conséquences liés au non-respect des termes tacites ou explicites du pacte, ou encore des manifestations de forces spirituelles veillant au maintien de la nouvelle harmonie.
Mike Tyson Mukendi / CONGOPROFOND.NET